Gonet: l'actualité des marchés au 4 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,03%, S&P 500 -0,40%, Nasdaq -0,76%, Russell 2000 -0,60% SOX -1,23%, Eurostoxx +0,68%, SMI +2,32%.

C’est un début d’année timoré que nous réserve Wall Street, un début d’année qui contraste avec le démarrage en fanfare des indices européens, portés hier par les financières, la consommation discrétionnaire et la technologie. Ambiance «risk on» donc sur le vieux continent, tandis que chez l’Oncle Sam on se gratte la tête, les craintes d’inflation de 2022 sont en train de laisser la place à l’appréhension d’une récession potentiellement à nos portes. L'ancien président de la Fed de New York, William Dudley, affirme qu'un ralentissement imminent ne sera pas grave, tandis que les investisseurs continuent de se demander dans quelle mesure le resserrement de la Fed aura un impact sur l'économie. Dans un tel contexte, les intervenants préfèrent ne pas se jeter tête baissée dans les bras des actions, ce d’autant plus que les minutes de la dernière réunion de la Fed seront publiées ce soir et que le très important rapport mensuel sur l’emploi sort ce vendredi aux Etats-Unis. Pour ne rien arranger, Tesla et Apple reculent significativement (TSLA -12,28%, AAPL -3,74%). Chez Tesla les livraisons du quatrième trimestre sont inférieures au consensus malgré les récentes remises, la croissance annuelle totale des livraisons pour 2022 de 40% est inférieure à l'objectif de la société et les analystes notent des failles dans le scénario de croissance de la demande ainsi que des défis au niveau de la chaîne d'approvisionnement. On observe certaines préoccupations concernant les marges également. L’action avait déjà perdu 65% l’an passé et on se demande bien ce qui pourrait la faire remonter, sachant que son CEO est probablement devenu son pire ennemi, tellement il communique mal. Nikkei rapporte qu’Apple a réduit ses commandes de AirPods, Apple Watch et MacBooks au premier trimestre en réponse à la faiblesse de la demande. Le titre est également rétrogradé de «outperform» à «neutral» par BNP Paribas Exane.

En termes de secteurs, on notera principalement la faiblesse des pétrolières, qui pâtissent du repli du pétrole (le baril de WTI Light Crude se prend les pieds dans le tapis et revient à 76,26 dollars). La tendance baissière de l’indice S&P500 (SPX) reste en place, il doit casser le haut de cette dernière (zone 3990 – 4000 points) puis sa moyenne mobile à 200 jours (4005 points) pour prétendre repartir vers le nord durablement. Côté support, avec une clôture hier à 3824 points, le SPX se situe très légèrement au-dessus d’un niveau de retracement Fibonnacci (38,2% de la hausse de 2191 vers 4804 pts) qui se trouve à 3806 points, ensuite c’est 3800 puis 3500 points. La volatilité remonte quelque peu, le VIX gagne 5,6% à 22,9, un niveau qui reste plutôt faible ceci dit. Les volumes d’échanges sont limités, de nombreux intervenants ne sont pas revenus de leurs vacances de fin d’année.

Il est bien trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit après une séance de bourse, on sait bien que de nombreux points d’interrogation subsistent. Quid d’une récession? Où l’inflation en est-elle réellement? Que va faire la Fed? Où en sont les entreprises et leurs bénéfices? Beaucoup d’incertitudes certes, en revanche on sait que les investisseurs achètent massivement des obligations depuis le début de l’année. Prenez le 10 ans US, dont le rendement évoluait à 3,88% vendredi passé. Hier il revient à 3,76% et ce matin il est déjà à 3,70%. Comment ne pas comprendre des investisseurs désireux de sécuriser des rendements à l’échéance de 5 à 6% sur des signatures investment grade, plutôt que de miser sur les actions et leurs points d’interrogations?

Ceci dit, c’est bien souvent lorsque plus personne ne croit en elles qu’elles sont le plus intéressantes. À ce propos, l'indicateur sell-side de Bank of America, qui regroupe les opinions des stratèges de Wall Street en matière d'allocation d'actifs, a chuté de 33 points de base en décembre et se trouve désormais à 1,5 point de pourcentage d'un niveau historiquement lié à une bonne opportunité d'achat, le plus proche de signaler un achat depuis 2017. Et le marché des options évalue à une chance sur cinq que le SPX inverse essentiellement la baisse de 2022 cette année. Il y a un an, les chances d'une avancée de cette ampleur étaient de 1 sur 20. On le sait bien, acheter au plus bas et vendre au plus haut relève du vœu pieu. Ne désespérez pas chers taureaux, des opportunités apparaissent déjà que vous pouvez saisir via un produit structuré si le marché des actions vous laisse encore perplexe. Et puis, il n’y a pas que Tesla, Apple et les pétrolières dans ce marché. Parmi les facteurs positifs à l'œuvre, citons le refroidissement des données sur l'inflation en Allemagne, le rallye obligataire mondial qui y est lié et les signes d'un pic de Covid (et d'un creux de mobilité) dans certaines villes chinoises.

