Le marché de la dette en zone euro a peu évolué vendredi, repartant très légèrement à la hausse au lendemain d’une forte détente des taux dans le sillage des propos accommodants tenus par le président de la BCE Mario Draghi.

Il n’y a «pas eu de gros mouvement sur les taux» ce vendredi, faute de «moteur supplémentaire» après la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), a souligné auprès de l’AFP Geoffroy Lenoir, responsable des taux souverains en euros pour Aviva Investors.

Les taux d’emprunt de la zone euro se sont fortement détendus jeudi dans le sillage du discours du président de l’institution, Mario Draghi, qui a pris acte de «l’essoufflement de la dynamique» en zone euro, tout en indiquant que la BCE n’était pas à court d’instruments si jamais cette dégradation de la conjoncture venait à s’accentuer.

Parmi les craintes du moment, Mario Draghi a évoqué les «menaces protectionnistes», le flou sur le Brexit, les développements politiques dans «certains pays de la zone euro», le ralentissement en Chine et les déboires du secteur automobile allemand.

Il a ainsi «validé la vue des marchés» en désignant les mêmes risques qu’eux et expliqué que «la politique monétaire serait dépendante de l’évolution de ces différents sujets et des données macroéconomiques», a détaillé M. Lenoir.

Un discours qui a été corroboré par Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, ce vendredi depuis Davos. M. Coeuré a en effet exprimé la «surprise» de l’institution face à l’ampleur de la baisse de régime conjoncturel en zone euro, lequel nécessite un temps d’analyse avant de réagir.

C’est pourquoi «il est trop tôt pour discuter» d’un éventuel relèvement des taux directeurs cette année, a-t-il ajouté.

L’institution gardienne de l’euro a répété jeudi que ses taux, actuellement au plus bas, ne bougeront pas «jusqu’à l’été 2019 au moins», avant ce qui serait le premier tour de vis monétaire depuis juillet 2011, une action risquée si l’économie patine.

«Nous pourrions étendre» cet horizon, a ajouté M. Coeuré, sans dire à quel moment la BCE pourrait faire une telle annonce.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a fini quasiment inchangé, à 0,193% contre 0,180% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même trajectoire, finissant à 0,598% contre 0,585%.

Le taux d’emprunt à dix ans de l’Espagne a également terminé quasi stable, à 1,231% contre 1,240%, tout comme celui de l’Italie, à 2,649% contre 2,660%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans s’est tendu à 1,305% contre 1,265%.

Les députés britanniques voteront mardi sur une série d’amendements destinés à éviter le scénario d’un Brexit sans accord, notamment en repoussant la date du divorce si aucune majorité ne se dégage en faveur d’un accord.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans progressait à 2,739% contre 2,716% jeudi, à l’instar de celui à 30 ans, à 3,049% contre 3,034%. Celui à deux ans s’établissait pour sa part à 2,585% contre 2,564%.