Julius Baer accélère modestement en début d’année

AWP

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Les avoirs sous gestion de l’établissement dirigé par Philipp Rickenbacher s’établissaient à 429 milliards de francs à fin avril, en hausse de 1% sur un an, grâce à la reprise des marchés et aux afflux d’argent frais.

Julius Baer n’a que modestement profité du rebond des marchés financiers en début d’année et des déboires de son rival en difficulté Credit Suisse. Le gestionnaire de fortune poursuit néanmoins ses efforts de recrutements afin de capter plus de fonds.

«Les quatre premiers mois de 2023 ont été difficiles pour les gestionnaires de fortune, en raison des incertitudes dans le secteur bancaire», a indiqué le groupe, en référence aux déboires de plusieurs banques régionales aux Etats-Unis. La période a également été marquée en Suisse par la débâcle de Credit Suisse et son rachat forcé par le concurrent UBS.

Les avoirs sous gestion de l’établissement dirigé par Philipp Rickenbacher se sont établis à 429 milliards de francs fin avril, en hausse d’un petit 1% sur un an, grâce à la reprise des marchés et aux entrées d’argent frais, a précisé la banque mardi dans un communiqué.

Les afflux nets ont quant à eux atteint 3,5 milliards, après des sorties de 2,7 milliards sur la même période en 2022. La direction de Julius Baer avait récemment admis avoir profité des déboires de Credit Suisse, en voie d’absorption par UBS, en récupérant une partie des fonds retirés par des clients de la banque aux deux voiles.

Les entrées de fonds ont néanmoins démarré lentement en 2023, pour accélérer par la suite. Julius Baer a notamment bénéficié de ses efforts de recrutements en matière de conseillers clientèle, avec l’arrivée d’une quarantaine d’équivalents temps plein soutenue «par les récentes turbulences ailleurs dans le secteur», une référence voilée aux déboires de Credit Suisse. Les embauches devraient se poursuivre dans le courant de l’année et soutenir l’arrivée de nouveaux capitaux.

Le gestionnaire de fortune zurichois, qui n’a pas publié de résultats détaillés, a évoqué une «performance opérationnelle dans l’ensemble stable», avec une marge brute à «un peu plus de 92 points de base», après 85 points il y a un an.

Le rapport entre les coûts et les revenus s’est par contre dégradé à «un peu plus de 66%», après 63,0% il y a un an. La banque a justifié la hausse des coûts par la poursuite des recrutements dans certaines régions clés, investissant au passage dans la technologie et les produits.

Ces chiffres sont dans l’ensemble inférieurs aux prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP.

En matière de capitalisation, la banque a amélioré son ratio de fonds propres durs (CET1) d’un point de pourcentage à 15,0%, comparé à fin 2022.

Investisseurs désappointés

La banque n’a pas détaillé ses perspectives pour la suite de l’exercice. Le groupe prévoyait jusqu’à présent, sur la période 2023-2025, de dégager une marge ajustée avant impôts de 28-31 points de base et un rapport coûts-revenus ajusté «inférieur à 64%». Le bénéfice avant impôts ajusté doit croître de 10% par an et le rendement des capitaux (CET1) ajusté au moins 30%.

Julius Baer veut par ailleurs réaliser d’ici deux ans des économies brutes de 120 millions de francs, en ajustant sa présence mondiale, en améliorant son efficience et en optimisant son organisation. Ces réductions de coûts doivent permettre de réaliser des investissements de 400 millions dans les technologies entre 2023 et 2025.

Les analystes ont été déçus par la faible performance de Julius Baer en début d’exercice, notamment en matière d’argent nouveau. Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Julius Baer aurait dû profiter des difficultés de Credit Suisse. La banque aux deux voiles a subi d’importantes sorties de fonds fin 2022, susceptibles d’être récupérées par le gestionnaire de fortune zurichois.

Barclays a par contre relevé les aspects positifs liés aux recrutements de nouveaux conseillers clientèle, «qui vont placer le groupe dans une bonne position pour bénéficier de l’acquisition de Credit Suisse par UBS».

Les experts de Vontobel ont pour leur part rappelé que l’action Julius Baer s’est appréciée de 17% depuis le début de l’année, reflétant les attentes des investisseurs de voir l’établissement figurer parmi les principaux bénéficiaires de la débâcle de Credit Suisse.

A la Bourse, l’action Julius Baer a fini en recul de 7,4% à 58,18 francs, dans un SLI en baisse de 0,79%.

Gel d’actifs de clients russes et biélorusses suite à une exigence d’Euroclear

Le gestionnaire de fortune Julius Baer a notifié à ses clients russes et biélorusses que leurs comptes d’investissement seraient isolés de leurs autres actifs et que les opérations n’y seraient plus autorisées, invoquant une exigence de la société de dépôt européenne Euroclear.

«Nous avons été informés par Euroclear que l’interprétation de l’autorité belge sur la restriction de l’UE sur les dépôts en espèces exige une ségrégation des titres détenus dans les banques de dépôt belges», a indiqué mardi à AWP une porte-parole de l’établissement zurichois, soulignant que l’interprétation de certaines sanctions «évolue de manière constante».

Elle n’a pas souhaité s’exprimer en revanche sur les volumes concernés, renvoyant à la publication des résultats annuels en février. La banque avait alors indiqué qu’à fin 2022 seul 0,7% de ses avoirs sous gestion (AuM) était associé à «des personnes russes n’ayant pas le droit de résider dans l’Espace économique européen ou en Suisse».

Dans un courrier adressé à sa clientèle russe et biélorusse dont l’édition russe de Forbes dit avoir eu copie, Julius Baer indique que la vente de titres détenus auprès d’Euroclear, ainsi que l’achat de nouveaux titres, ont été suspendus, et que le produit en espèces de la vente d’actions et d’obligations, ainsi que les paiements de coupons et de dividendes seront conservés sur des comptes séparés, auxquels les clients n’auront pas accès.

Si ce gel de facto ne concerne pour l’heure pas les titres détenus auprès d’autres dépositaires qu’Euroclear, la banque précise qu’elle n’est pas en mesure de contrôler l’application ultérieure de restrictions d’autres dépositaires, et qu’elle se pliera aux instructions de toute juridiction imposant des mesures similaires dans le cadre des sanctions applicables.

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