Les entreprises américaines ont globalement vu leurs coûts de production diminuer en mars, en raison principalement de la baisse des prix du pétrole, selon un indice publié vendredi témoignant d’une situation antérieure à l’accélération de l’offensive douanière de Trump.

Sur un mois, l’indice des prix à la production (PPI) est en recul de 0,4% (contre +0,1% le mois précédent, variation révisée à la hausse), d’après le rapport du ministère américain du Travail.

C’est une surprise pour les analystes qui l’attendaient en hausse de 0,2%, selon le consensus publié par MarketWatch.

Les économistes prévoient des hausses de prix tant pour les entreprises que les consommateurs en raison des taxes sur les importations mises en place par le gouvernement Trump.

En mars, la plupart des nouveaux droits de douane annoncés n’étaient pas encore entrés en vigueur.

Le président Donald Trump a annoncé cette semaine 125% de taxes additionnelles sur les produits chinois importés, en plus des 20% déjà préexistants, ce qui porte les taxes à 145%. Les autres pays sont visés par une surtaxe de 10% depuis près d’une semaine.

La vague douanière ne se fait pas encore sentir sur les chiffres de l’inflation.

L’indice des prix à la consommation CPI, publié jeudi, est aussi en baisse (de -0,1%) sur un mois, tiré vers le bas par la baisse des prix à la pompe.

C’est aussi ce qui se passe avec le PPI: «Les deux tiers du recul de mars (...) peuvent être imputés à la baisse de 11,1% des prix du pétrole», est-il relevé dans le rapport.

La hausse de l’indice PPI a aussi nettement ralenti sur un an, +2,7% contre +3,2% en février.

«Cette bonne nouvelle ne va pas durer très longtemps. Les droits de douane vont augmenter les prix de tous les produits importés nécessaires à la production (...) et l’impact sera visible dans les données d’avril», affirment les analystes de HFE dans une note.

«Si elle ne savait pas que des droits de douane étaient dans les tuyaux, la Fed [Réserve fédérale américaine] aurait pu envisager une baisse de taux sur la base de ces chiffres», ajoutent-ils.

En réalité, les responsables de la Fed s’exprimant ces derniers jours ont fait comprendre qu’ils comptaient attendre encore un moment avant d’assouplir la politique monétaire, le risque inflationniste étant trop élevé.

«Nous allons probablement devoir maintenir [les taux en l’état] plus longtemps que ce j’avais anticipé», a déclaré jeudi dans une interview à Yahoo Finance la présidente de la Fed de Boston, Susan Collins.

«Plus les droits de douane sont élevés, plus je m’attends à ce que le ralentissement de la croissance soit important, de même que l’impact sur l’inflation», a-t-elle ajouté.