Je note le retour en force d’un quasi chien errant du marché: l’or. L’once a gagné 15% depuis le début novembre, elle opère un retour en grâce permis par l’affaiblissement du dollar et aussi peut-être par un positionnement des acteurs de ce marché, en vue d’un repli des taux d’intérêts plus tard dans l’année, et qui sait d’un retour en territoire négatif des taux réels, ce qui éliminerait de facto le coût d’opportunité de détenir la relique barbare. Ajoutez à cela une superbe «golden cross» (la moyenne mobile à 50 jours traverse la 200 jours à la hausse) qui devrait pointer son nez d’ici la semaine prochaine et vous obtenez ce retour en grâce, ma foi plutôt agréable, qui ne détient pas un peu d’or dans son portefeuille? A 1858 dollars l’once, la prochaine résistance se situe à 1897$ (61,8% de retracement Fibonnacci de la baisse de 2070 à 1616$), puis 1900$. Côté support il faut regarder 1843$ (50% de retracement Fibonnacci). Les valeurs minières se redressent. Newmont (NEM) et Pan American Silver (PAAS) figurent parmi les mineurs d'or et d'argent qui enregistrent les plus fortes hausses hier, respectivement +4,6% et +4,9%.

Les prix des produits alimentaires au Royaume-Uni ont augmenté au rythme le plus rapide en décembre depuis au moins 2005, tandis que l'inflation globale des prix des magasins s'est légèrement ralentie, selon le BRC. Les détaillants qui ont fortement réduit leurs stocks à l'approche de Noël ont contribué à faire baisser l'inflation dans les magasins de 7,4% à 7,3%, tandis que les coûts alimentaires ont grimpé de 13,3%, un record pour l'indice depuis son lancement en 2005.

L'UE s'oriente vers une approche de l'épidémie de Covid en Chine qui pourrait inclure des masques et des exigences de tests avant le vol. Selon un porte-parole de la Commission européenne, une forte majorité de pays est favorable aux tests avant le départ. La Maison Blanche déclare qu'il n'y a aucune raison pour que Pékin exerce des représailles contre les États-Unis et d'autres pays qui imposent des restrictions Covid à leurs voyageurs, affirmant que ces mesures sont justifiées par des raisons de santé publique.

Kevin McCarthy ne parvient pas à se faire élire président de la Chambre des représentants des États-Unis le premier jour de la nouvelle législature, ce qui n'était pas arrivé depuis un siècle. La chambre ajourne la séance après que les partisans de la droite dure du GOP l'aient empêché d'obtenir les 218 voix nécessaires malgré trois tours de scrutin. On s'attend à ce que les négociateurs tentent de sortir de l'impasse, ce qui met en évidence de profonds clivages internes et soulève des questions sur la capacité du parti à gouverner.

Au menu macro-économique du jour, la version définitive des indicateurs PMI de décembre des grandes économies mondiales cette fois pour les services. Aux Etats-Unis, il y aura aussi l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes en décembre (16h00) et les minutes de la dernière réunion de la Fed.

La société Ant de Jack Ma obtient l'autorisation des autorités chinoises de lever 10,5 milliards de yuans (1,5 milliard de dollars) pour son unité grand public, ce qui témoigne d'un assouplissement de la répression gouvernementale dans ce secteur. Alibaba bondit de 8,3% à Hong Kong. Microsoft et OpenAI travaillent sur un Bing alimenté par ChatGPT pour défier Google. Rivian manque de peu son objectif de production de 25'000 véhicules en 2022. Nvidia et Foxconn vont construire des plateformes de véhicules autonomes. Merck KGaA accorde une licence à PDS Biotech pour une thérapie anticancéreuse ciblant les tumeurs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Tokyo qui débute son année avec un recul de 1,45%. Hong Kong décolle de 3,07%, Shanghai grappille 0,22% et Séoul gagne 1,68%. L’ambiance semble nettement plus festive à Hong Kong qu’à Wall Street en ce début d’année. Le future SPX progresse de 11 points alors que l’Europe ouvre en hausse de 0,4%. Le dollar faiblit quelque peu et revient à 1,0630 contre euro.

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