Gonet: l'actualité des marchés au 13 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,61%, S&P 500 +1,12%, Nasdaq +1,54%, Russell -0,02%, SOX +2,09%, Eurostoxx +1,07%, SMI +0,66%.

L’économie est une science merveilleusement inexacte. Aucun test en laboratoire ne peut en corroborer rigoureusement les hypothèses et prédictions. Prenez la journée d’hier, marquée par la publication du très attendu indice des prix à la consommation aux Etats-Unis. Le CPI de février sort légèrement au-dessus des attentes, il nous apprend que les prix ont progressé de 3,8% sur une base annuelle, les économistes prédisaient 3,7%, en janvier c’était 3,9%. On constate donc que le processus de désinflation vers les 2% souhaités par la Fed se poursuit mais qu’il ralentit. Le marché obligataire réagit, il envoie le rendement de l’emprunt américain à 10 ans de 4,09% à 4,14%, jusqu’ici tout va bien, la théorie économique est respectée, ce d’autant que le dollar rebondit quelque peu, qui réagit lui aussi conformément à la publication du jour. Du côté du joyeux royaume des actions, on tient compte de la théorie économique une heure durant, puis les acheteurs reviennent en force et envoient l’indice S&P500 (SPX) clôturer à un nouveau record historique (le 17e cette année).

Mais qu’est-ce donc qui a piqué les acteurs du marché pour revenir en force dans les actions à ce point après un tel rapport? Well… Commençons par le début qui se résume en un mot: momentum. Depuis plus de quatre mois, une force acheteuse anime les parquets de trading, qui ne semble pas prête à faiblir. En parallèle le sentiment du marché est clairement orienté cupidité, on a rangé la peur dans une vieille malle fermée à double tour. Dans un tel contexte, quoi de plus facile que de voir le verre à moitié plein. La désinflation ralentit? Certes, mais elle reste d’actualité, les Fed Funds prévoient d’ailleurs la première baisse de taux par la Fed pour le 18 septembre. On le sait bien, l’espoir fait vivre, tant que le marché est persuadé – et c’est le cas – que la Réserve Fédérale des Etats-Unis débutera son cycle d’assouplissement monétaire cette année encore, tout ira bien. Cerise sur le gâteau, il ne vous aura peut-être pas échappé que, depuis novembre 2022 la planète a pris conscience d’un phénomène nommé «intelligence artificielle», la finance ne faisant pas exception. Or hier la mère de toutes les actions IA, Nvidia, rebondit de 7,1%, après avoir reculé deux séances durant subissant des prises de profits. Son retour en forme est accompagné par Oracle, la veille boîte à logiciels, qui publie de solides résultats en ajoutant malicieusement que ses ventes dans le cloud augmentent, notamment le cloud pour l’IA. N’en jetez plus, le marché ne voit que ces deux lettres magiques et envoie Oracle 11,7% plus haut.

Le podium du jour du SPX se compose de la tech (ô surprise), des services de communication et de la consommation discrétionnaire. Les 7 magnifiques passent une fort jolie séance, on boude les petites capitalisations, les intervenants recherchent à nouveau des actions de croissance, l’appétit au risque augmente encore dans les salles de marchés. La volatilité se fait toute petite dans un coin de Wall Street, mais ne recule pas, le VIX clôture à 13,88, un niveau plutôt bas. La paire EUR/USD traite ce matin à 1,0930, elle ne nous dit pas grand-chose, hormis peut-être le refus du billet vert de profiter du CPI pour repartir à la hausse, un double signal en fait, les taux sont attendus à la baisse et la peur n’est définitivement pas de mise ces temps Downtown Manhattan.

On assiste à de prises de bénéfices sur l’or, l’once revient à 2159 dollars après avoir atteint 2179 dollars le 8 mars. Un recul pour mieux sauter?

