Vers le scénario de la Fed

Zouhoure Bousbih, Ostrum AM

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Le relèvement des anticipations de taux de la Fed a pénalisé les indices actions américains qui ont sous-performé.

© Keystone

L’inflation américaine du mois de janvier est plus forte que prévue, annulant la possibilité d’une baisse de taux au mois de mars, mais les pressions domestiques qui se sont raffermies en début d’année amènent à envisager désormais la première baisse de taux de la Fed à juin. Des baisses de taux à hauteur de 90pb sont désormais attendues pour toute l’année 2024 contre 160pb anticipés en décembre 2023. Le taux réel à 10 ans américain a atteint 2%, un plus haut depuis le discours de Jerome Powell de décembre. L’indice S&P 500 a donc sous-performé les bourses européennes et des pays émergents pour la première fois depuis le début de l’année. L’indice japonais Nikkei a atteint un plus haut depuis 1989, lié à la faiblesse du yen bénéficiant aux valeurs exportatrices.

L’inversion de la courbe des rendements souverains américains sur le segment 2/10 ans s’est accentuée à 38pb liée à la forte hausse du taux d’intérêt à deux ans (+23pb). Les taux souverains européens ont mieux résisté grâce aux émissions souveraines qui ont été bien absorbées et l’environnement «risk-on». Les spreads des pays dits périphériques se sont resserrés, à l’image du spread Italie-Bund passant sous les 150pb et France-Allemagne sous les 50pb. Fitch devrait mettre à jour sa notation de la Belgique notée AA- avec perspective négative, indiqua

La kyrielle d’indicateurs conjoncturels publiée cette semaine aux Etats-Unis, ne devrait pas remettre en cause la décision de Jerome Powell de ne pas baisser ses taux en mars.

Pas de remise en cause de la décision de Powell

Le repricing des anticipations de baisses de taux de la Fed a soutenu le billet vert contre les devises du G10. Le yen a renoué avec la parité de 150 contre dollar, amenant les autorités japonaises à intervenir verbalement afin de freiner la dépréciation de la devise nippone. L’économie japonaise est entrée en récession au quatrième trimestre, liée à la faiblesse de sa demande domestique pénalisée par des salaires réels négatifs.

Les négociations salariales, «shunto» à la mi-mars seront déterminantes afin de raviver la consommation nippone. La monnaie européenne a rebondi sur son support de 1,07 dollar soutenue par un environnement «risk-on». Les cours du brut sont restés fermes, à plus de 80 dollars le baril pour le Brent, liés aux tensions en Mer rouge. Maersk a indiqué ne pas s’attendre à une normalisation de la situation avant le troisième trimestre.

La kyrielle d’indicateurs conjoncturels publiée cette semaine aux Etats-Unis ne devrait pas remettre en cause la décision de Jerome Powell de ne pas baisser ses taux en mars. L’inflation a ralenti de 3,3% en décembre à 3,1% en janvier, mais l’inflation sous- jacente se maintient à 3,9% depuis octobre. L’inflation des services hors logement a augmenté fortement à 4,4% glissement annuel par rapport à 3,9% en décembre, reflétant des tensions domestiques qui se sont raffermies en ce début d’année. Les ventes au détail ont baissé en janvier de 0,8% glissement mensuel (g.m) après une hausse de 0,4% en décembre (révisée à la baisse). Les ventes au détail du groupe de contrôle, contribuant au calcul du PIB, sont en baisse de -0,4% g.m. Nouvelle tendance ou effet météo? On peut noter toutefois des signaux positifs de l’activité manufacturière américaine qui semble se stabiliser à l’image des enquêtes régionales américaines de Philadelphie et de New- York. Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont inférieures à leur moyenne de 2019 pré-Covid.

La zone Euro échappe encore une fois à la récession à l’image de la publication finale de son PIB du quatrième trimestre à 0% glissement trimestriel (g.t), indiquant une croissance atone. A contrario, le marché du travail européen reste robuste à l’image des créations d’emploi qui ont progressé de 0,3% g.t. L’année 2024 s’annonce plus difficile. La Commission européenne a revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2024 de 1,2% à 0,8% et 1,5% pour 2025. L’inflation ne convergera vers sa cible qu’en 2025 à 2,2%.

Les marchés chinois étaient fermés toute la semaine, mais les premières données sur les dépenses liées aux festivités du nouvel an lunaire ont montré des signaux de raffermissement de la consommation des ménages. Le trafic ferroviaire a atteint un plus haut depuis 5 ans, soit +60% par rapport à 2023.

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