France: la Banque de France moins optimiste pour la croissance 2025

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Après une hausse de 1,1% en 2024, la progression attendue du PIB pour l’année en cours a été révisée en baisse de 0,2 point à 0,7%.

La Banque de France s’attend à un net ralentissement de la croissance française en 2025, pénalisée par l’attentisme en France et les incertitudes internationales liées notamment aux droits de douane.

Après une hausse de 1,1% en 2024, la progression attendue du produit intérieur brut (PIB) pour 2025 a été révisée en baisse de 0,2 point à 0,7% par la banque centrale, selon un communiqué publié mercredi.

La hausse du PIB atteindrait 0,1% à 0,2% au premier trimestre.

Sur l’ensemble de l’année, la croissance française serait supérieure à celle de l’Allemagne (0,3%), première économie de la zone euro, mais inférieure à celle de l’Italie (1,2%).

La banque centrale révise également en baisse sa prévision pour 2026 par rapport aux projections de décembre, de 0,1 point à 1,2%, tandis que celle pour 2027 reste inchangée à 1,3%.

Cette année, la croissance sera pénalisée par «le regain d’incertitude au niveau international et par des comportements toujours attentistes face à la situation nationale», souligne la Banque de France.

Alors que le commerce extérieur avait soutenu l’activité économique l’an dernier, le PIB serait tiré par la consommation des ménages (+1%) grâce à des gains de pouvoir d’achat sur fond d’inflation en décrue.

Les exportations et les investissements des entreprises pâtiraient en revanche d’une demande mondiale affaiblie et des tensions commerciales internationales.

Pas «hors de portée»

Ces prévisions tiennent compte de l’effort budgétaire de quelque 50 milliards d’euros prévu dans le budget 2025 afin de ramener le déficit public à 5,4% du PIB, contre un objectif plus ambitieux de 5,0% souhaité par le gouvernement précédent avant sa censure en décembre.

Le 1er mars, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, s’était dit «optimiste» sur la capacité de la France à atteindre son objectif de croissance fixé à 0,9% par le gouvernement, sans exclure un ajustement «si nécessaire» après la publication de la Banque de France.

Cependant, la croissance moindre attendue par celle-ci «ne remet pas du tout en cause la capacité à atteindre la cible de déficit» public, même si «cela peut exiger, en cours d’année, des mesures du côté des dépenses», a souligné son chef économiste, Olivier Garnier, à la presse.

Pour tenir son objectif de déficit, le gouvernement prévoit de réunir en avril et à deux autres reprises dans l’année un comité associant le Parlement, pour permettre de corriger en amont un éventuel dérapage.

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a par ailleurs jugé mercredi qu’un «effort» budgétaire d’un point de produit intérieur brut (PIB) pour financer les dépenses militaires supplémentaires, soit environ 30 milliards d’euros, n’est pas «hors de portée» malgré un paysage politique morcelé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

La France, comme d’autres pays européens, souhaite augmenter ces dépenses pour faire face aux menaces de la Russie et au renversement des alliances géopolitiques.

Outre l’effort budgétaire français, les projections intègrent l’augmentation des droits de douane imposée par le président américain Donald Trump à la Chine, et les mesures de rétorsion de celle-ci. En sont exclues les tensions commerciales avec l’Europe, le Canada et le Mexique, qui renforcent toutefois l’incertitude, et la hausse des dépenses de défense.

«Victoire» contre l’inflation

Ces droits de douane auraient pour principal impact d’augmenter l’inflation aux Etats-Unis et de pénaliser la croissance en Europe, a expliqué Olivier Garnier. Cet impact dépend toutefois de leur ciblage, de leur durée, du taux de change euro-dollar et de la politique monétaire.

Sur le Vieux continent, l’impact sur le PIB atteindrait -0,3 point «au bout d’un à deux ans» en cas de «maintien durable» d’une hausse de 25 points des tarifs, a-t-il détaillé, mais la France est «moins exposée que le reste de l’Europe».

Dans cet environnement morose, la Banque de France prévoit un tassement de l’inflation, qualifié par le chef économiste de «victoire» contre la hausse des prix.

Après 2,3% en 2024, elle est attendue à 1,3% (abaissée de 0,3 point) en moyenne annuelle en 2025 grâce au recul des prix de l’électricité et la décélération dans les services. Elle augmenterait ensuite à 1,6% en 2026 et à 1,9% en 2027, mesurée selon l’indice harmonisé IPCH permettant les comparaisons européennes.

Le taux de chômage atteindrait 7,8% en 2025 et 2026 avant de baisser à 7,4% en 2027.

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