Julius Baer dispose d’un grand potentiel de différenciation

Yves Hulmann

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Pour Philipp Rickenbacher, CEO de Julius Baer, le rachat de Credit Suisse par UBS n’a pas changé fondamentalement les possibilités de recrutement sur le marché.

©Keystone

Les marchés ont accueilli positivement les résultats au premier semestre publiés lundi par Julius Baer. L’action du gestionnaire de fortune zurichois a terminé la séance de lundi en hausse de 8,38% à 61,04 francs, soit la meilleure performance de l’indice SLI de la journée. Entre janvier et juin, le groupe a vu son bénéfice net IFRS attribuable aux actionnaires s’établir à 532 millions de francs, en progression de 18% sur un an. A fin juin, les actifs sous gestion de l’établissement s’élevaient à 441 milliards de francs, en hausse de 4% durant le premier semestre, portés par des afflux nets de nouveaux fonds de 7,1 milliards de francs, comparé à des retraits de 1,1 milliard à la même période un an plus tôt et par rapport à des afflux nets de 9,8 milliards durant le deuxième semestre 2022. Que faut-il attendre pour la deuxième moitié de l’année 2023 et quelles sont les ambitions de l’établissement, qui employait à fin juin 7185 personnes (postes équivalents à plein temps), soit 292 de plus qu’à fin décembre dernier, en termes de recrutement de nouveaux conseillers à la clientèle? Le point avec Philipp Rickenbacher, CEO de Julius Baer.

Au premier semestre 2023, Julius Baer a enregistré des afflux nets de fonds à hauteur de 7,1 milliards de francs, comparé à des retraits de 1,1 milliard à la même période en 2022. Lors de la présentation des résultats, vous avez précisé qu’après un démarrage lent, les afflux nets de fonds ont ensuite accéléré durant la deuxième partie du semestre. Quelles sont vos attentes pour la deuxième moitié de l’année 2023?

Durant les années 2020 et 2021, nous nous trouvions encore dans une période d’ajustement. En 2022, nous avons pu augmenter à nouveau nos effectifs de conseillers à la clientèle (ou «Relationship Manager», RM). Durant le premier semestre 2023, nous avons augmenté notre effectif de conseillers à la clientèle de 57 collaborateurs, portant le total à plus de 1300 personnes. Donc, dans l’ensemble, nous sommes très satisfaits à la fois des afflux nets d’argent frais enregistrés durant le premier semestre – qui auraient même atteint 9,2 milliards de francs hors impact du repli des financements externes de la clientèle ou «deleveraging» – ainsi que du recrutement des nouveaux conseillers à la clientèle.

«Il faut généralement entre 3 et 4 ans pour que le recrutement de nouveaux conseillers produise des effets positifs en termes de rentabilité.»

Maintenant, nous sommes aussi conscients du fait qu’il faut généralement entre 3 et 4 ans pour que le recrutement de nouveaux conseillers produise des effets positifs en termes de rentabilité. Compte tenu de nos sources de revenus bien diversifiées et de marchés plus positifs que l’an dernier, il n’y a pas de raison de penser que la tendance positive actuelle puisse s’inverser, sauf si un événement majeur, à l’exemple d’une guerre, devait se produire. Il peut y avoir de petites différences d’un trimestre à un autre, comme on l’a vu en deuxième partie du premier semestre, mais la tendance globale restera à mon avis positive.

Si Julius Baer a pu recruter 57 nouveaux conseillers à la clientèle au premier semestre, faut-il anticiper le double de ce nombre pour l’ensemble de 2023?

Non, on ne peut pas extrapoler de façon exactement linéaire la tendance du premier semestre à la deuxième partie de l’année. Néanmoins, si l’on considère que le recrutement brut de conseillers à la clientèle avait été de 165 personnes sur l’ensemble de 2022 - et qu’il a déjà atteint plus de 100 personnes depuis de le début de cette année -, on peut raisonnablement penser que l’on parviendra à recruter au moins autant de nouveaux conseillers à la clientèle en seconde partie d’année 2023 qu’entre janvier et juin. C’est la qualité des nouveaux conseillers recrutés qui compte, tout comme il est nécessaire que l’engagement de ces nouvelles personnes fasse sens d’un point de vue économique.

«Le secteur de la gestion de fortune évolue dans le sens d’une forte industrialisation et standardisation. Cette tendance renforcera la valeur ajoutée de notre modèle d’affaires.»
Est-il plus facile de recruter du personnel depuis l’annonce du rachat de Credit Suisse par UBS?

Dans notre domaine d’activité, cela n’a pas changé fondamentalement les possibilités de recrutement sur le marché. Même avant l’annonce de la reprise de Credit Suisse par UBS, il y avait déjà des changements réguliers de conseillers à la clientèle qui partaient d’un établissement pour aller vers un autre. Il n’est ni plus facile, ni plus difficile de recruter les profils souhaités qu’auparavant. Dans l’ensemble, Julius Baer est bien profilé pour pouvoir continuer à recruter le personnel nécessaire ou pour former de nouveaux conseillers à l’interne grâce à nos propres programmes de formation.

Par ailleurs, j’observe que le secteur de la gestion de fortune évolue dans le sens d’une forte industrialisation et standardisation. Cette tendance renforcera à mon avis la valeur ajoutée de notre modèle d’affaires axé sur le conseil personnalisé. Il existe un grand potentiel de différenciation pour Julius Baer à l’avenir.

A l’instar d’une grande partie du secteur bancaire, Julius Baer a profité de la hausse des taux d’intérêt en première moitié d’année. Que se passera-t-il si les taux recommençaient à diminuer en 2024?

Nous avons déjà anticipé à l’aide de modèles quel serait l’impact d’une baisse des taux d’intérêt à partir de l’an prochain. L’important est que notre modèle d’affaires soit bien adapté à l’évolution des marchés et des taux d’intérêt. Je pense que nous avons mis en place un modèle d’affaires qui est tout à fait capable de gérer les futures variations des taux d’intérêt.

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