Gonet: l'actualité des marchés au 12 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,90%, S&P 500 -0,73%, Nasdaq -0,70%, Russell 2000 -1,19%, SOX -0,86%, Eurostoxx +0,54%, SMI +0,58%.

C’est une séance des plus calmes que vit Wall Street vendredi, jusqu’au trente dernières minutes de trading, qui voient les vendeurs revenir en force. Les volumes d’échanges du jour sont terriblement faibles avec 8,8 milliards de titres traités sur le NYSE, on peut attribuer la faiblesse de fin de journée aux rendements obligataires US, qui remontent avec un 10 ans de retour à 3,54%, vendredi matin il évoluait à 3,45%. La hausse des rendements est due aux statistiques macro du jour, l’indice PPI (Production Price Index) et le sentiment du consommateur, mesuré par l’Université du Michigan, viennent tous deux perturber la douce pensée d’une inflation en repli accompagnée d’un atterrissage en douceur de l’économie des Etats-Unis. Le PPI et le sentiment de l'UMich sont tous deux publiés à un niveau plus élevé que prévu, signe de la rigidité des prix et des pressions inflationnistes, ce qui contraste avec un rapport plus optimiste sur le sentiment des consommateurs, probablement alimenté par la chute des prix du pétrole. Et comme demain mardi le très important CPI (Consumer Price Index) sera publié, on préfère faire un pas en arrière dans les salles de marchés, ce d’autant plus que mercredi soir la Fed annonce sa décision sur les taux d’intérêts.

L’indice S&P500 (SPX) s’éloigne de la barre psychologique des 4000 points (3934 pts à la cloche) mais parvient à se maintenir trois petits points au-dessus de sa moyenne mobile à 100 jours. La volatilité progresse légèrement avec le VIX qui avance de 2,5% à 22,83. Quant au dollar, il fait du surplace vendredi, la paire EUR/USD traite à 1,0522, elle reste nettement au-dessus de sa 200 jours (1,0351). L’or se maintient juste en-dessous de 1800 dollars, sa direction à venir dépend du billet vert mais aussi des taux. Le narratif de cette fin de semaine est plutôt pessimiste avec une inflation considérée comme rigide, des craintes que le taux terminal de la Fed ne se situe plus haut que prévu, la peur d’une récession et des révisions négatives de bénéfices à l’approche de 2023. Au chapitre des secteurs, on observe un positionnement clairement défensif de la part des investisseurs, qui recherchent le minières, les médias, les logiciels, les hôtels, les télécom et les banques. L’énergie en revanche souffre passablement, c’est sa septième séance consécutive de repli, le pétrole n’y est pas étranger, qui recule à 71,43 dollars le baril de WTI Light Crude. Les craintes de récession font leur travail, tandis que la réouverture de la Chine laisse le marché plutôt perplexe, on demande à voir. Le secteur des services de communication profite de la bonne tenue de Netflix (NFLX +3,1%) qui est relevée par Wells Fargo à «surpondérer».

Sur la semaine, le SPX recule de 3,4%, sa première baisse hebdomadaire en trois semaines. Le Nasdaq abandonne 4% et le Russell 2000 glisse de 5,1%. En Europe cela se passe mieux avec le Stoxx Europe 600 qui perd 0,9%, tandis que le SPI (Swiss Performance Index) abandonne 1,4%. Si l’on prend un peu de recul et que l’on observe les performances des indices depuis le début de l’année, on constate que l’Inde progresse de 6,5%, elle poursuit son développement économique discret mais bien réel, dans l’ombre de Pékin. En Europe le Portugal et la Norvège profitent de leur importante pondération en valeurs de l’énergie, les indices progressent de 3%. Ailleurs en Europe, on observe que le FTSE100 anglais avance de 1,25%, alors que Paris recule de 6,6% et le SMI perd 14%, impacté surtout par Roche, Nestlé, Lonza et Sika. Crédit Suisse impacte moins la cote, malgré sa chute de 62%. Novartis et Zurich sont les principaux soutiens de l’indice cette année. Au niveau mondial, l’indice MSCI World perd 18%, c’est un tout petit peu moins bien que le SPX, qui abandonne 17,4%.

