La BNS franchit un dernier palier avant le taux zéro

AWP

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La baisse de taux de 25 points de base de ce jour est motivée par la faiblesse de la pression inflationniste et des «risques accrus de révision à la baisse du renchérissement», selon les indications fournies par la BNS.

La Banque nationale suisse (BNS) a procédé jeudi à la cinquième baisse consécutive de son taux directeur, le fixant à 0,25%. Le garant de la stabilité des prix se rapproche ainsi du niveau zéro dans un contexte de ralentissement de l’inflation, un renchérissement que la BNS affirme avoir stabilisé à moyen terme.

L’abaissement du jour, de 25 points de base (pb), intervient trois mois après une réduction de 50 pb qui avait surpris les marchés et bon nombre d’observateurs à fin 2024. En l’espace de douze mois, l’institut d’émission a réduit son taux directeur de 1,75% à 0,25%. Dans le concert des banques centrales, la BNS a été la première à jouer la partition de l’assouplissement monétaire, dans une logique de lutte contre le franc fort.

La décision du jour est motivée par la faiblesse de la pression inflationniste et des «risques accrus de révision à la baisse du renchérissement», selon les indications fournies par la BNS. Celle-ci veut notamment éviter une ruée sur le franc, perçu comme une valeur refuge, qui contribuerait à le renforcer face à l’euro et au dollar - entre autres devises - et à affaiblir ainsi l’inflation importée.

Un litige commercial lié à des taxes douanières - comme celui que pourraient entraîner les décisions du président américain Donald Trump - affaiblirait la demande en produits et services suisses, affectant également l’inflation.

Depuis le dernier relevé de décembre, le renchérissement en Suisse a évolué conformément aux prévisions, passant à 0,3% en février de 0,7% à la fin de l’année dernière. Ce ralentissement s’explique principalement par le repli des prix de l’électricité, note la BNS, qui a relevé sa projection d’inflation conditionnelle pour 2025 à 0,4%, contre 0,3% précédemment, maintenant celle pour 2026 à 0,8%.

Peut-être un retour des taux négatifs

Ce nouvel abaissement du taux directeur, qui entrera en vigueur ce vendredi, est conforme aux attentes de la grande majorité des économistes interrogés par AWP. Dans leurs commentaires, la plupart d’entre eux affirment qu’il s’agit du premier et dernier coup de rabot de 2025. «La BNS va désormais attendre et observer», explique Philipp Burckhardt, du gestionnaire d’actifs genevois Lombard Odier IM.

D’autres spécialistes, certes plus rares, anticipent un niveau zéro d’ici la fin de l’année, voire même un retour aux taux négatifs en 2026. «L’économie suisse est structurellement déflationniste, avec une croissance de la productivité supérieure à la hausse des salaires», argumente Arthur Jurus, chef stratégiste auprès d’Oddo BHF.

La banque centrale helvétique a mis fin aux taux négatifs en septembre 2022, après près de sept ans de ce régime très controversé.

En ce qui concerne la croissance du PIB suisse, la prévision de la BNS est maintenue entre 1,0% et 1,5% pour 2025. La première estimation pour 2026 fait état d’une croissance autour de 1,5%.

Le scénario repose sur un essor modéré de la conjoncture mondiale. Les banquiers centraux notent au passage que les perspectives économiques pour la Suisse comme pour le reste du monde sont devenues nettement plus incertaines. Ils citent au chapitre des risques l’éventualité d’une multiplication des barrières commerciales et au chapitre des opportunités une politique budgétaire plus expansionniste sur le Vieux continent.

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