L’économie américaine face à un arrêt brutal

David Kohl, Julius Baer

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Les différentes politiques erratiques actuelles des Etats-Unis ont laissé des traces sur les premiers résultats des entreprises américaines.

©Keystone

 

Aux Etats-Unis, les antennes régionales de la Réserve fédérale de Philadelphie, New York et Richmond ont toutes signalé une forte baisse de l’activité des entreprises, des projets d’entreprise, des intentions d’investissement et des mesures d’embauche. Les résultats des sondages ont atteint des niveaux associés habituellement à des récessions.

Etant donné que l’économie américaine et les entreprises américaines ne présentent que très peu de déséquilibres internes susceptibles de justifier un gel des embauches et des investissements, la probabilité croissante d’une stagnation économique aux Etats-Unis est entièrement due à une politique économique exogène, erratique et restrictive, caractérisée par des droits de douane arbitraires, des perturbations des dépenses publiques, des mesures aléatoires et une politique budgétaire non viable.

Nous relevons à 50% la probabilité d’une stagnation économique prolongée dans les mois à venir, remplissant les critères d’une récession. Le rôle prépondérant du renforcement des droits de douane sur les importations américaines, qui accroît les risques de récession, fait grimper l’inflation, les anticipations inflationnistes et l’incertitude liée à l’inflation aux Etats-Unis. Cette évolution différencie le ralentissement économique actuel par rapport aux récessions classiques, qui ont tendance à être déflationnistes, créant une situation de stagflation caractérisée par une croissance faible et une inflation élevée.

Cela limite la capacité de la Fed à réagir à la baisse de la croissance en réduisant rapidement et significativement ses taux. Nous pensons dès lors que la Fed retardera sa réaction face à l’affaiblissement de l’activité économique afin d’éviter une nouvelle hausse de l’inflation et des anticipations inflationnistes. Ce n’est que lorsque cet affaiblissement commencera à se répercuter sur le marché du travail américain, entraînant une hausse du chômage, que la Fed commencera à réduire ses taux de manière agressive. La Fed devrait réduire, selon nous, ses taux de 50 points de base lors des réunions du FOMC de juillet et de septembre.

Les politiques erratiques et mercantilistes des Etats-Unis constituent un frein à la croissance dans le reste du monde. Dans le même temps, l’Europe dispose d’une marge de manœuvre particulièrement importante afin de compenser les risques pesant sur la croissance, grâce à une inflation et des anticipations inflationnistes plus faibles. La demande domestique a été morose ces dernières années, la consommation ayant été inférieure à la croissance des revenus, les dépenses publiques ayant été limitées par la discipline budgétaire et la politique monétaire restrictive menée pour lutter contre l’inflation.

Nous nous attendons à une augmentation des dépenses publiques et un assouplissement de la politique monétaire en Europe. La BCE a déjà abaissé ses taux directeurs à sept reprises, pour un total de 175 points de base, et a indiqué lors de sa dernière réunion qu’elle était prête à répondre aux risques pesant sur la croissance par une réponse monétaire appropriée. Nous interprétons cette déclaration de la BCE comme une volonté d’adopter une politique monétaire expansionniste, et nous ajustons nos prévisions à au moins trois nouvelles baisses de taux de 25 points de base lors des prochaines réunions, ce qui ramènerait le taux directeur à 1,5% d’ici septembre de cette année.

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