Un Jackson Hole pour préparer les prochaines années

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Le fait que le sujet soit cette fois connu en amont confirme que les banquiers centraux ne devraient pas surprendre ces prochains jours.

La Banque fédérale de réserve de Kansas City accueillera des dizaines de banquiers centraux, de décideurs politiques, d’universitaires et d’économistes du monde entier lors de son symposium annuel sur la politique économique qui se tiendra à Jackson Hole, dans le Wyoming, du 24 au 26 août 2023.Le symposium de Jackson Hole est à la fois un reflet de la pensée économique actuelle et un forum permettant de définir l’orientation de la politique monétaire et de la recherche économique futures. En 2022, le thème «Réévaluer les contraintes sur l’économie et la politique» a permis d’explorer des scénarios post-pandémiques et de réévaluer les limites de la politique budgétaire.

Par le passé, le symposium a été le théâtre d’une poignée de développements inattendus. En 2010, par exemple, Bernanke a pris les investisseurs au dépourvu en préparant subtilement le terrain pour le deuxième cycle d’assouplissement quantitatif. De même, en 2020, J. Powell a profité de l’événement pour introduire une nouvelle politique de hausse des taux d’intérêt.

Le marché du travail est au plein-emploi en raison d’une offre de travail insuffisante qui redistribue les pouvoirs de négociation salarial aux employés, ce qui est source d’inflation.

Alors que les années précédentes, l’ordre du jour du symposium était tenu secret jusqu’à l’événement, le thème de cette année, «Structural Shifts in the Global Economy» (i.e. Les changements structurels de l’économie mondiale) a déjà été dévoilé. Au regard de l’inflation, les facteurs structurels pourraient en effet expliquer des niveaux plus élevés sur de plus longues période. La dynamique démographique accentue le déficit de logement en raison de la formation de près d’un million de nouveaux ménages chaque année. Cela explique pourquoi les hausses des loyers, qui représentent un tiers de l’indice des prix, ont atteint 7,7% sur un an. Le marché du travail est au plein-emploi en raison d’une offre de travail insuffisante qui redistribue les pouvoirs de négociation salarial aux employés, ce qui est source d’inflation. La mondialisation a évolué vers davantage de régionalisation des échanges et de protectionnisme, ce qui a augmenté le cout du transport en complément de prix de l’énergie plus élevés. Des taux d’intérêt élevés sur le moyen terme sont plus susceptibles de réduire la croissance des investissements donc de maintenir les taux d’utilisation des capacités productives à des niveaux élevés. Enfin, le changement climatique implique des hausses de coût sur les consommateurs d’énergie pour compenser leur impact carbone.

De fait, ce Jackson Hole préparera davantage les prochaines années que simplement les prochains mois. Le fait que le sujet soit cette fois connu en amont confirme que les banquiers centraux ne devraient pas surprendre ces prochains jours. Lors de leur dernière réunion, les présidents de la Fed et de la BCE sont restés prudents et ont souligné la nécessité de disposer d’un ensemble plus complet de données pour évaluer la trajectoire de l’économie. Pour les investisseurs, l’attention restera donc surtout portée sur les réunions de la BCE (le 14 septembre), de la Fed (le 20 septembre), et de la BNS (le 21 septembre). Des hausses de taux en zone euro et en Suisse sont toujours attendues tout comme le statu quo de la Fed.

L’évènement du 24 au 26 août préparera donc davantage l’après-phase de durcissement monétaire que nous connaissons actuellement. Une vision structurelle qui renoue avec la tradition de ces conférences lors des précédentes décennies.

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