Les comptes cantonaux pour 2024 ont bouclé avec un bénéfice total dépassant le milliard de francs. C’est toutefois 1,2 milliard de moins qu’un an plus tôt. Les deux tiers des cantons ont enregistré un meilleur résultat qu’attendu, mais la prudence reste de mise pour les prochaines années.
Au total, 17 cantons ont bouclé l’année 2024 avec des bénéfices supérieurs à leurs attentes. Une tendance qui s’explique par des recettes élevées. Comme l’année précédente, c’est à Genève que l’écart par rapport au budget a été le plus important.
Le canton du bout du lac a bouclé avec un excédent de 541 millions alors qu’il avait prédit un déficit de 48 millions de francs. «On est quand même en net recul par rapport aux résultats de 2023», a souligné la grande argentière genevoise Nathalie Fontanet sur les ondes de la RTS.
Plus de la moitié des recettes supplémentaires sont liées aux revenus exceptionnels des années 2022 et 2023, a-t-elle expliqué. Mais le revenu des personnes morales revient à la normale. Les bénéfices vont donc baisser.
Bénéfice record à Neuchâtel
Neuchâtel a aussi bouclé avec des comptes bien meilleurs que prévu, enregistrant un bénéfice record de 56,4 millions pour un budget anticipant 9,5 millions. Et Fribourg réalise un excédent d’un million de francs, conforme au budget. Dans un contexte financier délicat, l’excédent a été obtenu via des prélèvements sur provisions et une progression de certains revenus et recettes fiscales.
Une tendance positive a aussi été observée dans plusieurs cantons alémaniques. Zurich boucle sur un bénéfice de 150 millions de francs, contre un déficit planifié de 319 millions (différence de 469 millions). Les cantons de Lucerne, d’Argovie ou des Grisons enregistrent la même évolution.
Le Valais affiche, lui, un bénéfice net de 0,4 million de francs, alors que le budget prévoyait 9,5 millions. Grâce à des recettes fiscales en forte augmentation, les comptes affichent un bénéfice avant amortissements de 228,1 millions de francs (+47 millions par rapport à 2023).
Vaud et Jura dans le rouge
Onze cantons ont en revanche bouclé l’année dans les chiffres rouges. Celui de Vaud présente notamment une perte de 369,2 millions de francs. Ce déficit, grevé de 120 millions par rapport au budget, ne respecte pas le cadre légal du «petit équilibre» et contraint le Conseil d’Etat à activer la loi sur l’assainissement financier.
Le Jura enregistre quant à lui un déficit de 3,6 millions de francs (-0,4 par rapport au budget). «Le Gouvernement estime que c’est un bon résultat. C’est un exercice exigeant mais encourageant», a toutefois relevé la ministre des finances Rosalie Beuret Siess. Il permet de renoncer à recourir à un prélèvement dans la réserve pour politique budgétaire.
Les cantons de Berne, Soleure, Uri, Saint-Gall, Thurgovie, Glaris, les deux Appenzell et le Tessin ont en revanche bouclé l’année dans les chiffres rouges.
Lourde charge dans la santé
Interrogé par Keystone-ATS, le président de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des finances (CDF) Ernst Stocker reste prudent. Il s’attend à une forte pression sur les cantons ces prochaines années.
«Ils seront très sollicités du côté des dépenses, car ils porteront la charge principale des conséquences du changement démographique sur la santé et les soins de longue durée», prévient-il.
La moitié des cantons prévoit des chiffres rouges pour 2025, déclare le chef des finances zurichois. Une évolution positive des recettes est certes attendue. Mais les dépenses seront encore plus élevées dans certains cas, dit-il. Des cantons devront notamment investir dans les domaines de l’infrastructure et de la numérisation.
Economies de la Confédération
Mme Fontanet a aussi mis en garde sur les conséquences des mesures d’économies de la Confédération, qui se feront sentir en 2026 et 2027. Elles sont évaluées à hauteur de plus ou moins 120 millions pour le canton de Genève, a indiqué la ministre.
Parmi les facteurs qui «tendent à peser sur les finances cantonales ou comportent des risques pour la politique budgétaire», le canton de Berne cite lui aussi les efforts d’allègement budgétaire et l’évolution de la politique fiscale au niveau fédéral, ainsi qu’un besoin d’investissement élevé.