Gonet: l'actualité des marchés au 9 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +2,13%, S&P 500 +2,28%, Nasdaq +2,56%, Russell 2000 +2,26%, SOX +4,67%, Eurostoxx +1,47%, SMI +0,79%.

L’économie américaine ralentit, Wall Street respire…

C’était loin d’être gagné pourtant, jeudi on apprend que le secteur privé a créé plus d’emplois que prévu aux Etats-Unis et le marché de craindre une énième fois que les taux d’intérêts ne baissent jamais vraiment, un véritable cauchemar pour le joyeux royaume des actions. Et puis vendredi le rapport principal sur le marché de l’emploi est publié, qui confirme que la première économie au monde crée plus d’emplois que prévu, ce qui déplait fortement aux détenteurs d’actions, mais en creusant un peu, on constate rapidement que la progression des salaires ralentit et que le travail temporaire souffre, les firmes licencient leurs travailleurs précaires dès que le vent tourne. Un rapport sur l’emploi plutôt mitigé donc, qui laisse les traders sceptiques, qui envoient le future du S&P500 (SPX) vers le haut, pour le ramener au niveau de l’annonce assez rapidement. Mais c’était sans compter sur la deuxième salve de statistiques économiques. L’indice d’activité dans les services (ISM) est publié à 16h, il est en chute libre et passe en territoire de contraction (49,6, les économistes prédisaient 55). Et paf la panique chez les ours, les taux obligataires chutent et les taureaux investissent la parquet du NYSE à nouveau, regonflés à bloc.

Résumons: vendredi le marché obtient confirmation que l’inflation semble ralentir. En parallèle, l’activité économique américaine donne suffisamment de signaux de faiblesse pour écarter, du moins en l’état, les craintes d’un retour de l’inflation, sachant que la Chine va progressivement revenir dans «le game» et que la consommation des ménages reste robuste, avec un marché du travail encore et toujours en surchauffe. Mais qu’importe pour le joyeux royaume des actions, l’économie ralentit, Wall Street respire…

L’indice S&P500 (SPX) casse sa fourchette de trading de 3800 – 3900 points, dans laquelle il était enfermé depuis 3 semaines, il récupère sa moyenne mobile à 100 jours et regarde désormais sa 50 jours dans les yeux (clôture à 3895 points contre la 50 dma à 3904). Les volumes d’échanges repartent doucement avec 10,18 milliards de titres traités sur le NYSE vendredi, la volatilité recule logiquement, le VIX perd 6% à 21,13, au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des materials, de la technologie et des REITs, tandis que la santé est en queue de peloton, signe d’une journée marquée sous le sceau de l’appétit au risque. On assiste à des couvertures de shorts alors que les fonds Long Only reviennent dans la partie, ainsi que les Hedge Funds, vendredi est aussi le jour du retour du FOMO (Fear Of Missing Out).

Le marché est de plus en plus convaincu que la Fed est désormais en position de faire une pause plus tôt que prévu dans son cycle de hausses de taux. Les Fed Funds prévoient une hausse de 25 points de base le 1er février et un taux final légèrement en-dessous de 5%, on y est presque les enfants, comme disait mon papa en randonnée… Le rendement du 10 ans US réalise un plongeon rare, il passe de 3,75% juste avant l’ISM à 3,59% ce matin et a perdu 33 points de base cette année, on n’avait plus vu un tel début d’exercice depuis 1963. Le dollar ne résiste pas à la vague d’appétit au risque qui envahit Lower Manhattan, le Dollar Index revient à 103,66, une superbe «death cross» est sur le point de se produire, probablement demain, qui ajoutera de la pression vendeuse sur le greenback. La paire EUR/USD revient à 1,0690, le prochain niveau de résistance se situe à 1,0735 (le top intraday du 15 décembre).

