En pleine transition

Nicolette de Joncaire

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«La cession de nos activités à GTCR et à Reverence Capital Partners permet de mettre notre plan à exécution», affirme Deirdre Flood de Wells Fargo AM.

En février, la banque américaine Wells Fargo annonçait la cession de son activité de gestion d’actifs aux sociétés de capital-investissement GTCR et Reverence Capital Partners pour plus de 2 milliards de dollars1. Cette transaction donnera les moyens à l’équipe en place – qui gère 580 milliards de dollars d’actifs - d’exécuter la feuille de route qu’elle a définie et qui donne la priorité au développement à l’international. Point de situation avec Deirdre Flood qui dirige la division dédiée à la clientèle internationale depuis le hub de Londres dont elle est CEO.

Quelles sont vos priorités?

Comme vous le savez, nous sommes en pleine transition en raison du transfert de la propriété de nos activités de Wells Fargo à nos nouveaux actionnaires. La vente de nos activités à GTCR et à Reverence Capital va nous permettre de mener à bien la feuille de route que nous nous étions fixés car l’international est le domaine qui connaît la plus forte croissance. N’ayant pas de licence pour remplir le rôle de banque privée, nous servons exclusivement des clients institutionnels: des banques privées, des family offices, des gérants indépendants. Sur ce segment, nous sommes positionnés de manière attractive car, contrairement à d’autres gérants d’actifs américains, nous ne sommes pas en concurrence avec notre propre clientèle, tout en connaissant parfaitement leurs besoins. 

«Wells Fargo a une importante activité de banque privée aux Etats-Unis
mais ne l’exerce pas en dehors de son marché domestique.»

En effet, Wells Fargo a une importante activité de banque privée aux Etats-Unis mais ne l’exerce pas en dehors de son marché domestique. Notre priorité absolue est donc d’établir des partenariats avec les institutions financières locales, tant les pure players que les autres, d’exécuter leurs mandats, de concevoir des produits spéciaux pour répondre à leurs exigences, de les conseiller en leur apportant les meilleures idées. Avec 580 milliards d’actifs sous gestion, nous avons l'envergure pour rassurer n’importe quel client, quelle que soit sa taille, sans présenter une menace pour ses affaires.

Comment se définit votre offre?

Grâce à une solide équipe de recherche comptant plus de 70 analystes spécialisés dans les produits de taux, nous sommes à même d’apporter une expertise assez unique à travers l’ensemble de l’univers obligataire et, en particulier, avons une stratégie sur la transition climatique qui est très séduisante. Nous avons lancé récemment des fonds sur les petites capitalisations c’est-à-dire sur la portion inefficace du marché, peu – ou pas – couverte par les analystes, mais très porteuse d’alpha. Nous le faisons en particulier sur une stratégie de petites capitalisations innovantes ainsi que sur des small caps au niveau mondial. Nous proposons des produits axés sur des rendements en combinant, par exemple, le revenu des dividendes associé et celui des options, ou encore des produits multi-actifs. Par ailleurs, nous nous sommes fortement investis dans l'investissement durable.

«La Suisse est au cœur du wealth management; c’est un marché très international,
très sophistiqué et très ouvert qui nous permet de mettre en valeur nos capacités.»
De quelle manière?

En créant une suite d'outils propriétaires pour intégrer l’ESG, tant au niveau de la compréhension du risque que sous forme thématique. Nous offrons, par exemple, une stratégie de gestion obligataire du risque climatique. Compte tenu des lacunes que nous avons constatées en matière de données ESG offertes par le marché – les notations des entreprises peuvent varier de manière extrême d’une agence à l’autre -, nous avons développé notre propre cadre d’analyse et de notation. Appelée ESGIQ, cette méthode enrichit les données de prestataires de nos propres analyses par un examen minutieux des émetteurs d'un point de vue ESG. Dans ce domaine, il faut bien reconnaitre que les US essayent de rattraper leur retard et notre équipe ESG est répartie entre les États-Unis et le Royaume-Uni.

Que représente à vos yeux le marché suisse?

La Suisse est au cœur du wealth management; c’est un marché très international, très sophistiqué et très ouvert qui nous permet de mettre en valeur nos capacités. Nous n’y envisageons pas encore de présence mais y avons des clients importants, pour partie des institutions financières (70%) et pour partie des fonds de prévoyance (30%). Les produits de taux européens et les actions US y représentent un débouché important, cependant, nos conversations avec les acteurs suisses se sont élargies depuis quelques temps vers des offres plus diversifiés. Ce qu’il nous faut est comprendre où sont les lacunes à combler. Récemment, pour un client suisse, nous avons développé des produits sur mesure pour répondre à des exigences très spécifiques.

A votre sens, quel est l’impact le plus important de la crise de la Covid?

La pandémie a amplifié la détresse sociale. Ce sont les plus pauvres qui se sont appauvris. Les investisseurs doivent se pencher sur la résolution d’innombrables besoins sociaux. 

 

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