BCE: communication prospective, mais cible d’inflation encore loin

William De Vijlder, BNP Paribas

1 minute de lecture

L’accent mis sur l’horizon de projection d’inflation pourrait à terme compliquer la communication de la Banque centrale européenne.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE a ajusté sa communication prospective (forward guidance) relative à ses taux directeurs conformément à son nouvel objectif d’une inflation symétrique autour de 2%. On ne peut manquer de remarquer la référence explicite à l’horizon de projection (actuellement 2021-2022-2023). Christine Lagarde a précisé à l’occasion de la conférence de presse souhaiter concentrer son action sur le milieu de cette période. Cela implique une approche de politique monétaire proactive (c’est-à-dire anticipant l’évolution de l’inflation), en opposition directe avec l’approche réactive de la Fed, axée sur les données économiques publiées. 

A l’aune du degré de restriction de la politique monétaire, l’approche de la Fed implique une politique plus accommodante que la BCE. Le contraste est encore plus saisissant si l’on considère que Madame Lagarde a indiqué que des dépassements temporaires et modérés de la cible d’inflation seraient tolérés, sans qu’ils soient pour autant recherchés. La BCE s’inscrit ainsi clairement en rupture avec l'approche de la Fed qui consiste à cibler un taux d’inflation moyen sur un cycle, nécessitant en conséquence un dépassement temporaire. Rien de surprenant donc à ce que l’euro se soit légèrement renforcé durant la conférence de presse. 

L’accent qui est mis sur l’horizon de projection pourrait à terme compliquer la communication de la BCE s’il arrive que les décisions du Conseil des gouverneurs se démarquent des projections des équipes de la BCE. On n’en guettera qu’avec plus d’attention encore ces publications.

A lire aussi...