Le pétrole récupère quelques couleurs, le baril de WTI Light Crude revient à 75,22 dollars, mais c’est surtout l’or qui brille vendredi, l’once remonte à 1874 dollars, portée par la faiblesse du billet vert (et peut-être par la banque centrale chinoise?). La prochaine résistance est proche, elle se situe à 1897 dollars (61,8% de retracement Fibonnacci de la baisse de 2070 dollars à 1616 dollars) puis 1900 dollars. Le principal support est à 1843 dollars (50% de retracement Fibonnacci).

Des milliers de partisans de l'ex-président Jair Bolsonaro saccagent le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel du Brésil (le président Lula n'était pas présent). La police utilise du gaz poivré dans une tentative infructueuse de maîtriser les émeutiers, qui franchissent les barrières deux ans et deux jours après l'attaque similaire du Capitole américain. Bolsonaro, qui est en vacances en Floride, tweete: «Les déprédations et les invasions» de bâtiments gouvernementaux «ne sont pas dans les règles», une réaction bien molle…

Les Chinois de l'étranger rentrent chez eux après la levée des mesures de quarantaine hier, malgré une épidémie de Covid qui a incité l'Allemagne à déconseiller les voyages dans le pays. Pékin déclare que les négociations visant à ajouter le Paxlovid de Pfizer à l'assurance publique ont échoué. Cette réouverture devrait également stimuler l'économie de Hong Kong, dont la croissance pourrait être plus rapide que celle de Singapour cette année. Ce serait la première fois en plus de dix ans (source: Bloomberg).

L'armée ukrainienne transfère des unités supplémentaires pour défendre Bakhmut et Soledar dans la région de Donetsk, déclare Volodymyr Zelenskiy. La Russie revendique une frappe majeure dans la région, mais Kiev rejette comme «un non-sens» l'affirmation de Moscou selon laquelle 600 soldats ont été tués. Le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal déclare à Yonhap que la guerre a créé un champ de mines de quelque 250000 km², soit à peu près la taille du Royaume-Uni.

La quinzième fois est la bonne. Kevin McCarthy détient enfin le marteau de président de la Chambre des représentants des États-Unis après avoir fait des concessions à un petit groupe de républicains de la droite dure qui l'avaient rejeté lors des 14 scrutins précédents. Il a cherché à rallier les législateurs du GOP en s'engageant à réduire les dépenses et à renforcer la sécurité aux frontières. Le représentant Chip Roy, qui était au cœur de la querelle de la semaine dernière, déclare à CNN qu'il accueillerait favorablement une bataille sur le plafond de la dette.

Les premières publications trimestrielles se profilent déjà avec Sika (mercredi) et Tesco (jeudi) en Europe. Aux Etats-Unis, c'est la séance du vendredi 13 janvier qui concentrera les annonces, avec JPMorgan Chase, UnitedHealth, Bank of America, Wells Fargo, BlackRock, Citigroup et Delta Air Lines.

Au menu macro-économique du jour, pas de gros indicateur en vue, même s'il faudra suivra la production industrielle allemande (sortie en-dessous des attentes) et les taux de chômage européen (11h00).

Eisai et Biogen ont reçu une autorisation accélérée de mise sur le marché américain pour leur traitement de la maladie d'Alzheimer, au coût annuel de 26’500 dollars. Goldman Sachs va supprimer environ 3’200 emplois cette semaine dans le cadre d'un programme de restructuration. Qatar Energy et Chevron s'associent dans une usine pétrochimique à 6 milliards de dollars. Alibaba prévoit d'investir 1 milliard de dollars en Turquie. La FDA signale l'inefficacité potentielle du médicament COVID-19 d'AstraZeneca contre le nouveau sous-variant Omicron. Macy's estime que ses revenus du quatrième trimestre 2022 sont dans le bas de fourchette des prévisions. Jack Ma ne contrôle plus Ant Group. Du coup, Goldman Sachs met Alibaba sur sa liste «conviction buy» tandis que Morgan Stanley l’ajoute à ses «top picks».

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo a congé, Hong Kong progresse de 1,59%, Shanghai avance de 0,58% et Séoul gagne 2,63%. Le future SPX est en légère progression et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%.

A lire aussi...