Il manque une «story» à Zurich Insurance

Emmanuel Garessus

2 minutes de lecture

Les actions des assureurs suisses présentent une solide performance en 2024, mais Zurich Insurance, qui présente ses résultats le 22 février, est à la peine. Avec Simon Fössmeier, de Vontobel.

Les premiers résultats des assureurs suisses commencent à être publiés. Après celui de Swiss Re vendredi, le cours a réagi à la baisse. Simon Fössmeier, analyste responsable des assurances auprès de Vontobel, recommande le titre à l’achat avec un objectif de cours de 125 francs, en raison d’une sous-évaluation par rapport aux concurrents. Il répond aux questions d’Allnews:

Les actions des sociétés d’assurances ne sont pas au centre l’actualité, en partie à cause des changements comptables (IFRS). Qu’en pensez-vous?

La performance des assurances est tout à fait correcte cette année, avec une hausse de 7% pour Swiss Re et Helvetia depuis le début de l’année et de 10% pour Swiss Life et Bâloise. Les comptes de Swiss Re sont basés sur les normes US Gaap et non pas IFRS et ne souffrent donc pas du problème que vous citez. Le problème lié aux normes IFRS est celui de la complexité. Il est plus difficile de faire des comparaisons avec les années précédentes. Malgré ces changements, aucune action d’assurance suisse ne présente une baisse du cours depuis le début de l’année. L’an dernier, Swiss Life avait déjà gagné 25% en bourse et Swiss Re 20%, ce qui est tout à fait respectable.

Les assurances profitent en partie d’un rendement du dividende supérieur à la moyenne du marché, ce qui les rend attractives.

«Les assurances profitent en partie d’un rendement du dividende supérieur à la moyenne du marché, ce qui les rend attractives.»

Quelle est la sensibilité des assurances aux taux d’intérêt?

La sensibilité des assurances aux taux d’intérêt a diminué, si bien que je suis assez positif à l’égard des assurances, en particulier à l’égard des réassureurs. Les sociétés d’assurance de taille moyenne sont pénalisées par les modifications comptables qui créent une incertitude en 2024 mais leur rendement du dividende est significatif. 

Sous l’angle géographique, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont en récession, alors que les Etats-Unis présentent une croissance encore solide. Es-ce qu’il est préférable pour l’investisseur en assurances de privilégier les Etats-Unis?

Il est surprenant, compte tenu des événements des derniers mois, que les cours des assureurs américains se soient nettement appréciés. En sept semaines, Mercury a gagné 36%. Les grands assureurs américains ont gagné plus de 10%. Une bonne partie des perspectives sont déjà dans les cours. Il faut même s’interroger sur l’opportunité d’acheter au niveau actuel. Les investisseurs suisses devraient privilégier les assurances locales, en raison du dividende. 

Est-ce que Zurich Insurance fait partie des groupes américains?

Environ 40 à 45% des affaires de Zurich Insurance sont générées aux Etats-Unis. Ces contrats sont comptabilisés aux Etats-Unis. L’action Zurich n’a gagné que 1% en 2024 et reste très en dessous des concurrents américains. Mais la valorisation de Zurich Insurance reste ambitieuse. Les concurrents européens, Axa, Generali et Allianz, distribuent des dividendes semblables, certes en euros, mais leur valorisation est plus favorable que celle de Zurich Insurance. C’est une raison pour laquelle l’action Zurich Insurance peine à progresser. A l’inverse, les concurrents américains comme GAP présentent une longue série de résultats records. 

Est-ce que Zurich Insurance souffre de la faible croissance de Farmers aux Etats-Unis?

Le problème de Zurich Insurance réside moins dans Farmers que dans l’absence de message capable d’enthousiasmer l’investisseur. Il manque une «story» à Zurich Insurance. La rentabilité du groupe aux Etats-Unis est en ordre. Elle s’inscrit dans la moyenne en Europe et en Asie. Si l’on est dans la moyenne, l’action peine à décoller. Le PER est nettement plus élevé que celui des concurrents européens. Il est justifié par une forte dotation en fonds propres et par la stabilité du cash-flow aux Etats-Unis.  

A lire aussi...