Gonet: l'actualité des marchés au 20 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,83%, S&P 500 +0,56%, Nasdaq +0,39%, Russell +0,54%, SOX -0,94%, Eurostoxx +0,50%, SMI -0,39%.

Depuis le 1er mars l’indice S&P500 (SPX) s’est mis en mode horizontal, il semble reprendre son souffle après quatre mois de hausse quasiment ininterrompue, elle-même précédée d’un ma foi fort joli rallye depuis la mi-octobre 2022. +0,88% en mars pour le SPX, -1,45% pour le Nasdaq100 (NDX), -1,86% pour le Russell2000 (RTY) (on boude les petites capitalisations, mais on reviendra), +1,79% pour le Stoxx Europe 600 (SXXP) et big up pour le SMI qui met tout le monde d’accord avec une hausse de 1,91%. Vous me direz qu’il était temps, que le Swiss Market Index évolue sous les radars depuis trop longtemps et vous aurez raison. À ce propos gardez un œil sur la paire EUR/CHF, qui tente de poursuivre l’affaiblissement récent de la monnaie helvétique, lui-même intimement lié à la BNS et ce qu’elle fera de son taux directeur demain matin.

Mode horizontal pour le SPX donc, mais ce petit coquin nous réalise tout de même une clôture record hier soir, juste avant l’entrée en scène tant attendue de Jerome Powell ce soir à 19 heures (CET), il fallait oser. Parce que figurez-vous que ce mercredi 20 mars est un jour de Fed pour les marchés, la Réserve Fédérale Américaine annonce sa décision quant à ses taux directeurs, qui ne devraient guère évoluer et rester dans leur fourchette de 5,25% - 5,5%. En revanche et comme d’habitude, c’est le discours du premier banquier de la planète qui est attendu par tout un chacun dans les salles de marchés. Rappelons que Jerome Powell a récemment dit qu’il n’excluait pas une première baisse de taux cette année encore. Il est ardu pour un banquier central de se déjuger, on attend de lui de la constance et des convictions sur le terme, le marché a besoin d’un capitaine à bord. De ce point de vue, il serait presque bon que Powell s’en tienne à son discours plutôt faucon, de type «il n’y a pas le feu au lac, on baissera les taux un jour mais pas d’urgence, ce d’autant que les choses ne se passent pas si mal sur le plan macro-économique». Ce genre de discours devrait laisser les indices de marbre. En revanche, si le patron de la Fed nous assène que les Fed Funds sont bien trop optimistes de prévoir une première baisse de 25 points de base lors du FOMC du 18 septembre, le marché pourrait en prendre ombrage, tandis qu’a contrario, une posture de type «chill out guys, on va vous les baisser ces satanés taux et fissa», pourrait déclencher un «melt up rallye». Il faut probablement faire une différence entre les perspectives (le marché s’attend à ce que les taux baissent à partir d’un jour donné) et la matérialisation de ces dernières (la Fed démarre son cycle de politique monétaire expansionniste). Le jour de la première baisse, les intervenants pourraient bien passer à autre chose, mais nous n’y sommes pas encore…

Le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, des utilities et de la consommation discrétionnaire. 10 des 11 secteurs du SPX progressent sur la séance, les services de communication font exception et reculent légèrement. On notera la bonne tenu des mastodontes de la tech, parmi eux Nvidia, qui termine proche de son plus haut du jour et gagne 1,07%. Bémols sur Meta et Alphabet qui reculent toutes deux légèrement, pénalisée par la volonté apparente de Temu (le géant chinoise/mondial de la vente en ligne qui propose des produits de toutes sortes à des prix défiant toute concurrence) de réduire sa dépendance aux Etats-Unis en termes de chiffre d’affaires. Sur le front des bons du Trésor US, on observe une première hausse en six séances, le rendement du 10 ans recule à 4,27%. Le dollar reste demandé, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0850, la volatilité fait du surplace, le pétrole se maintient à 82,55 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or fait de même, à 2155 dollars par once.

