2022 a été l’année des ours. La guerre en Ukraine, une inflation endiablée, des politique monétaires restrictives au possible et la paralysie de l’économie chinoise sont autant de facteurs qui ont fait dérailler les indices et le moral des investisseurs l’an passé. Avec un peu de recul, on constate que très rares ont été les cachettes pour des investisseurs malmenés quasiment tout au long de l’année. Hormis l’énergie, on ne voit pas vraiment où il eût fallu se réfugier, hasta la vista 2022, on ne te regrettera pas.

La méthode traditionnelle d’investissement 60/40 (60% en actions, 40% en obligations) n’avait pas été aussi catastrophique depuis 100 ans, c’est Bank of America qui nous l’apprend, un portefeuille construit sur cette base a perdu 34% en 2022. Au niveau global, les actions ont vécu leur pire année depuis 2008, l’indice S&P500 (SPX) a rendu 20%, le Nasdaq 100 (NDX) a chuté de 33% tandis que le vénérable Dow Jones limitait la casse en ne perdant «que» 9%. Sur le vieux continent, cela s’est passé un peu moins mal avec l’indice Stoxx 600 Europe qui recule de 13%. Alors bien évidemment, après une telle débâcle, on cherche des coupables et point besoin d’engager Sherlock Holmes pour les dénicher. Suivez mon regard du côté de la technologie, le NDX réalise l’exploit de détruire 6'500 milliards de dollars de capitalisation boursière l’an passé, chapeau… et au sein du secteur, ce sont les FAANGs qu’il faut pointer du doigt, qui annulent 5'200 milliards de dollars à eux seuls.

On fait une pause dans la chasse aux sorcières, le moment est venu d’effectuer une mise au point. Les FAANGs ont donc ruiné la performance boursière de 2022. Aux orties les Meta, Apple, Amazon, Netflix et autres Alphabet. Oui mais pas trop vite pleeze. S’il est indéniable que de les avoir achetés le premier janvier 2022 relève d’une mésaventure majeure en termes de timing, si l’on détenait ces titres depuis le premier janvier 2018, la performance devient tout autre et oscille entre +43% pour Amazon et +223% pour Apple, 2022 compris donc. Je fais abstraction ici de Meta, qui se ratatine de 32% sur les 5 dernière années, probablement pénalisée par son CEO et le Metaverse. 2022 nous rappelle simplement que la seule façon de faire fructifier son capital en bourse est d’adopter une approche à long terme, le reste c’est pour les traders disciplinés et talentueux.

La poussière de 2022 retombe doucement sur Wall Street, on tente de comprendre ce qui a provoqué cette baisse historique. Nicholas Colas, cofondateur de Datatrek, publie une note dans laquelle il identifie les «5 séances de bourse qui ont tué l’année». Deux d'entre elles ont été causées par des données décevantes sur l'inflation, tandis que les autres ont été déclenchées par la faiblesse des bénéfices des entreprises et les commentaires du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell. À elles seules, ces cinq journées ont représenté plus de 95% des pertes du SPX l’an passé. Je vous passe les détails mais vous les fournirai avec plaisir si vous le souhaitez.

Arrêtons là la rétrospective de l’an passé et regardons vers l’avant en commençant par une statistique encourageante. Depuis 1928, le SPX n'a chuté pendant deux années consécutives qu'à quatre reprises : la Grande Dépression, la Seconde Guerre mondiale, la crise pétrolière des années 1970 et l'éclatement de la bulle Internet. Une des questions clés en ce début d’année est de savoir si les valorisations sont désormais suffisamment raisonnables, surtout si la Fed continue de relever ses taux d’intérêts. Le PER (Price Earnings Ratio) à 12 mois du NDX, revenu juste en-dessous de 20, est légèrement inférieur à la moyenne sur 10 ans et se compare à environ 29 il y a un an.

