Julius Baer: trois valeurs suisses favorites pour 2024

Yves Hulmann

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Nestlé séduit par sa diversification. L’action Sandoz a une décote injustifiée par rapport à d’autres fabricants de génériques. Stadler Rail a un profil défensif.

© Keystone

Après une phase de resserrement de la politique monétaire sans précédent en 2022 et 2023, les premières baisses de taux se profilent à l’horizon pour 2024. Du côté de la Banque centrale européenne, les premières baisses de taux pourraient intervenir encore avant la mi-2024, anticipe Christian Gattiker-Ericsson, directeur de la recherche chez Julius Baer, qui s’exprimait en décembre lors de la présentation des perspectives de la banque pour l’économie et les marchés en 2024. Dans l’ensemble, la conjoncture reste robuste : la plus grande surprise du cycle actuel est que les investissements ont exceptionnellement bien résisté malgré le resserrement record de la politique monétaire, observe la banque. «Même dans la zone euro, il n’y a pas de signes qui montrent qu’une récession généralisée menace», poursuit l’économiste.

La Chine, l’une des plus grandes «wild card» en 2024

En revanche, l’endettement en Chine freine la reprise de la deuxième économie mondiale. L'endettement privé et le service de la dette pèsent sur la consommation privée et limitent l'efficacité des baisses de taux d’intérêt en Chine. Dans ce contexte, la Chine est certainement une des plus grandes «wild card» pour 2024, met en perspective Christian Gattiker-Ericsson.

La Suisse, moins affectée que les pays voisins par l’inflation, continuera de constituer un îlot de stabilité pour les investisseurs, notamment grâce à la stabilité de sa monnaie. Par rapport à la monnaie commune, la devise helvétique devrait continuer d’évoluer aux environs de 0,95 franc par euro. Globalement, le marché suisse des actions apparaît attrayant pour les investisseurs qui ont un horizon de long terme. Malgré une performance inférieure à celle d’autres marchés en 2023, investir dans le SMI aura permis aux investisseurs - grâce à la force du franc - d’obtenir un rendement net supérieur à un placement effectué dans les valeurs du S&P 500 aux Etats-Unis ou dans le DAX allemand depuis le début des années 1990, met en perspective la banque.  

Et que faut-il attendre pour les actions suisses en 2024 justement? Dans l’ensemble, les entreprises incluses dans le SMI devraient afficher une croissance de leurs bénéfices de l’ordre de 10% cette année. C’est certes un peu moins que les titres du S&P 500 aux Etats-Unis avec environ 11% mais nettement davantage que les valeurs de l’Euro Stoxx 50 en Europe qui devraient afficher une croissance d’environ 7%.

«La devise helvétique devrait continuer d’évoluer aux environs de 0,95 franc par euro.»

Nestlé affiche des marges supérieures au secteur

Pour l’année qui vient de débuter, Julius Baer a choisi de mettre en exergue trois valeurs qui présentent à la fois des caractéristiques défensives tout en disposant d’un potentiel de croissance non négligeable. A commencer par Nestlé : la transformation des activités du groupe contribuera à renforcer sa croissance et à améliorer ses marges. La multinationale a en outre l’avantage de disposer d’un chiffre d’affaires largement diversifié, la catégorie de produits la plus importante représentant 26% du total et alors que la région la plus représentée constitue 28% de ses ventes. De plus, la part des produits, tels que des snacks, des boissons sucrées, des plats précuisinés ou le chocolat, qui sont susceptibles d’être affectés par l’adoption des médicaments coupe-faim GLP 1 est faible, met en perspective Julius Baer. La marge de 12% affichée par Nestlé est la plus élevée dans sa branche, étant même de 30% supérieure à la moyenne du secteur. Et au final, «Nestlé est Nestlé», ajoute Philipp Lienhardt, directeur de la recherche actions chez Julius Baer en guise de conclusion.

Forte position de Sandoz dans les biosimilaires

Cotée en bourse depuis octobre dernier, l’action du fabricant de génériques Sandoz présente de nombreux atouts. A commencer par la décote actuelle du titre par rapport au reste de son secteur, jugée injustifiée par Philipp Lienhardt, directeur de la recherche actions chez Julius Baer. La banque anticipe aussi une expansion de la croissance et des marges du fabricant de génériques présent dans les biosimilaires. Dans le détail, Sandoz dispose de huit biosimilaires sur le marché, ce qui représente des revenus de 1,9 milliard de dollars (20% du groupe). Sandoz a récemment obtenu l’autorisation de produire des biosimilaires aux États-Unis pour Humira (21 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour le produit original) et Tysabri (2 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour l’original). En 2024, deux autres autorisations sont attendues (Xgeva, Eylea, qui représentent 7 milliards de dollars de chiffre d'affaires original). En outre, la marge EBITDA du groupe passer de 20% à une fourchette de 24% à 26% d’ici à 2028 grâce au levier opérationnel et aux gains d’efficience obtenus.

Stadler Rail: un secteur défensif qui est néanmoins en croissance

Valeur un peu oubliée depuis la pandémie, Stadler Rail continue d’afficher une croissance régulière de son carnet de commandes qui a atteint un niveau record de 24 milliards de francs à fin 2023. En tant que fournisseur leader de véhicules ferroviaires pour le transport de personnes, Stadler Rail dispose d’un profil commercial défensif qui est aussi soutenu par des moteurs de croissance structurels. La banque cite les mégatendances (par exemple la mobilité verte) et les plans de relance qui offrent au marché ferroviaire un potentiel de croissance défensif de l’ordre de 2% à 6% par an pour ses ventes selon les régions et les segments, cela indépendamment du contexte économique. Malgré la force du franc, Julius Baer considère que l'objectif à moyen terme d’atteindre une marge opérationnelle EBIT de 7 à 8% (contre 5,5% en 2022) est réaliste pour Stadler Rail.

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