La Chine plie

Valentin Bissat, Mirabaud

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Les consommateurs pourraient être les principaux bénéficiaires du fléchissement de l’économie chinoise.

La faiblesse de l’activité économique chinoise contraste avec la résilience de l’économie américaine depuis le début de l’année. Le ralentissement supplémentaire observé durant le mois de juillet a poussé la Banque centrale chinoise à baisser ses taux de refinancement mi-août, une décision qui en appelle d’autres. Au ralentissement du secteur industriel et de la consommation domestique s’ajoute un secteur immobilier qui chancelle. Les nouvelles constructions et les ventes chutent et suggèrent une intensification des risques financiers sur le marché immobilier.

Comme l’évoquent plusieurs économistes, la Chine doit désormais faire face aux défis posés par les 3D: un endettement important (debt), un déclin démographique et un environnement déflationniste. Ces faiblesses structurelles sont par ailleurs exacerbées par le ralentissement économique.

La baisse actuelle des prix en Chine trouve son origine dans un taux de chômage des jeunes extrêmement élevé, une faiblesse persistante des prix de l'immobilier et un secteur privé fortement endetté qui pèsent sur la demande domestique. Ces tendances viennent se renforcer, faisant craindre un scénario à la japonaise. Certes, la baisse récente des prix à la consommation s’explique majoritairement par les prix du porc, composante importante de l’indice et en baisse de plus de 25% sur un an, mais les prix à la production sont eux en déflation depuis le mois d’octobre de l’année dernière.

Actuellement, la politique monétaire de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne dépend principalement de l’évolution du prix des services, soutenus par un marché du travail qui tourne à plein régime.

Cette faiblesse de la demande de la deuxième économie mondiale est également un mauvais signal pour les pays développés quand on sait que la Chine représente plus du tiers de la croissance économique mondiale prévue pour 2023.

Quel impact pour l’Europe et les États-Unis?

Alors que les banques centrales européenne et américaine se battent depuis bientôt deux ans contre une envolée de l’inflation, quel pourrait être l’impact de la déflation chinoise sur leur politique monétaire? Pour rappel, les pressions sur les chaines d’approvisionnement mondiales ont contribué pour près de 60% à la surchauffe de l’inflation en 2021 et 2022 d’après la Réserve fédérale américaine. La Chine représente près de 20% des importations américaines et européennes, mais il s’agit d’échanges portant essentiellement sur les biens. Entre leur sortie d’usine et leur commercialisation dans les pays occidentaux, le prix de vente des produits chinois reflète en grande partie les salaires domestiques pour le transport, la distribution et le marketing. Les pressions sur les chaines d’approvisionnement se sont par ailleurs déjà largement normalisées. Enfin, depuis le début des années 2000, les paniers de biens mesurés par les indices des prix à la production et à la consommation ont fortement divergé en raison de la mondialisation.

Dans ces conditions, il est difficile d’imaginer un impact important à court terme sur l’inflation des pays développés. Actuellement, la politique monétaire de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne dépend principalement de l’évolution du prix des services, soutenus par un marché du travail qui tourne à plein régime. Ainsi, le scénario d’une période prolongée de taux d’intérêt élevés reste le plus probable pour ces douze prochains mois.

Baisse du prix des matières premières, un soulagement pour les consommateurs

Finalement, les consommateurs pourraient être les principaux bénéficiaires du ralentissement chinois. La faiblesse de la demande du plus grand consommateur de matières premières au monde pourrait contenir les hausses de prix, en particulier ceux du pétrole qui ont déjà augmenté de 20% depuis le mois de juin.

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