Après la Fed, qu’attendre de la BCE et de la BoJ?

Eric Vanraes, Banque Eric Sturdza

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Chronique des taux de la banque Eric Sturdza.

Le dilemme de la BCE

Comment peut-on poursuivre une politique de hausses de taux lorsqu’une partie de votre territoire (et non des moindres) est déjà en récession? C’est la question que devront se poser les membres de la BCE mais sans doute à l’occasion du prochain meeting le 14 septembre. Le consensus des analystes estime qu’une hausse de 25bp est la plus probable. Nous envisageons toutefois un scénario un peu différent, «à la Fed», avec une hausse de 50bp, propulsant le Refi à 4,5% et le deposit rate à 4% puis une pause le 14 septembre dans le même esprit que celle de la Fed du 14 juin dernier. Le défaut majeur d’une telle stratégie, c’est une déstabilisation des marchés en plein mois de juillet avec tous les risques que cela comporte.

Quelques mots de la part de Christine Lagarde évoquant un QT potentiellement agressif seraient néfastes pour l’Investment Grade en euro.

Il faudra évidemment écouter ce que nous annonce Madame Lagarde car le choix des mots prononcés revêtira une importance presque aussi grande que la décision concernant les taux. Quelques mots évoquant un QT potentiellement agressif seraient néfastes pour l’Investment Grade en euro et ce ne serait pas non plus une bonne idée de lancer un pavé dans la mare en pleine torpeur estivale. Nous ne nous attendons donc pas à quoi que ce soit de ce côté-là de la part de la BCE.

BoJ: attention danger!

Nous l’avons maintes fois évoqué: la plus importante des trois réunions de banques centrales de cette semaine est celle de la BoJ. Le consensus s’attend à un statuquo et le récent rapport Tankan suggérant un début de ralentissement pourrait se révéler l’argument-clé pour repousser toute décision à la prochaine réunion. Les partisans d’une politique un peu plus restrictive pourraient avancer les arguments d’un taux d’inflation désormais à 3,3%, des hausses de salaires qui se poursuivent dans un contexte dominé par un yen affaibli.

Nous attendons avec impatience cette réunion de la BoJ car la politique de YCC (Yield Curve Control) va se révéler en tant qu’élément majeur à prendre en compte pour appréhender l’évolution prochaine des marchés de taux. Que la BoJ conserve un taux d’intérêt négatif est purement anecdotique à côté d’une décision qui pourrait carrément bouleverser le marché obligataire mondial. Il suffirait que la banque centrale relève le plafond qu’elle a fixé pour le 10 ans JGB, actuellement à 0,5%, pour que des flux vendeurs d’emprunts du Trésor américain viennent perturber la marche des taux longs US et tout le reste du marché par effet domino (un Bund de retour vers 2,60% par exemple). Une chose est sûre, si la BoJ touche à ce plafond pour le 10 ans japonais, même de 25bp, en l’ajustant simplement de 0,5% à 0,75%, les taux longs Us repasseront au-dessus de 4%. C’est bien cette question qui nous paraît la plus importante au cours de ces trois jours intensifs de réunions banques centrales.

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