Une forme de résilience

Axel Botte, Ostrum AM

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Malgré les tensions, l’économie et les marchés résistent, soutenus par l’emploi et les résultats d’entreprises.

© Keystone

 

Les marchés d’actions ont bien réagi aux publications trimestrielles malgré le manque de visibilité des entreprises. La croissance négative au premier trimestre aux Etats-Unis contraste avec un rapport sur l’emploi encore solide en avril. L’activité en zone euro ressort meilleure qu’attendu au premier trimestre. 

Au-delà du premier choc d’incertitude subi par les marchés financiers, l’économie mondiale va désormais devoir composer avec la réalité des tarifs douaniers américains. La demande de transport maritime s’est effondrée en avril, ce qui préfigure une forte contraction des importations américaines au deuxième trimestre et du commerce mondial. Les étagères vont se vider en quelques semaines et cette réalité accélérera probablement les discussions internationales, avec un accord attendu dès le mois de juin dans le cas du Japon. L’économie américaine s’est contractée de 0,3% en rythme annualisé au premier trimestre. La consommation s’est redressée autour de la fin de trimestre grâce aux achats d’automobiles. Donald Trump a d’ailleurs pris acte des difficultés du secteur induites par sa politique en allégeant la double peine des tarifs spécifiques et des taxes sur l’acier et l’aluminium. La hausse de l’investissement s’explique principalement par les importations d’ordinateurs produits principalement en Chine. Ces dépenses ont augmenté de 112% entre janvier et mars, apportant un demi-point de croissance. Le contrecoup sur la demande interne n’en sera que plus fort et le «vrai» ralentissement est devant nous. L’emploi se maintient néanmoins malgré les annonces de licenciements et la baisse continue des postes à pourvoir. Les créations d’emplois ressortent à 177'000 en avril avec un taux de chômage stable à 4,2%. La santé, la logistique et les loisirs contribuent à cette hausse mensuelle. L’emploi temporaire est prédominant dans les créations d’emplois. Cela peut sembler paradoxal mais de nombreuses entreprises rapportent encore des difficultés de recrutement et des tensions salariales sans doute liées à l’arrêt de l’immigration. Dans ce contexte, le rebond de l’activité en zone euro est surprenant. Certes, ce sursaut cache une forte contribution des stocks en France et prédate la mise en œuvre des tarifs. Néanmoins, la résilience de l’économie semble se confirmer. L’inflation est proche de 2% en avril grâce au repli du baril. 

Résultats solides et rebond des actifs risqués

Dans ce contexte, tout signal de désescalade déclenche un rebond des actifs risqués. Les publications trimestrielles sont solides aux Etats-Unis. Les deux tiers des entreprises du S&P 500 ont publié. La surprise moyenne est de l’ordre de +8% sur les bénéfices du 1er trimestre même si les chiffres d’affaires sont moins dynamiques (+4,1% sur un an). La technologie et la santé présentent les plus fortes croissances de profits. Beaucoup d’entreprises refusent de publier des projections du fait des tarifs. GM annule ainsi ses rachats d’actions, les pétrolières les maintiennent… en réduisant leurs investissements après le nouveau recul du pétrole. En Europe, les surprises positives masquent une baisse des bénéfices sur un an. Sur les marchés de taux, le 10 ans américain oscille entre 4,20% et 4,30%. La volatilité s’amortit sur l’obligataire également en zone euro, où le Bund se maintient autour de 2,50%. Le crédit s’écarte modérément mais la balance des flux se redresse sur l’investment grade comme sur le high yield. Le crossover s’échange à 340pb.

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