Les droits de douane annoncés cette semaine se sont avérés beaucoup plus sévères que prévu, ce qui a intensifié les craintes déjà latentes d’une baisse de la croissance et d’une inflation plus élevée, autrement dit d’une stagflation. Les risques de récession ont augmenté et les marchés seront probablement mis à l’épreuve jusqu’à ce que l’élément plus favorable à la croissance de l’agenda de l’administration entre en vigueur.
L’ampleur et la portée de l’annonce des droits de douane dépassent largement les mesures mises en œuvre pendant la guerre commerciale de 2018, portant les taux de droits de douane moyens des Etats-Unis à un niveau encore plus élevé que ceux mis en place avec la loi Smoot-Hawley sur les droits de douane de 1930. En conséquence, les inquiétudes concernant les perturbations économiques ont augmenté drastiquement.
Ces droits de douane constituent la plus importante augmentation des taxes des Etats-Unis de l’histoire moderne, et l’impact sur les consommateurs pourrait être sévère. Nous estimons que son incidence sur la croissance du PIB des Etats-Unis sera d’environ 2,4%, et que les retombées seront encore plus importantes si les partenaires commerciaux prennent des mesures de rétorsion. Les risques de récession aux Etats-Unis sont donc plus élevés.
En outre, étant donné qu’environ 6% de la consommation de biens personnels est liée aux importations, les droits de douane pourraient à eux seuls faire monter l’inflation de 1,4%. L’IPC de base pourrait revenir à 4% d’ici la fin de l’année, inversant les progrès réalisés jusqu’ici en matière d’inflation et pesant sur le pouvoir d’achat réel.
Le ralentissement de la croissance et la hausse de l’inflation créent un environnement macroéconomique de plus en plus désagréable qui ressemble à la stagflation, même s’il ne répond pas pleinement à la définition. Cette combinaison ne fait qu’ajouter de la complexité aux perspectives politiques.
Il est probable que les marchés témoignent d’une aversion pour le risque à court terme et, lorsque l’attention de l’administration se détournera des échanges commerciaux, des progrès sur des questions politiques plus favorables à la croissance (tels que des réductions d’impôts et une déréglementation) pourraient stabiliser le sentiment du marché et permettre aux investisseurs de se projeter au-delà des gros titres destructeurs sur le commerce qui ont dominé les deux derniers mois et qui ont culminé - peut-être - avec l’annonce de cette semaine.