Liberation day – Pas de quoi faire la fête
Depuis le mercredi 2 avril, on connaît le montant des droits de douane réciproques annoncés depuis longtemps par les USA. En principe, un droit de base de 10% sera perçu. Les Etats qui exportent davantage vers les USA et dont la balance commerciale est déficitaire seront davantage mis à contribution. Le montant des droits de douane correspond environ à la moitié de la charge que le pays concerné doit supporter sur les produits américains. Les importations venant de la Suisse seront désormais soumises à un droit de douane de 31%, les marchandises de l’Union européenne, à 20% et celles de Chine à 34%. Les droits de douane sont dérivés des déficits respectifs de la balance commerciale. Il est notamment choquant que le commerce des services, par exemple, ne soit pas pris en compte. Néanmoins, l’effet sur la Suisse pourrait être moins grave qu’à prime abord. En effet, les produits pharmaceutiques sont (pour l’instant) non assujettis, mais représentent près de la moitié des exportations suisses vers les USA.
Une chose est sûre: c’est le consommateur américain qui paiera la note, car les droits de douane ne sont autres qu’une augmentation des impôts, probablement la plus importante jamais imposée au peuple américain. Cela pèsera d’abord sur la consommation, avant d’impacter la rentabilité des entreprises et de freiner l’économie américaine. Le risque de stagflation a augmenté de manière significative depuis l’entrée en fonction de Donald Trump. Selon les analyses de la Fed d’Atlanta, l’une des douze banques centrales régionales qui forment ensemble la Réserve fédérale des USA, la conjoncture a déjà glissé dans une récession au premier trimestre. De plus, plusieurs économistes ont récemment réduit leurs prévisions de croissance pour l’année en cours. Les droits de douane n’entraîneront pas la reprise espérée.
Le secteur automobile, avec des droits de douane de 25% sur les voitures importées, illustre bien le fait que la guerre commerciale ne fait que des perdants. Les prix des véhicules neufs aux USA vont augmenter de plusieurs milliers de dollars. La Bourse évalue la situation de la manière suivante: les cours des actions des constructeurs automobiles européens sont sous pression depuis la mi-mars, ceux des producteurs américains sont majoritairement dans le rouge depuis le début de l’année et les valeurs des constructeurs japonais souffrent également.
Bien que nous pensions que le contexte actuel et la volatilité qui l’accompagne offrent des opportunités, nous estimons qu’il est encore prématuré de changer notre allocation. Nous maintenons donc notre positionnement défensif dans la conviction que nous sommes ainsi bien placés.
Les bourses envoient un signal clair
Les investisseurs ont réagi par des ventes aux nouvelles taxes commerciales américaines. Les entreprises qui exportent leurs produits depuis la Suisse, ou d’autres pays fortement taxés, vers les USA sont fortement touchées. Logitech fait partie des perdants en raison de ses fournisseurs et producteurs en Asie. Mais les actions des fabricants de produits de luxe Richemont et Swatch Group souffrent également. Les fournisseurs de semi-conducteurs VAT, Comet et Inficon sont également sous forte pression. La faiblesse du dollar américain et la baisse des rendements des obligations d’Etat américaines montrent que les USA ne sortiront pas gagnants, loin de là. Le repli conjoncturel obligera sans doute la Fed à baisser ses taux d’intérêt pour relancer l’économie.
Des chiffres encourageants de la Chine
Les données des directeurs d’achat chinois éveillent l’attention. Elles ont progressé tant pour le secteur des services que pour celui de l’industrie et se situent dans une zone expansionniste. Reste à savoir si l’économie chinoise a passé le creux de la vague après la crise immobilière, c’est-à-dire si les mesures de relance du gouvernement font effet ou si l’aggravation de la guerre commerciale avec les USA n’a fait qu’avancer les investissements.
Graphique de la semaine
La position défensive est payante. Avec les actions du groupe alimentaire Nestlé et de la multinationale pharmaceutique Roche, les investisseurs ont gagné – dividendes compris – environ 20% chacun au premier trimestre. Ces valeurs ont ainsi progressé presque deux fois plus que le large Swiss Market Index (SMI), qui a gagné 9% depuis le début de l’année. L’écart de performance de 33% qui s’est creusé après seulement trois mois par rapport aux derniers du classement est impressionnant. Les titres du groupe industriel ABB et de l’entreprise de technique médicale Sonova, dont la valeur a baissé respectivement de 8% et 13%, se sont classés en fin de tableau.
Gros plan
L’or reste sur une trajectoire record
Le prix de l’once a atteint cette semaine le niveau record de 3148 dollars. Selon l’association professionnelle «World Gold Council», de plus en plus d’investisseurs privés s’engagent dans l’or.
Le programme
Inflation aux USA
Le jeudi 10 avril, les chiffres de l’inflation américaine seront publiés. Ils permettront de savoir dans quelle mesure les droits de douane déjà édictés stimuleront le renchérissement.