Au Japon, le yen s’affaiblit encore et évolue ce matin à 151,46 contre dollar, un niveau technique très important, il se situe pile sur une résistance solide, qui pourrait inciter de nombreux cambistes à tenter un long yen, tout en plaçant un ordre stop loss derrière ceci-dit, si le niveau est franchi le mouvement devrait s’accélérer.

La dernière enquête mensuelle menée par Bank of America auprès de gérants de fonds montre sans grande surprise que leur allocation en actions est à son plus haut niveau depuis deux ans, que leurs anticipations de croissance font de même, qu’ils ont tendance à se tourner vers le marché européen (tiens tiens…), les marchés émergents et les valeurs financières (ndlr UBS gagne 13% depuis un mois). C’est une énorme surprise que d’apprendre que le principal «crowded trade», le pari le plus embouteillé de ces messieurs dames est d’être long les 7 magnifiques (rappelons ici l’existence trop souvent dédaignée d’un type d’ordre de bourse appelé «stop loss»). 45% des gérants interrogés pensent que l’intelligence artificielle n’est pas une bulle, 40% pensent que oui tandis que 15% n’ont pas d’avis à ce sujet. Je me suis permis de prolonger l’enquête de BAC en posant la question directement à Chat GPT, qui est manifestement en vacances en Normandie et me livre la réponse suivante: «l’IA peut connaître des périodes de spéculation financière mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle constitue une bulle financière. La prudence et l’analyse diligente sont importantes pour les investisseurs qui s’intéressent à ce secteur en évolution rapide». Tellement juste et so boring… On revient à l’enquête de Bank of America, qui conclut avec le sentiment des investisseurs, qui n’a pas été aussi haussier depuis janvier 2022 (voir le passage sur les ordres stop…).

Ça balance pas mal à Paris ce matin, en fait ça balance des actions Kering au kilo, la firme annonce que Gucci a fort mal démarré son année avec des ventes en baisse de 20%, pénalisant celles du groupe Kering de 10%. 14% de baisse pour l’action Kering ce matin, qui entraine les valeurs du luxe avec elle, dans des proportions plutôt raisonnables ceci dit (LMVH perd 3,1% et on sait ce que «trou d’air» signifie pour ce genre de titre). Il semble que l’on compare de plus en plus Kering avec Burberry plutôt que LVMH dans le marché.

L'administration Biden envisage d'inscrire sur une liste noire les entreprises chinoises de puces électroniques liées à Huawei, selon l’agence Bloomberg, intensifiant ainsi sa campagne visant à freiner les ambitions de Pékin en matière d'intelligence artificielle et de semi-conducteurs. La plupart des entités concernées ont déjà été identifiées à Washington comme des installations acquises ou construites par Huawei.

Super Micro Computer aurait eu du mal à placer les actions dans le cadre de son augmentation de capital, après le chute du titre hier. Samsung Electronics monte à Séoul après que Nvidia a adoubé ses puces mémoires. Boeing envisage la vente d'au moins deux de ses petites activités de défense, selon Bloomberg. Le patron d'Apple, Tim Cook, est en visite en Chine, un pays où le groupe souffre actuellement. Lonza rachète à Roche un site de produits biologiques aux Etats-Unis pour 1,2 milliard de dollars. ABB et Green Hydrogen International s'associent pour construire un site d'hydrogène vert aux États-Unis. Tesla va relever le prix de ses Model Y produits en Chine à partir du 1er avril. L'IPO de Douglas aura lieu à 26 EUR l'action à Francfort.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo est fermée, Hong Kong grappille 0,08%, Shanghai avance de 0,55%, Séoul gagne 1,28% et le Nifty50 progresse de 0,19%. Le future SPX recule de 6 points et l’Europe ouvre en baisse de 0,35%. 

Tout le monde sur le pont à 19 heures pour l’annonce de la Fed!

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