Le Crédit Agricole ralenti par des provisions et une charge fiscale

AWP

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Le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d’affaires dans le secteur, ressort en hausse de 5,5% sur un an entre janvier et mars, à 10,05 milliards d’euros.

Le groupe bancaire Crédit Agricole a publié mercredi un bénéfice net en baisse de 9,2% au premier trimestre, à 2,2 milliards d’euros, freiné les provisions passées par ses caisses régionales et une charge d’impôt exceptionnelle.

Le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d’affaires dans le secteur, ressort en hausse de 5,5% sur un an entre janvier et mars, à 10,05 milliards d’euros.

«Nous avons à la fois une croissance significative des revenus et une croissance du résultat net avant impôt», s’est félicité lors d’une conférence de presse téléphonique le directeur général de la banque Philippe Brassac.

Le dirigeant, qui cèdera sa place le 14 mai à l’actuel directeur général délégué de Crédit Agricole SA Olivier Gavalda, a dans le même temps souligné l’»impact significatif» de la surtaxe exceptionnelle sur les grandes entreprises votée par le Parlement français en début d’année.

Celle-ci représente une charge exceptionnelle estimée par le Crédit Agricole à 330 millions d’euros cette année, dont 207 millions d’euros passés au seul premier trimestre.

Le résultat des caisses régionales est également affecté par une hausse importante - de près de 30% sur un an - du coût du risque, c’est-à-dire les sommes provisionnées pour faire face aux éventuels impayés sur les crédits consentis.

A l’échelle du groupe, il s’élève à 735 millions d’euros (+12,9% sur un an).

Effet Trump

Xavier Musca, directeur général délégué de l’entité cotée de Crédit Agricole, Crédit Agricole SA (Casa), a dit ne pas voir d’impact «à ce stade» des taxes douanières brandies par le président américain Donald Trump sur les remboursements de ses clients entreprises.

Le dirigeant a cependant évoqué «l’attentisme» de certains face à la situation.

Le PNB de Casa a atteint 7,3 milliards d’euros au premier trimestre, un montant en hausse de 6,6% sur un an et conforme aux attentes des analystes compilées par l’agence financière Bloomberg et le fournisseur de données Factset.

La banque a mis en avant un niveau record des revenus au sein de la banque de financement et d’investissement, un chiffre d’affaires au plus haut de l’activité d’assurance et un plus haut en matière d’encours atteint par Amundi, la filiale de gestion d’actifs.

«Nous avons bénéficié d’une très grande volatilité des marchés (...) liée à la fois aux annonces de Trump et puis également aux annonces allemandes», a indiqué M. Musca.

Le bénéfice net de Casa, moins affecté par la surtaxe que celui des caisses régionales, est cependant aussi en retrait de 4,2%, à 1,8 milliard d’euros.

Impôts et campagne italienne

Les banques s’étaient dites dès octobre dernier prêtes à participer à l’»effort» financier exceptionnel demandé par le gouvernement français, par la voix du président de la Fédération bancaire française (FBF) et directeur général de la Société Générale Slawomir Krupa.

«Nous sommes une nouvelle fois un contributeur fiscal assidu, présent», a relevé M. Brassac, espérant dans le même temps que cette surtaxe, qui s’applique sur les revenus en France générés en 2024 et 2025, reste «ponctuelle».

M. Brassac est également revenu sur les ambitions de son groupe en Italie, où le secteur bancaire est en pleine recomposition. Le Crédit Agricole y réalise en année pleine 1,3 milliard d’euros de résultat net.

L’évolution de cette présence s’est traduite récemment par la montée progressive de Crédit Agricole au capital de la troisième banque italienne Banco BPM. Il en est aujourd’hui le premier actionnaire, juste en dessous de 20% comme l’y autorise la Banque centrale européenne (BCE).

Cette manœuvre s’inscrit dans le cadre d’une offre publique d’échange (OPE) sur Banco BPM lancée à son encontre par sa rivale UniCredit, actuellement en cours.

«Nous attendrons de voir tous les termes au fond de cette équation de consolidation pour que dans quelques semaines le Crédit Agricole décide» s’il souhaite apporter ou non ses titres à l’OPE, a déclaré M. Brassac, en signalant que la décision n’était pas prise.

Le groupe a par ailleurs précisé dans un communiqué mardi soir les changements dans son organisation liés à la prise de fonction de M. Gavalda le 14 mai, à l’occasion de l’assemblée générale de la banque.

Il se dotera d’un directeur général délégué unique, Jérôme Grivet, déjà dans le groupe.

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