La Fed ne veut pas anticiper

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Il ne faut pas exclure une nouvelle hausse des taux au second semestre 2023. Mais les attentes des investisseurs concernant des baisses de taux au premier semestre 2024 sont exagérées.

©Keystone

Les banques centrales continueront d’augmenter les taux directeurs ou, dans le meilleur des cas, les maintiendront aux niveaux actuels. Jusqu'en juillet 2022, le taux d'inflation aux Etats-Unis a atteint 9,1% en quelques mois et a baissé depuis, jusqu'en août 2023, à 3,2%. Il se situe donc toujours au-dessus de l'objectif à moyen terme de 2%. Pour Jerome Powell, le président de la Fed, l'inflation reste élevée et la Fed reste disposée à augmenter encore les taux d'intérêt.

Powell explique le retour de l'inflation par une «collision entre une très forte demande et une offre limitée par la pandémie». Sur le marché automobile notamment, la demande aurait encore fortement augmenté au début de Corona, mais l'offre aurait fortement chuté en raison d'une pénurie de semi-conducteurs. Ces deux effets auraient déclenché une forte hausse des prix. Une dynamique similaire a été observée sur d'autres marchés de biens.

Seule bonne nouvelle: la baisse de l’inflation sous-jacente au cours des deux derniers mois. L’inflation des biens durables a diminué, les loyers seront susceptibles de ralentir d’ici la fin d’année et les dépenses en matière de santé, de soins, de services liés à l'alimentation et de transport se modèrent même si moins sensibles aux hausses des taux que les deux premières composantes.

Pour ramener durablement l'inflation à 2%, il faut une phase durant laquelle la croissance économique est inférieure à la tendance et les conditions du marché du travail s'affaiblissent. Or, la croissance économique actuelle reste toujours supérieure aux attentes et à sa tendance de long terme. Actuellement, la politique monétaire restrictive exerce une pression à la baisse sur l'activité économique, les embauches et l'inflation. Mais l’incertitude persiste. La plus forte est celle de desserrer trop rapidement la politique monétaire. Il vaut donc mieux être trop prudent que d'assouplir trop tôt: c’est le message de Jerome Powell.

Cela a deux implications. D’une part, il ne faut pas exclure une nouvelle hausse du taux Fed au second semestre 2023. D’autre part, les attentes des investisseurs concernant des baisses de taux au premier semestre 2024 sont exagérées. Cela milite donc pour sous-pondérer les actions et augmenter graduellement la duration dans les portefeuilles obligataires.

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