Durabilité: prendre en considération la trajectoire de l’entreprise

Yves Hulmann

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Santé publique, sécurité du personnel, risques climatiques: Novartis, Glencore et Volkswagen sous la loupe de Nina Roth de BMO GAM.

BMO Global Asset Management (BMO GAM) a été classé par le Wall Street Journal parmi les quinze entreprises mondiales gérées de la manière la plus durable en 2020. Le gérant d’actifs canadien se donne pour objectif de mobiliser quelque 400 milliards de dollars pour la finance durable d’ici à 2025. La société s’est aussi vue attribuer la notation A+ PRI qui évalue les entreprises en fonction des principes pour l’investissement responsable (ou «Principles for Responsible Investment» en anglais), tels qu’ils sont définis par les Nations Unies. Durant l’année 2021, le gérant d’actifs va se consacrer en particulier à dix projets d’engagement articulés autour de cinq thématiques, à savoir le changement climatique, la protection de l’environnement, les droits humains, les normes de travail et la santé publique.

S’agissant du changement climatique, ces projets concernent par exemple l’évaluation des risques climatiques dans la finance, la sortie du charbon ou encore l’immobilier durable. Au sujet de la responsabilité environnementale, ces projets mettent l’accent cette année sur la mise en place de systèmes d’alimentation durable et sur la protection de la diversité des espèces.

«En matière de gouvernance, nous avons aussi abordé la question de la société
de révision de Novartis, qui n’avait pas changé depuis plus de vingt ans.»

Concrètement, comment met-on en œuvre une stratégie de placement intégrant les principes de l’investissement responsable en tant que gérant d’actifs? Entretien avec Nina Roth, Director Responsible Investment chez BMO GAM, qui illustre l’approche de la société en matière de durabilité, à l’exemple de l’analyse des groupes Novartis et Glencore.

Parmi les différents projets d’engagement thématiques de BMO GAM présentés pour 2021, la plupart d’entre eux se rapportent à l’environnement. Y a-t-il aussi des projets qui tiennent compte de critères sociaux ou de gouvernance? 

Même si les aspects liés à l’environnement sont très présents actuellement, notre approche en matière d’investissement durable tient aussi largement compte des critères sociaux et de gouvernance. Nous intégrons les aspects liés aux normes de travail et aux droits humains dans plusieurs projets d’engagement spécifiques. Il s’agit, d’une part, de la fixation de salaires suffisant pour garantir l’existence et, d’autre part, l’examen approfondi des droits humains en général. Le premier projet concerne toutes les branches d’activité, le second se rapporte en particulier aux secteurs de l’énergie et des matières premières.

Il en va de même de la santé publique. Dans ce domaine, nous avons deux projets d’engagement thématiques axés autour de la fixation de prix des médicaments responsables ainsi que de la résistance aux antibiotiques. Ces deux thèmes concernent en particulier le secteur de la pharma.

«En particulier depuis le début de 2020, l’attitude de Glencore a changé
et un dialogue productif s’est progressivement mis en place.»
Pratiquement, comment évaluez-vous une entreprise sur la base de ces critères? Si l’on prend l’exemple du plus grand groupe pharmaceutique suisse Novartis, à quels aspects êtes-vous attentifs en particulier?

Si l’on prend l’exemple de Novartis, la question du prix des médicaments est un thème souvent abordé dans notre processus d’évaluation. Depuis l’arrivée du nouveau CEO, Vasant Narasimhan, le groupe s’est positionné plus clairement autour de cette question et fait preuve de davantage d’ouverture à ce sujet. Toutefois, ce n’est pas le seul thème abordé. En matière de gouvernance, nous avons aussi abordé la question de la société de révision, qui n’avait pas changé depuis plus de vingt ans.

Quel que soit le secteur d’activité dans lequel une entreprise opère, nous procédons à une évaluation de l’ensemble de ses activités sur la base des critères ESG. Nous ne nous focalisons pas sur un seul aspect.

Le domaine des matières premières est souvent scruté avec beaucoup d’attention lorsque l’on parle d’investissement durable. Qu’en est-il de Glencore?

En ce qui concerne Glencore, notre encourageons ce groupe à mettre davantage l’accent sur la sécurité de ses collaborateurs. Dans l’ensemble, les choses se sont améliorées considérablement depuis quelques années avec Glencore. En particulier depuis le début de 2020, l’attitude de l’entreprise a changé et un dialogue productif s’est progressivement mis en place.

«Volkswagen est, pendant longtemps,
resté en retard en matière d’électro-mobilité.»
Hormis la sécurité au travail, y a-t-il d’autres aspects sur lesquels vous mettez l’accent lors de l’évaluation de Glencore?

Il y a les questions autour de la biodiversité, étant donné que les activités d’extraction minière ont beaucoup d’impact sur l’environnement. Ici, nous avons demandé la fixation d’objectifs plus ambitieux.

S’agissant des droits humains, il y a également les questions liées à la protection des populations indigènes. Tous ces aspects seront traités lors de la prochaine assemblée générale de Glencore en mai.

Parmi les grands groupes que vous analysez en Allemagne, quels sont les exemples de thèmes que vous traitez en particulier actuellement?

La situation varie bien sûr toujours d’une entreprise à une autre. Si l’on prend l’exemple de BASF, nous avons beaucoup travaillé au sujet des questions en lien avec la chaîne d’approvisionnement du groupe. Rien ne sert d’être parfait dans ses propres activités si les fournisseurs en amont ne garantissent pas eux aussi des conditions de travail correctes en matière de sécurité.

S’agissant des constructeurs automobiles Volkswagen et Daimler, l’accent a été placé surtout sur les questions liées à la gestion des risques climatiques. Nous estimons aussi que Volkswagen est, pendant longtemps, resté en retard en matière d’électro-mobilité.

Mais, quel que soit le secteur considéré, nous accordons aussi de l’importance à ce que l’on appelle la «trajectoire» d’une entreprise, à savoir les progrès réalisés dans différents aspects en lien avec les questions de durabilité.

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