C’est aujourd’hui que l’année boursière 2023 prend véritablement son envol avec le retour aux affaires de New York, Londres et Hong Kong. Hier seules quelques places étaient ouvertes, surtout en Europe où les indices démarrent plutôt bien, dans des volumes d’échanges intimistes. L’actualité des entreprises reste maigre alors que les statistiques macro-économiques commencent à revenir. On notera que certains investisseurs se ruent dans des valeurs massacrées l’an passé, par exemple Orpéa. On remarquera la bonne tenue du secteur automobile et le décollage de Zalando (près de 6%). Le marché des actions se retrouve face à de nombreuses inconnues telles que l’état de santé réel du secteur de la tech, l’effet que la Chine aura sur l’économie et la santé mondiale, l’état réel de l’inflation, les perspectives de croissance des résultats d’entreprises, tout cela dans un environnement où il ne faudra probablement pas compter sur les banques centrales pour jouer les pompiers de service, pas en début d’année en tous les cas.

Une frappe de missile sur une installation militaire russe dans la ville occupée de Makiyivka, dans l'est du pays, a tué 63 soldats, selon la Russie. Kiev estime le nombre de victimes à environ 400. Certains des plus ardents défenseurs de la guerre en Russie réagissent en critiquant les dirigeants de l'armée pour avoir logé des soldats dans des endroits vulnérables. Vladimir Poutine déclare que Moscou se bat pour protéger sa «mère patrie». Volodymyr Zelenskiy prévient que la Russie envisage une attaque prolongée de drones pour «épuiser» l'infrastructure énergétique, les défenses aériennes et les citoyens ukrainiens.

Christine Lagarde indique que les coûts d'emprunt vont à nouveau augmenter et que cela est nécessaire pour tempérer la flambée des prix à la consommation. «Ce serait encore pire si nous laissions l'inflation s'installer», déclare la présidente de la BCE au journal croate Jutarnji List. Son collègue Joachim Nagel se fait l'écho de ce sentiment, avertissant qu'il y a eu «une augmentation significative des anticipations d'inflation à long terme».

Un tiers du monde pourrait connaître une récession en 2023, si les États-Unis, l'Union européenne et la Chine ralentissent tous comme prévu, selon Kristalina Georgieva. «La moitié de l'UE sera en récession l'année prochaine», déclare la directrice du FMI à la chaîne CBS, ajoutant que le tableau est encore plus sombre pour les économies en développement. Néanmoins, si la résilience du marché du travail américain se maintient, cela «aiderait le monde à traverser une année très difficile», ajoute-t-elle.

Au menu macro-économique du jour, S&P publiera la seconde lecture des indices PMI manufacturiers de décembre pour l'Allemagne, le Royaume Uni et les Etats-Unis notamment. Il y aura aussi la première estimation de l'inflation allemande de décembre (14h00) et les dépenses de construction américaines de novembre (16h00). Ce matin, l'indice PMI Manufacturier Caixin de décembre est ressorti à 49 points, c’est-à-dire en zone de contraction et en-deçà des attentes (49,2).

Brenntag met fin à ses discussions de rachat d'Univar. Tesla livre moins de véhicules que prévu au quatrième trimestre. AMS-Osram s'associe à Energous pour fabriquer un capteur de lumière sans fil pour le secteur agricole. Hyundai Motor fixe un objectif de ventes mondiales de 4,32 millions de véhicules en 2023. China Evergrande n'a pas respecté l'échéance de la proposition de restructuration du crédit qu'elle s'était fixée. Davide Campari rachète 2 millions d’euros de ses propres actions.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo n’est pas encore revenue du Nouvel An, Hong Kong gagne 1,8%, Shanghai avance de 0,88% et Séoul rend 0,31%. Le future SPX progresse de 0,6% et l’Europe ouvre en repli de 0,1%. Le 10 ans US évolue à 3,81%, en toute fin d’année il traitait à 3,88%. Le dollar retrouve des couleurs, la paire EUR/USD revient à 1,0588 contre 1,0688 le 30 décembre. L’or débute bien la nouvelle année, l’once se hisse à 1844 dollars, elle évoluait à 1816 dollars vendredi passé. Le pétrole a gagné 2 dollars depuis et revient à 81 dollars par baril de WTI Light Crude.

Les marchés vont peut-être focaliser sur la croissance cette année, plus que sur l’inflation, la tendance devrait se dégager assez rapidement.

Très belle année 2023 à toutes et tous.