Le «Bull Market» fête à peine ses deux ans

Emmanuel Garessus

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Les actions ont gagné 60% depuis le début de ce «Bull Market». Pour John Plassard, de Mirabaud, nous n’en sommes qu’au début.

Le marché haussier américain est à la fête. Il a célébré ses deux ans à la fin de la semaine dernière, selon une note de John Plassard, spécialiste en investissement à la banque Mirabaud & Cie. Il est vrai que l’inflation atteignait 8% le 22 octobre 2022 et qu’elle est maintenant tombée à 2,4%. La croissance américaine s’est élevée en moyenne à 3% ces deux années. Les financiers parlent d’un environnement économique «boucle d’or» pour qualifier des conditions-cadres idéales, une conjoncture ni trop dynamique ni trop lente.

Une perte de 20% ou plus signifie le début d’un «Bear Market» ou la fin d’un «Bull Market», rappelle John Plassard. Alors que l’on distingue plus de 20 Bull et Bear Markets cycliques au cours des 100 dernières années, il n’y a eu que six périodes séculaires à long terme. A l’inverse on dénombre 4 Bear Markets depuis 1946, le dernier remontant à 1961-62. Quant aux corrections baissières de 19% ou plus, Ben Carlson en a dénombré quatre depuis le milieu des années 1970, la dernière en 2018 (-19,8%).

Le Bull Market actuel pourrait être dans sa phase initiale ou intermédiaire, selon John Plassard. Il est vrai que la durée moyenne des 11 derniers Bull Markets a presque atteint 5 ans. Mais la troisième année pourrait ne pas se révéler sans heurts, observe-t-li. John Plassard répond aux questions d’Allnews:

«La durée moyenne des 11 derniers Bull Markets a presque atteint 5 ans»

Le marché haussier fête ses deux ans, mais ne sommes-nous pas dans une hausse depuis 2009?

Tout à fait. La question devient presque philosophique. Ne sommes-nous pas depuis toujours dans un Bull Market? Lors des attaques du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, les marchés s’étaient effondrés. Sur le graphe des marchés, cette baisse associée à un choc mondial n’est plus visible. D’une certaine manière, toutes les baisses de plus de 20% ont été effacées. Depuis 1928, sur 100% des périodes de 20 ans, peu importe les événements, les indices présentent un gain. Sur 20 ans, l’investisseur est sûr de ne pas perdre de l’argent. La tendance reste haussière à long terme.

N’existe-t-il pas une illusion d’optique dans la mesure où les gains sont effacés partiellement par l’inflation?

Il faut effectivement approfondir l’analyse et décortiquer les statistiques. Il faut commencer par s’interroger sur la devise considérée. Aux Etats-Unis, le dollar s’est nettement affaibli à long terme. Il faut ajouter l’impact de l’inflation et considérer les zones géographiques. Le Nikkei a attendu 34 ans avant de dépasser son sommet de 1989. 

L’investisseur doit aussi savoir sélectionner les bons secteurs d’activité. Celui qui a acheté des pétrolières au sommet de la courbe du pétrole a perdu de l’argent. Celui qui a investi dans la Big Tech il y a dix ans aurait fait fortune.

Les tendances de fond sont à mettre au compte de l’indice, lequel incorpore les gagnants et les perdants. C’est pourquoi il est difficile d’identifier les futures meilleures performances.

«Sur 20 ans, l’investisseur est sûr de ne pas perdre de l’argent».

Pourquoi pensez-vous que nous soyons au début du cycle haussier?

Un Bull Market classique dure près de 5 ans en moyenne et comprend des corrections qui n’annulent pas tous les gains précédents.  Mais la troisième année, certes positive, est généralement moins bonne que les deux premières. Si l’on considère que la hausse a débuté en 2009 ou en 2022, nous demeurons sur une tendance positive.

Qu’est-ce qui peut casser la hausse?

Un cygne noir. Par définition, c’est un événement très improbable avec un effet considérable. La probabilité de l’élection de Donald Trump est trop élevée pour qu’elle devienne un cygne noir pour les actions puisqu’elle peut être anticipée. Le confinement qui a résulté du covid a par contre été un vrai cygne noir. L’analyse des cycles depuis 2009 montre aussi que la pro-activité des banques centrales et des gouvernements à répondre à un événement est toujours plus rapide. Il en résulte un soutien important aux marchés. La question n’est pas de savoir s’il s’agit d’un bienfait ou non. Les effets secondaires sont parfois significatifs, ainsi qu’en témoigne la dette publique de certains pays.

Est-ce que le comportement des banques centrales n’est pas le premier ingrédient de la hausse?

Le soutien des banques centrales n’est pas le seul moteur de la hausse. Les rachats d’actions par les entreprises a joué un rôle majeur, du moins aux Etats-Unis. Nous avons une accélération du soutien des marchés par des facteurs exceptionnels, sachant que la hausse reflète aussi les bons résultats des entreprises.

Le cycle actuel est aussi tiré par tout ce qui est lié à l’intelligence artificielle, laquelle profite à l’ensemble des secteurs. L’utilisation de Big Data dans l’industrie pharmaceutique améliore structurellement les perspectives des entreprises du secteur. 

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