Place donc cette semaine au CPI américain et aux banques centrales, Fed en tête. La Réserve Fédérale des Etats-Unis devrait annoncer une hausse de 50 points de base. Nous aurons aussi droit à la Banque Nationale Suisse (BNS) mercredi, les économistes prévoient là-aussi 50 points de base de hausse. Jeudi ce sera le tour de la BCE (Banque Centrale Européenne), le marché prévoit, devinez… 50 points de base de relèvement.

Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine discutent des moyens d'étendre un accord visant à protéger les expéditions de céréales de la mer Noire. Erdogan déclare que différentes marchandises et produits alimentaires peuvent être inclus dans le corridor céréalier. Les autorités d'Odessa indiquent que l'électricité a été rétablie pour plus d'un million de personnes qui avaient subi des coupures après les attaques de missiles russes. Joe Biden annonce que les États-Unis s'engagent à assurer la sécurité et à fournir d'autres aides à Kiev, et Janet Yellen affirme que ce soutien se poursuivra «aussi longtemps qu'il le faudra».

Eva Kaili, une législatrice grecque et vice-présidente du Parlement européen, fait partie des suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête menée par les procureurs belges sur d'éventuels pots-de-vin versés à des fonctionnaires européens par une nation du Golfe non identifiée (lisez: le Qatar), selon les médias. L'ancien député italien Antonio Panzeri est également placé en détention.

Le principal conseiller médical de la Chine déclare que le taux de mortalité de l'omicron est conforme à celui de la grippe, ce qui incite Pékin à poursuivre son retrait du Covid Zero. Mais la nature soudaine de l'assouplissement, et l'augmentation subséquente des cas, provoquent de longues files d'attente devant les hôpitaux et les gens luttent pour trouver des médicaments.

Au chapitre «ça nous intéresse un peu mais le marché s’en fiche», on apprend ce matin que la production nucléaire dépasse 40 GW pour la première fois depuis mars en France, grâce à la remise en service de plusieurs réacteurs. Tant mieux, l’hiver nous a pris froidement dans ses bras ce matin… On apprend aussi que les employés de la BCE feront grève si leurs salaires ne sont pas adaptés à l’inflation. Mais quel conundrum pour Christine Lagarde que voilà!

Le calendrier des résultats de sociétés est très mince pour la semaine, nous regarderons notamment Oracle (ORCL), Lennar (LEN), Adobe (ADBE) et Accenture (ACN).

Un menu du jour macro-économique plutôt frugal aujourd’hui avec seulement le PIB mensuel britannique à se mettre sous la dent.  Le Japon annonce ce matin des prix à la production en hausse plus élevée que prévu en novembre.

Sanofi ne déposera finalement pas d'offre de rachat pour Horizon Therapeutics. Amgen resterait seul en course avec une proposition à 116,50 dollars par action. Air India veut passer commande de 400 monocouloirs et 100 gros porteurs à Airbus et/ou Boeing. LVMH négocierait à la dure sa place de sponsor pour les JO de Paris 2024. Les actionnaires de Turquoise Hill approuvent l'offre de rachat de 3,3 milliards de dollars de Rio Tinto. Thoma Bravo confirme des discussions avancées pour racheter Coupa Software. Skoda (Volkswagen) envisage de se retirer de Chine. Xavier Niel, actionnaire de Vodafone, demande au conseil d’administration de maigrir en vendant des infrastructures et à se défaire de plus petits actifs non essentiels. Novartis rachète le principal produit en développement du laboratoire en faillite Clovis Oncology. Roche présente des données positives pour Hemlibra et Crovalimab.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en repli, impactés par la fin de séance de Wall Street de vendredi mais aussi par les importantes échéances à venir cette semaine. Tokyo recule de 0,21% à la cloche, Hong Kong abandonne 2,41%, Shanghai perd 0,87% et Séoul rend 0,67%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en baisse de 0,4%.

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