Gonet: l'actualité des marchés au 15 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,42%, S&P 500 -0,61%, Nasdaq -0,76%, Russell 2000 -0,65%, SOX -1,57%, Eurostoxx -0,29%, SMI +0,22%.

Noël approche à grands pas. Et comme chaque année, plus ou moins toutes les familles disposent d’un oncle bien lourd susceptible de gâcher la fête, par exemple en expliquant consciencieusement aux bambins de service que le père Noël n’existe pas et que c’est Coca-Cola qui l’a inventé, ce qui est totalement faux, la firme l’associe à ses couleurs depuis les années 1930 en revanche. Attention, si vous êtes un homme et que la notion de l’oncle «relou» ne vous parle pas, c’est peut-être vous ce fameux oncle…

Le marché n’échappe pas à la règle, et son oncle à lui s’appelle Jerome Powell. Hier est un jour de Fed, la Réserve Fédérale ralentit le rythme de ses hausses de 50 points de base pour atteindre une fourchette de 4,25% à 4,5%, comme prévu, mais signale que le resserrement se poursuivra et culminera à un niveau plus élevé que ce que les marchés avaient anticipé. Le tableau dot.plot de la Fed prévoit désormais le taux maximal pour 2023, à 5,1%, et Jerome Powell déclare qu'il n'y aura pas de baisse de taux tant que la Fed n'aura pas la certitude que l'inflation se rapproche de 2% (bonne chance…). Le pic prévu pour 2024 est de 4,1%. Le discours du patron de la Réserve Fédérale des Etats-Unis est donc plus faucon que prévu, il prévoit des taux légèrement plus haut que ce que le marché ne pensait (5,1% contre 4,85%) tout en excluant toute baisse de taux tant que l’inflation n’aura pas considérablement reflué.

La première réaction du marché est assez basique, les actions baissent et les rendements obligataires montent. Puis tout un chacun se calme et le mouvement s’inverse passablement. On regarde du coup du côté du marché des swaps, qui prévoit 125% de probabilités d’une hausse de 25 points de base le 1er février, le marché anticipe donc 25 bps en l’état, pas 50. Le pic est prévu à 4,91%, les investisseurs ne prennent donc pas les mots de Jerome Powell comme argent comptant. Les indices d’actions parviennent à clôturer nettement au-dessus de leurs bas du jour, j’y reviens, tandis que le 10 ans US revient de 3,5550% à 3,49% ce matin, avant le discours de Powell il évoluait à 3,50%. Le dollar reste faible, la paire EUR/USD traite à 1,0648. Mais alors pourquoi donc le marché tient-il tête à la Fed? Les intervenants pensent probablement que la Fed n’aura pas la marge de manœuvre nécessaire pour décoller vers un taux final au nord de 5,00%. La raison en est qu'il existe une peur sous-jacente dans le marché que l'effet retard des hausses de taux précédentes va suffisamment affaiblir l'économie pour empêcher un passage aux niveaux élevés envisagés dans le dernier résumé des projections économiques. Cela ne signifie pas pour autant que le marché boursier est prêt à s'emballer, car l'implication de tout cela est que l'activité économique sera tellement affaiblie par les hausses de taux antérieures que les perspectives de bénéfices seront fortement diminuées.

Oncle Jay a probablement réussi son coup, il a freiné les ardeurs du marché, sans pour autant le mettre sous Xanax.

Au joyeux royaume des actions, on avait mis le champagne au frais, on le débouchera plus tard. L’indice S&P500 (SPX) est une nouvelle fois tenu en respect par sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe actuellement à 4032 points. Il repasse en-dessous des 4'000 points à la cloche (3’995 pts). Les volumes d’échanges reculent déjà avec 11 milliards de titres traités sur le NYSE, la volatilité abandonne 6,2%, le VIX revient à 21,14, les principaux indices rendent plus ou moins ce qu’ils avaient gagné la veille, le seul secteur à terminer la séance dans le vert est celui de la pharma, on est plutôt défensif à Wall Street hier mais ne vous y trompez pas chers ours, la poussière est en train de retomber Downtown Manhattan, l’horizon s’éclaircit pour les taureaux. La marche en avant de l’inflation décélère, la Fed est sur le point de mettre un terme à son cycle de hausses de taux et le dollar a mis un genou à terre. Gardons aussi en tête que les gérants de fonds US disposent de beaucoup de cash, que le sentiment du marché reste détérioré, que décembre et janvier sont d’excellents mois d’un point de vue historique pour le SPX et qu’une partie du ralentissement de la croissance des bénéfices de sociétés est probablement déjà dans les prix.

Le coût des produits qui composent un petit-déjeuner anglais a dépassé l'inflation alimentaire générale le mois dernier, la hausse des prix ayant particulièrement touché les produits de base comme le lait et les œufs. L'indice Bloomberg du petit-déjeuner bondit de plus de 21% en novembre par rapport à l'année précédente, contre une hausse de 16,4% pour l'ensemble des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées. Si cela peut consoler les Britanniques affamés de bacon, les Espagnols sont confrontés à une tendance similaire en ce qui concerne les coûts de la paella. Rien de tout cela en Suisse, où le prix de notre plat national a fondu.

Encore une grosse journée «macro», avec trois décisions de banques centrales: en Suisse (9h30), en Grande-Bretagne (13h00) et en Europe (14h15). Aux Etats-Unis, place à l'indice Empire Manufacturing, à l'indice Philly Fed, aux inscriptions hebdomadaires au chômage et aux ventes de détail (14h30), puis à la production industrielle (15h15) et aux stocks des grossistes (16h00). Ce matin, la Chine annonce une contraction de ses ventes de détail plus marquée que prévu en novembre et un rebond de la production industrielle décevant. L’abandon de la politique zéro covid va faire des vagues…

L'Allemagne approuve l'achat de F-35 à Lockheed Martin pour 10 milliards d’euros. Les actionnaires mécontents de HSBC lancent une nouvelle campagne pour une scission. Elon Musk vend 22 millions d'actions Tesla d'une valeur de 3,6 milliards de dollars. Microsoft va mettre en place une «frontière de données» pour les clients de l'UE à partir du 1er janvier. Implenia démarre les travaux d'excavation à l'entrée du tunnel Lyon-Turin, côté français. Carlsberg rachète la brasserie canadienne Waterloo Brewing pour 106 millions de dollars. British American Tobacco va cesser définitivement ses activités dans son usine suisse en 2023.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 0,25% à la cloche, Hong Kong perd 1,49%, Shanghai égare 0,25% et Séoul se replie de 1,60%. Le future SPX rend 8 points et l’Europe est indiquée en recul de 0,7%.

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