
Toutefois, malgré ce rebond, le S&P 500 a ensuite fortement baissé, les marchés réagissant aux signes que l’administration Trump pourrait être disposée à tolérer une «perturbation» temporaire de l’activité économique et une inflation plus forte pour mettre en œuvre son programme économique.
Le président Trump a suggéré que l’économie américaine pourrait être confrontée à une «période de transition». Interrogé sur la possibilité que le relèvement des droits de douane américains aboutisse à une inflation plus forte, il a répondu que «c’était une possibilité».
Les politiques commerciales accentuent l’incertitude quant aux perspectives économiques. Le relèvement des droits de douane américains sur les importations d’acier et d’aluminium est entré en vigueur il y a peu. Les représailles du Canada et de l’Union européenne n’ont pas tardé. Le président Trump a confirmé la date butoir du 2 avril pour l’application des droits de douane «réciproques».
Dans un contexte d’incertitude politique accrue, une enquête de la National Federation of Independent Business (NFIB) a montré que le pourcentage de petites entreprises américaines estimant que la conjoncture est propice à l’expansion a enregistré sa plus forte baisse depuis avril 2020. Par ailleurs, l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan est tombé à 57,9 points en mars, loin des 63,2 points attendus.
Que faut-il en penser?
Les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises américaines indiquent un effritement de la confiance dans l’économie. En outre, le modèle GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta, suivi de près par les marchés, suggère actuellement une contraction de l’activité de 2,4% au premier trimestre.
Toutefois, ce chiffre est faussé par une forte hausse des importations d’or. La Réserve fédérale d’Atlanta a souligné que le PIB réel ne serait pas affecté par les importations d’or et que la croissance mesurée par son modèle GDPNow aurait été supérieure de 2 points de pourcentage abstraction faite de ce paramètre.
La menace d’une poursuite de l’escalade des droits de douane reste une préoccupation majeure pour les investisseurs.
La bonne tenue du marché du travail devrait encore soutenir la croissance économique malgré les récents signes d’effritement de la confiance. Le rapport sur l’emploi en février a fait état de solides créations d’emplois, d’un taux de chômage historiquement bas et d’une progression des salaires, autant d’éléments qui devraient permettre de soutenir la consommation des ménages.
Par ailleurs, le ralentissement de l’inflation devrait permettre à la Réserve fédérale américaine (Fed) de baisser ses taux d’ici quelques mois. Le rapport sur l’IPC (Indice des prix à la consommation) en février a confirmé la tendance désinflationniste, l’inflation globale et l’inflation sous-jacente étant ressorties à un niveau inférieur aux attentes. La Fed devrait procéder à deux baisses de taux de 25 points de base cette année, en juin et en septembre.
Les préoccupations liées aux droits de douane
La menace d’une poursuite de l’escalade des droits de douane reste une préoccupation majeure pour les investisseurs. Dans le scénario de base de la Recherche d’UBS, cette dernière s’attend à ce que la politique commerciale agressive pèse sur la croissance économique aux Etats-Unis, mais pas au point de faire basculer le pays en récession ou d’empêcher un redressement des marchés d’actions.
Cela dit, la Recherche d’UBS a récemment ajusté ses scénarios pour refléter l’accentuation des risques baissiers par rapport à son scénario central. Elle attribue une probabilité de 20% à un scénario de stagflation en grande partie imputable à la politique commerciale très agressive de la part des Etats-Unis et une probabilité de 10% à celui d’un atterrissage brutal de l’économie avec un marché baissier cyclique.
Comment investir?
Le message fondamental est toujours de rester investi dans les actions, en prenant toutefois soin de couvrir l’exposition aux actions pour gérer la volatilité persistante liée aux droits de douane et aux tensions géopolitiques.
Les investisseurs seraient bien avisés de veiller à ce que leurs portefeuilles soient bien diversifiés au moyen d’actifs tels que les obligations de qualité, l’or et les actifs alternatifs pour traverser au mieux les turbulences actuelles. Explication en trois points.
- Composer avec les risques politiques
Compte tenu de l’incertitude liée aux droits de douane et aux aléas de la politique commerciale, il faut absolument diversifier les portefeuilles et gérer les risques. En ce qui concerne les actions, les stratégies de préservation du capital peuvent permettre de gérer les risques baissiers.
On privilégie toujours les obligations de grande qualité, telles que les obligations d’entreprises investment grade, qui peuvent permettre de se couvrir contre les tensions commerciales. Face à l’accentuation des risques, on continue d’apprécier l’or à des fins de diversification et de couverture des portefeuilles. La Recherche d’UBS a relevé son objectif de cours à 3200 dollars l’once.
- Le potentiel de hausse des actions n’est pas épuisé
Le scénario de base de la Recherche d’UBS envisage que les actions américaines terminent l’année nettement plus haut qu’aujourd’hui (objectif de 6600 points pour le S&P 500 en décembre 2025).
L’incertitude qui entoure la politique des Etats-Unis pourrait se traduire par de la volatilité à court terme. Mais l’essor de l’intelligence artificielle (IA) structurellement porteur et la solide croissance des bénéfices devraient faire grimper les marchés lorsque l’incertitude commencera à s’atténuer.
- Saisir l’opportunité de l’IA
La saison des résultats du quatrième trimestre 2024 a démontré que les fondamentaux de l’IA demeurent intacts. L’incertitude économique et politique devrait encore alimenter la volatilité à court terme.
Toutefois, on observe toujours des opportunités d’investissement d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur, notamment parmi les entreprises d’infrastructure de l’IA qui jouissent d’un fort pouvoir de fixation des prix et les mégacapitalisations qui bénéficient de l’IA grâce à leurs plateformes. La volatilité à court terme est sans doute l’occasion de constituer une exposition stratégique à long terme à l’IA.