Gonet: l'actualité des marchés au 8 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,34%, S&P 500 +1,03%, Nasdaq +1,51%, Russell +0,81%, SOX +3,36%, Eurostoxx +1,19%, SMI +0,25%.

Comment donc voulez-vous que Wall Street mette un pied à terre lorsque les sept magnifiques passent une bonne journée et que Jerome Powell gazouille des propos plutôt colombes?

Seizième record historique de l’année à la cloche hier pour l’indice S&P500 (SPX), record de tous les temps pour l’indice SOX des semi-conducteurs, qui dépasse la barre des 5’000 points pour la première fois. Tout est plus ou moins dit, Nvidia et Meta décollent de 3%, respectivement 4,5% supplémentaires, énième record pour la muse de l’intelligence artificielle, tandis que le marché ronronne d’aise à l’idée que le patron de la Fed a prononcé les mots magiques «la Réserve Fédérale n’est pas loin du point de réduire les taux d’intérêts». La volatilité fait du surplace, le podium du jour du SPX se compose de la tech, des services de communication et des materials, les bons du Trésor US sont recherchés, le 10 ans rend 4.07% ce matin, il a cassé sa moyenne mobile à 50 jours et regarde le niveau de 4,00%. Le Dollar Index (DXY) est également en mode colombe, il est repassé en-dessous de 103 hier et semble avoir grand peine à relever la tête. La paire eur/usd traite à 1,0932. Notons aussi la force retrouvée du yen, qui traite à 147,88 contre le billet vert, le marché se positionne en vue d’une Banque du Japon plus restrictive.

L’or se prend pour John Rambo, plus rien ne semble en mesure de stopper la relique barbare. Et pourtant la résistance de 2070$ par once avait tenu à plusieurs reprises (août 2020, mars 2022, mai 2023). À chacune de ces occurrences, le métal jaune avait été brutalement renvoyé dans les cordes. C’est le premier décembre de l’an passé que le vent commence à tourner avec une nouvelle tentative de cassure, un franchissement brutal et éphémère suivi d’un nouveau repli, qui ne dure guère cette fois-ci. Nouvelle tentative de cassure le 22 décembre, une nouvelle fois avortée mais l’once parvient à se maintenir au-dessus de 2070 dollars jusqu’au 2 janvier, une première. Et puis le 1er mars l’or franchit le Rubicon sans s’embarrasser de fioritures, pour traiter près de 100 dollars plus haut ce matin, précisément à 2162$. On peut attribuer ce mouvement à des anticipations de baisses de taux, à un dollar montrant des signes de fragilité, mais aussi à la banque centrale chinoise, qui accumulerait beaucoup d’or depuis quelque temps et enfin à des positionnements en vue d’un éventuel événement de volatilité.

On revient aux indices d’actions avec le CAC40 français qui clôture au-dessus des 8’000 points pour la première fois de son histoire. Notons au passage que la Fed n’est pas la seule banque centrale à murmurer des mots doux aux oreilles des investisseurs. Lorsque la BCE nous dit que son objectif d’inflation de 2% devrait être atteint l’an prochain, à votre avis quel effet cela a-t-il sur les acteurs du marché des actions ? Les commentaires de Christine Lagarde d’hier après-midi permettent au marché d’anticiper une première baisse de taux en juin. Avant on pensait à juillet.

Le rallye boursier de 2024 va probablement passer un important test de résilience dans les prochains jours après la publication de données clés qui pourraient révéler si les pressions inflationnistes se renforcent à nouveau ou pas. Les statistiques relatives à l’emploi et à l’indice des prix à la consommation sont toujours importantes pour les marchés (l’emploi, c’est pour cet après-midi). Mais elles sont peut-être particulièrement délicates ce mois-ci, après que le rapport sur l’emploi de janvier a surpris les investisseurs en montrant une demande de main-d’œuvre étonnamment forte, associée à un raffermissement de l’inflation. Cette publication avait interrompu des mois de données encourageantes qui montraient que le marché du travail se refroidissait progressivement tandis que le rythme de la hausse des prix diminuait plus rapidement que prévu. Cette situation avait suscité l’espoir que la Réserve fédérale pourrait maîtriser l’inflation sans provoquer de récession, ce qui avait notamment permis aux actions d’atteindre de nouveaux records. Récemment, les statistiques macro-économiques de février ont provoqué quelques turbulences. Le marché se retrouve du coup face à une situation plutôt délicate, un nouveau rapport fort sur l’emploi américain pourrait empêcher les investisseurs de continuer à tabler sur de multiples réductions des taux d’intérêt cette année et sur un retour en douceur à l’objectif d’inflation de 2% fixé par la Fed. À l’inverse, un marché de l’emploi faible en février constituerait également un risque pour les actions. Certains analystes estiment que le chemin de la Fed est si étroit qu’une forte baisse de la croissance de la masse salariale pourrait effrayer les marchés, ce qui ferait craindre que les taux d’intérêt plus élevés aient finalement rattrapé l’économie. En résumé, plus que jamais une configuration «boucle d’ors» soit ni trop chaude ni trop froide conviendrait merveilleusement bien à un joyeux royaume des actions qui plane en orbite depuis plus de quatre mois.

Joe Biden se présente comme le rempart contre la marée montante des menaces qui pèsent sur la démocratie, dépeignant son prédécesseur Donald Trump comme responsable de ces périls. «Vous ne pouvez pas aimer votre pays uniquement lorsque vous gagnez», déclare-t-il dans son discours sur l’état de l’Union. Par ailleurs, il exhorte le Congrès à adopter un projet de loi sur la sécurité nationale pour l’aide à l’Ukraine et expose des plans pour un impôt minimum de 21% sur les grandes entreprises.

La BCE pourrait être en mesure de réduire ses taux avant la pause estivale, déclare Joachim Nagel sur le podcast table.media, ajoutant que «les perspectives se sont éclaircies.»

Au menu macro-économique du jour, le temps fort de la semaine aura lieu à 14h30 avec les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis en février.

Accor faire son retour dans le CAC40 aux dépens d’Alstom. Vicat et Maurel rentrent dans le SBF120, dont sortent Fnac Darty et Clariane. Les changements seront effectifs le 18 mars. Broadcom perd 3,5% hors séance après ses trimestriels. Gap gagne 5,5% hors séance après ses trimestriels. Novo Nordisk s’attend à ce que la Chine approuve le Wegovy, son médicament amaigrissant, cette année. Oups…la renaissance d’Huawei dans les puces s’est appuyé sur LAM Research et Applied Materials, selon l’agence Bloomberg.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous en hausse. Tokyo progresse de 0,23% à la cloche, Hong Kong gagne 1,12%, Shanghai avance de 0,62%, Séoul prend 1,24% et le Nifty50 grappille 0,09%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe fait de même à l’ouverture.

Rendez-vous à 14h30 pour le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis! 

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