Bonds Europe: le marché parie sur une BCE accommodante

AWP

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Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a terminé en fort repli, à 0,180% contre 0,225% mercredi.

Les taux d’emprunt de la zone euro se sont nettement détendus jeudi, dans le sillage des propos du président de la BCE Mario Draghi, dont le ton plus pessimiste laisse présager la poursuite d’une politique accommodante.

Nous assistons à «une détente sur les taux assez importante» due à la fois aux mauvais chiffres d’activité privée publiés en France et dans la zone euro, ainsi qu’au «commentaire sur la Chine et les Etats-Unis dont le conflit commercial est assez loin d’être résolu», a souligné auprès de l’AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche de SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

Le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a estimé jeudi que les Etats-Unis et la Chine étaient loin de résoudre leur conflit commercial, tout en envisageant un accord alors qu’une délégation chinoise est attendue la semaine prochaine à Washington pour de nouvelles discussions.

Par ailleurs, «les propos de la Banque centrale européenne (BCE) laissent entendre qu’il va falloir du temps avant de +renormaliser+ la politique monétaire et que les risques commencent à être un peu négatifs», a complété M. Lesné.

«Le marché pense que la BCE restera présente pour plus longtemps, donc on sort un peu du modèle d’un resserrement monétaire. La BCE reste accommodante», a-t-il poursuivi.

Après avoir abandonné son programme de soutien à l’économie, la Banque centrale européenne a prolongé jeudi le statu quo monétaire, tant la conjoncture incertaine la dissuade de programmer dès maintenant une hausse de ses taux.

Elle a en effet estimé que les risques pesant sur la conjoncture en zone euro avaient augmenté, un signe codifié mais très net de pessimisme accru, selon le président de l’institut Mario Draghi.

La Banque centrale européenne, qui jugeait jusqu’à présent ces risques «équilibrés», a justifié son changement de discours par la persistance d’»incertitudes géopolitiques», la «menace protectionniste», les «fragilités sur les marchés émergents et la volatilité des marchés financiers».

Mario Draghi a en outre indiqué que la BCE n’était «pas à court d’instruments» et pourrait réagir si la conjoncture se dégrade en zone euro, laissant entrevoir de possibles mesures de soutien à l’économie.

«L’Italie, l’Espagne et le Portugal ont (enregistré) une détente de taux un peu plus importante que le Bund (le taux allemand à dix ans, qui fait référence, NDLR), ce qui veut dire vraiment que le marché croit au fait que la BCE sera présente pour soutenir aussi ces marchés-là», a avancé M. Lesné.

Sur le front des statistiques, la croissance de l’activité privée dans la zone euro s’est rapprochée en janvier de la stagnation, son plus bas niveau depuis juillet 2013, selon la première estimation de l’indice PMI composite du cabinet Markit publiée jeudi.

En France, l’activité du secteur privé est tombée en janvier à son plus bas niveau depuis plus de quatre ans, en raison d’un fort repli dans le secteur des services.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a terminé en fort repli, à 0,180% contre 0,225% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a aussi nettement baissé, à 0,585% contre 0,635%.

La détente a été encore plus prononcée pour l’Espagne, dont le taux d’emprunt à dix ans a terminé à 1,240% contre 1,313%, et pour l’Italie, à 2,660% contre 2,752%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans a fini également en baisse, à 1,265% contre 1,326%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans refluait également, à 2,714% contre 2,741% mercredi, à l’instar de celui à 30 ans, à 3,041% contre 3,062%. Celui à deux ans s’établissait pour sa part à 2,564% contre 2,583%.

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