UBS et Credit Suisse planchent sur une mégafusion

AWP

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Le président d’UBS, Axel Weber, et son homologue de Credit Suisse, Urs Rohner, sont en pourparlers, rapporte Inside Paradeplatz. Les titres grimpent.

Les deux grandes banques suisses travailleraient en coulisses à une fusion qui pourrait donner naissance à un mastodonte inégalé à l’échelle européenne. Le président d’UBS, Axel Weber, et son homologue de Credit Suisse, Urs Rohner, sont en pourparlers, rapporte lundi le blog d’informations financières Inside Paradeplatz. Une menace potentielle plane sur 15’000 postes dans le monde.

A la manoeuvre, Axel Weber aurait déjà averti le ministre des Finances Ueli Maurer, ainsi que l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) de ses intentions.

Conduit sous le nom de code «Signal», le projet devrait être dévoilé au grand public en début d’année prochaine. La nouvelle banque fusionnée pourrait voir le jour à fin 2021, selon Inside Paradeplatz, qui cite des sources internes des deux grandes banques.

Le portail financier cite une deuxième source au sein du cabinet McKinsey, qui conseille aussi bien UBS que Credit Suisse.

M. Weber ambitionnerait même de rester à la présidence du nouveau numéro un bancaire suisse au-delà de 2022, alors que son retrait d’UBS est escompté dans les deux ans. Chez Credit Suisse, Urs Rohner a été élu ce printemps pour un dernier mandat à la tête du conseil d’administration.

Du côté de la direction, le grand patron d’UBS Sergio Ermotti va laisser sa place au Néerlandais Ralph Hamers en novembre. Thomas Gottstein a repris les rênes de Credit Suisse en février, succédant au Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, emporté par l’affaire des filatures de haut-dirigeants de la banque.

Concurrent de poids

Cette mégafusion aurait une incidence sur l’emploi, considère le blog zurichois, qui évoque une menace sur 15’000 postes dans le monde dès l’année prochaine, soit entre 10% et 20% de l’ensemble.

Credit Suisse dépasse globalement les 48’000 collaborateurs, dont 15’000 sur le territoire helvétique. Pour UBS, les effectifs sont respectivement de 70’000 dont 20’000 personnes en Suisse, précise «Inside».

Un porte-parole d’Axel Weber a indiqué à Inside Paradeplatz qu’il ne commentait pas les rumeurs en règle générale. Contactées par AWP, les grandes banques UBS et Credit Suisse n’ont également pas voulu apporter de commentaires.

En 2019, UBS a généré près de 29 milliards de dollars de revenus pour un bénéfice net de 4,3 milliards. Credit Suisse a enregistré un produit d’exploitation de 22,5 milliards de francs et dégagé un bénéfice net de 3,4 milliards.

«Nécessité fait fusion», affirme un observateur des marchés financiers, sous couvert d’anonymat, laissant entendre que l’union entre les deux géants zurichois serait inévitable afin que ceux-ci demeurent compétitifs au niveau international.

Selon le portail financier, la nouvelle banque fusionnée se profilerait comme un redoutable concurrent du mastodonte britannique HSBC ainsi que des principaux établissements américains.

Les idées de fusions entre géants bancaires ne sont pas l’apanage de la Suisse. Caixabank et Bankia planchent sur un projet de mariage qui pourrait donner naissance au plus grand bailleur de fonds d’Espagne et relancer la consolidation du secteur.

Pour Vontobel, une fusion entre UBS et Credit Suisse permettrait de supprimer des doublons. «La réglementation serait le plus grand obstacle à mes yeux», avertit cependant l’analyste Andreas Venditti, estimant qu’une telle union est vouée à l’échec en raison de la taille des deux banques.

Les rumeurs de mariage ont fait grimper les cours des deux grandes banques. L’action UBS a terminé la séance en nette hausse de 2,5% à 11,43 francs, tandis que le titre Credit Suisse a bondi de 4,3% à 10,26 francs, surperformant clairement un indice SMI en progression de seulement 0,17%.

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