Allez hop! Traversons l’Atlantique pour constater que l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) a lui aussi atteint un record historique à la cloche hier. Rapide crochet par l’Helvétie et constat que, depuis le 12 février, l’indice SMI fait mieux que le SPX, le NDX et même que le SXXP avec un gain de 5,84% (SPX 3,22%, NDX 1,99%, SXXP 4,2%). Le Swiss Market Index a été notamment porté durant cette période par UBS, Roche, Zurich, Richemont, ABB et Novartis. Nestlé recule quelque peu, imaginez un peu quand elle se résoudra à repartir vers le nord… Quoi qu’il en soit, cette performance nous indique qu’une exposition, même mineure, au marché suisse des actions reste bien souvent opportune, elle ajoute une pincée de composante défensive aux portefeuilles, tout en étant investie dans une des monnaies les plus solides au monde. En plus, si on achète la Lindt Nominative et qu’on s’inscrit au registre des actionnaires, on reçoit une boîte de chocolat de type luxe une fois l’an, mais je m’égare, j’ai faim.

La BCE est largement d'accord pour commencer à abaisser ses taux au printemps, car la bataille contre l'inflation est en train d'être gagnée, déclare François Villeroy au Figaro. De son côté, Robert Holzmann met en garde contre le risque de réaction des investisseurs en cas d'assouplissement avant la Fed. «L'Europe n'est pas le 13e district de la Fed, mais ce que fait la Fed est important».

Vladimir Poutine attaquera d'autres États si la Russie gagne sa guerre en Ukraine, avertit le président polonais Andrzej Duda. Moscou annonce avoir tué 234 combattants en déjouant une incursion des forces ukrainiennes, selon l'AP.

Au menu macro-économique du jour, on commence avec le PIB mensuel du Royaume-Uni (sorti pile en ligne), suivi plus tard par la production industrielle de l'UE (11h00). Les stocks de brut du DOE suivront à 15h30. 

BNP Paribas confirme ses objectifs de bénéfice net et de dividendes pour la période 2024-2026. Adidas prévoit une baisse de ses ventes en 2024 en raison d'un marché nord-américain sur-stocké. Geberit affiche des résultats 2023 en baisse. Inditex dégage 5,4 milliards d’euros de bénéfice net en 2023. Sandoz a vu sa rentabilité fléchir en 2023 et vise 20% de marge d'Ebitda cette année. Volkswagen s'attend à une augmentation des commandes en Europe occidentale grâce aux nouveaux véhicules. Enorme surprise ! Boeing renforce ses procédures de sécurité et de qualité. La subvention de 3,5 milliards de dollars accordée à Intel aux Etats-Unis se heurte à des obstacles, le Pentagone ayant renoncé à fournir sa part de 2,5 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg. Zalando lance un programme de rachat d'actions portant sur montant pouvant atteindre 100 millions d’euros. 

C’est désormais officiel, Gaston Statler et Victor Waldorf reprennent du service. Les deux vieux du Muppet Show feront leur retour ces prochains mois sur vos écrans et, le 5 novembre, il n’en restera plus qu’un. 

Au Japon les lignes continuent de bouger autour de la Banque Centrale. Les négociations salariales font parler d’elles, Toyota vient d’accepter les revendications de ses salariés, notamment en termes salariaux (je précise que les demandes ne sont pas allées vers des baisses de salaires). Le marché en conclut que le premier tour de vis de la BoJ se rapproche à grand pas, selon la théorie économique (imparfaite donc rappelons-le) que lorsque l’inflation fait son retour, les travailleurs réclament des hausses de salaires, ce qui renforce l’inflation à son tour et provoque une politique monétaire plus restrictive de la banque centrale dans le but de freiner l’ascension du niveau général des prix. Une politique monétaire restrictive (hausses de taux) a pour effet de renforcer la monnaie, le yen repart vers le nord et les marchés d’actions (qui ont atteint récemment des records) boudent, surtout au Japon dont l’économie est fortement tournée vers l’export et donc fort sensible à l’évolution de sa monnaie. Ça c’est pour la théorie, dans la vraie vie le yen traite ce matin à 147,68 contre dollar, il voit un niveau de support à 146,30, c’est sa moyenne mobile à 200 jours. 

Cette nuit et ce matin en Asie, les actions reculent hormis à Séoul où l’indice Kospi progresse de 0,44%. Tokyo égare 0,26% à la cloche (voir chapitre précédent), Hong Kong est inchangé, Shanghai perd 0,4% et le Nifty50 rend 1,05%. Le future SPX grappille 3 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 01%. 

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