Le franc s'apprécie à l'euro dans un contexte de crise en Turquie

AWP

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Vers 17h30, la devise suisse s'échangeait à 1,13519 franc pour un euro, signant un plus bas depuis le début de l'année.

Le franc s'est nettement apprécié face à l'euro vendredi, dans un contexte généralisé d'aversion au risque qui a saisi l'ensemble des marchés financiers internationaux. La devise suisse a joué dans l'immédiat sa fonction de valeur refuge, mais les analystes ne s'attendent pas à ce que la pression subsiste longtemps sur la monnaie helvétique.

Vers 17h30, la devise suisse s'échangeait à 1,13519 franc pour un euro, signant un plus bas depuis le début de l'année. Jeudi à la mi-journée, la paire de monnaies s'échangeait encore à 1,1523 euro-franc.

«Des craintes sur d'éventuelles conséquences négatives de la crise de la livre turque pour l'Europe et notamment ses banques ont nettement fait chuter l'euro lors du négoce en Asie», a indiqué le spécialiste en devises de BayernLB, Manuel Andersch.

«Les craintes de dommages collatéraux et de contagion de la crise de la devise turque grandissent», a souligné Kit Juckes, analyste de Société Générale, pour expliquer les répercussions sur l'euro.

La livre turque, à l'agonie depuis plusieurs jours, a enregistré vendredi une chute abyssale de sa valeur accélérée par l'annonce américaine d'une forte hausse des taxes à l'importation et des déclarations virulentes du président Erdogan dénonçant une «guerre économique».

La situation s'est encore aggravée en fin d'après-midi avec l'annonce par le président américain Donald Trump d'une forte augmentation des taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium turcs qui s'élèveront désormais respectivement à 50% et 20%.

Le franc se trouvait quant à lui sous pression pour diverses raisons, a indiqué à AWP Arnaud Masset, analyste chez Swissquote.

Le Brexit aggrave la situation

«Depuis quelques mois nous assistons à la guerre commerciale entre notamment les Etats-Unis, l'Union européenne et la Chine. Si la partie s'est un peu tassée entre Washington et Bruxelles, les marchés anticipent toujours le comportement imprévisible du président américain Donald Trump», a expliqué M. Masset.

S'ajoute pour la zone euro le problème du Brexit qui est loin d'être réglé. La chute brutale de la livre turque ce vendredi, sur fond de crise diplomatique entre Ankara et Washington et d'inquiétudes face à d'éventuelles répercussions sur des banques européennes, «pourrait par un effet de contagion apporter de l'incertitude» sur les marchés européens, a-t-il ajouté.

«Le dossier turc s'ajoute à la liste des facteurs d'aversion au risque qui contribue à la baisse des cours des matières premières, au recul des rendements obligataires et à la hausse du dollar», ont ajouté les analystes de Mirabaud Securities.

Le billet vert a ainsi atteint son plus haut niveau en 13 mois face à un panier de devises, notamment l'euro et le franc, a ajouté la banque privée genevoise.

Alors que le dollar reste la valeur refuge par excellence, le yen et le franc jouent également ce rôle et profitaient des incertitudes actuelles.

Le spécialiste de Swissquote ne s'attend cependant pas à ce que la devise helvétique continue de baisser sur une plus longue période. «La crise turque impacte le sentiment de la journée, mais pas sur le moyen terme», a estimé Arnaud Masset, qui s'attend à ce que la paire de devises euro-franc se relâche de nouveau par la suite.