Wall-Street a les jambes lourdes. La prudence est de mise dans les marchés, qui ont accusé le coup en fin de semaine dernière avec la nouvelle escalade de tensions entre Washington et Pékin et qui restent méfiants, malgré les signes d’apaisement. Car si Donald Trump assure avoir des contacts avec la Chine, cette dernière a indiqué de son côté ne pas avoir eu d’échange pour le moment avec l’équipe du président américain. On prend de plus en plus conscience dans les salles de marché que cette guerre commerciale va probablement durer longtemps et qu’un accord, pour autant que les parties parviennent à en conclure un, ne devrait pas intervenir avant l’élection présidentielle américaine de novembre 2020. Les craintes d’une récession aux Etats-Unis, et donc probablement dans le monde, augmentent. L’inversion de la courbe des taux obligataires s’est par ailleurs accentuée avec des rendements respectifs de 1,53% pour le 2 ans et 1,48% pour le 10 ans. Cette inversion est considérée historiquement comme le signe annonciateur d’une récession, ce qui explique la nervosité du marché américain. Les valeurs refuges sont recherchées, l’or repart vers le nord, à 1541 dollars par once et le yen est bien entouré, à 105,79 contre dollar. Le franc suisse, qui remettait le nez à la fenêtre des 1,09 contre euro, repasse légèrement en-dessous.
 
Donald Trump semble perdre le fil et être de plus en plus isolé dans le concert politique global. De plus en plus d’économistes estiment que Pékin a clairement durci sa position et dispose d’atouts dans son bras de fer avec les Etats-Unis, notamment via le yuan et une éventuelle mise au ban des entreprises américaines dans le pays. Le Président américain n’a pas le droit à l’erreur s’il veut être réélu, ce qui limite sa marge de manoeuvre. Contrairement à ce qu’il affirme régulièrement, il n’a pas tout son temps pour négocier et la Chine le sait fort bien. 
 
Au chapitre des statistiques économiques, L’indice S&P Corelogic Case-Shiller des prix américains de l’immobilier pour le mois de juin 2019 ressort en progression de 2,1% en glissement annuel contre un consensus de +2,3%. L’indice FHFA des prix de l’immobilier pour ce même mois de juin ressort conforme au consensus, à +0,2% en comparaison du mois antérieur, contre +0,2% pour la lecture révisée du mois de mai. L’indice de confiance des consommateurs américains pour le mois d’août 2019, mesuré par le Conference Board, s’affiche à 135,1, contre un consensus à 130 et un niveau révisé à 135,8 pour le mois antérieur. L’indice manufacturier de la Fed de Richmond pour le mois d’août, progresse de +1, contre -4 de consensus. Cet indice, qui surprend en territoire positif, traduit donc le retour à l’expansion de l’activité manufacturière dans la région considérée.
 
BP Plc a signé la cession de tous ses actifs en Alaska à Hilcorp pour 5,6 milliards de dollars, après 60 ans de présence. 11 ans après avoir divorcé, Altria et Philip Morris convolent à nouveau sur la base d’une «fusion entre égaux», qui rapprochera à nouveau les divisions américaines et internationales du cigarettier. Purdue Pharma s’attend à payer 10 à 12 milliards de dollars pour clore plus de 2’000 plaintes visant le laboratoire dans la crise des opiacés aux Etats-Unis, selon NBC. La CCIA, un organisme qui défend les intérêts de groupes technologiques américains, dont Google, Amazon.com ou Facebook, s’est élevée contre l’accord sur la taxe numérique française décidé entre Donald Trump et Emmanuel Macron. 
 
Au programme du jour, l’évolution de la masse monétaire M3 en zone euro (10h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis (16h30) seront les deux principaux indicateurs macroéconomiques de la séance.
 
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont mitigés avec Tokyo qui progresse de 0.11% à la cloche, Hong-Kong qui traite pile à l’équilibre et Shanghai qui recule de 0,3%. L’Europe ouvre en très légère baisse et le future SPX progresse de 5 points. En Suisse, Emmi publie des résultats semestriels en baisse. Le groupe lucernois revoit légèrement ses prévisions à la baisse mais confirme son objectif annuel pour le bénéfice opérationnel. Sunrise progresse de 1,4%, sans nouvelle particulière. Le titre bénéficie probablement de chasse aux bonnes affaires après sa baisse récente, due à un désaccord avec son principal actionnaire Freenet au sujet du rachat de UPC.