La principale surprise qui a suivi la baisse de taux largement anticipée par la BCE a été l’orientation relativement accommodante de sa communication. La trajectoire des taux d’intérêt reste orientée à la baisse, mais le chemin est parsemé d’embûches. La BCE pourrait devoir ajuster son parcours pour composer avec la répercussion des droits de douane et les mesures de relance budgétaire en Europe – en l’absence de nouvelles données significatives depuis sa dernière réunion. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, semble davantage préoccupée par les risques pesant sur la croissance que par l’inflation.
La BCE a supprimé la référence à une politique monétaire «sensiblement moins restrictive», mais elle a précisé que cela était dû à l’incertitude élevée entourant le niveau du taux neutre, et non à un signal plus restrictif. La BCE prévoit toujours que l’inflation atteindra son objectif de 2% début 2026. Nous estimons qu’il existe un risque que l’inflation tombe temporairement en dessous de cet objectif en raison du ralentissement de la croissance, du renforcement de la monnaie et de la baisse des prix des matières premières. Il est important de souligner que la trajectoire des droits de douane reste très incertaine; une forte riposte de l’UE pourrait entraîner un affaiblissement de la croissance et une hausse de l’inflation.
Cependant, lorsqu’on court en descente, il faut parfois tenir pour ne pas trébucher. À court terme, nous pensons qu’il y a une probabilité accrue que la BCE abaisse ses taux en dessous du niveau neutre. Nous estimons que ce niveau se situe actuellement autour de 2%. Mais à plus long terme, des dépenses budgétaires plus élevées augmenteront les besoins d’emprunt et feront monter le taux neutre. Les anticipations du marché sont alignées avec nos prévisions.
L’économie mondiale a subi plusieurs chocs. L’incertitude liée aux droits de douane en est un de plus, affectant à la fois la demande et l’offre, et entraînant une hausse du coût du capital. L’Europe n’est pas immunisée, mais elle reste relativement un pôle de stabilité grâce à la solidité de ses bilans et à la capacité (et la volonté) de ses décideurs à réagir.
Une plus grande unité et un programme pro-croissance en Europe pourraient potentiellement stimuler significativement la demande. Cela nous a conduit à relever notre opinion sur les actions européennes à neutre récemment. Nous observons comment le bloc réagit aux dynamiques mondiales changeantes et s’attaque à ses défis structurels avant de devenir plus optimistes. Nous notons des opportunités sélectives dans les secteurs financiers et les industries liées à la défense et aux infrastructures. Bien que l’inflation soit bien ancrée, nous pensons que les rendements obligataires feront face à une pression haussière due à la remontée de la prime de terme. Nous continuons à préférer le crédit européen.