Les investisseurs optent pour une vision optimiste

François Rimeu, Crédit Mutuel Asset Management

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Cette version positive pourrait être mise à mal dans les mois qui viennent étant donné le caractère contradictoire des différents objectifs de la politique américaine.

L’incertitude qui planait autour de l’impact des élections américaines a été partiellement levée au cours des trois derniers mois mais reste le point central d’attention des investisseurs. Ces derniers optent actuellement pour une vision optimiste et tablent sur des barrières douanières qui ne seraient in fine que des éléments de négociations pour les Etats-Unis et ne resteraient donc en place que peu de temps. Pourtant, il pourrait être difficile pour l’administration Trump d’équilibrer sa politique fiscale sans rentrée d’argent supplémentaire étant donné le coût estimé de $3.5 trillions sur 10 ans des baisses d’impôts voulues par le gouvernement (Source: PIIE). Il nous semble donc que cette version positive pourrait être mise à mal dans les mois qui viennent étant donné le caractère contradictoire des différents objectifs de la politique américaine.

L’autre fait marquant de ce début d’année est sans doute la surperformance des actions européennes et chinoises par rapport aux actions américaines. L’avènement de Deepsick, Qwen 2.5 ou encore de Mistral a en effet semé le doute quant à l’extrême dominance de la technologie américaine et ce, en dépit d’une saison d’annonces de résultats encore une fois très solide outre Atlantique. La marge d’erreur quant aux résultats de certaines sociétés semble cependant très fine aujourd’hui étant donné les valorisations et nous amène à réallouer certains de nos investissements vers des secteurs en retard comme celui des industriels par exemple. Cela ne remet toutefois pas en cause la thématique globale de l’IA à moyen terme.

Les tendances macro restent, quant à elles, globalement les mêmes avec les Etats-Unis d’un côté et le reste du monde développé de l’autre. Nous assistons toutefois à un rééquilibrage de la croissance depuis les secteurs des services vers ceux des biens de consommation après 2 ans de dépression de ces derniers, ce qui favorisera d’ailleurs la rotation sectorielle dont nous venons de parler et qui pourrait même redonner un peu d’allant aux small et mid-caps. Il faut aussi noter qu’au contraire de 2023 ou 2024, les attentes concernant la croissance américaine sont aujourd’hui beaucoup plus fortes ; il sera donc plus difficile de surprendre une nouvelle fois à la hausse.

La zone Euro est de son côté toujours handicapée par la croissance très faible de ses deux principales économies, la France et l’Allemagne mais la tendance pourrait s’inverser: Tout d’abord parce que les indicateurs avancés montrent un léger sursaut, surtout en Allemagne, et que ce dernier pourrait se poursuivre grâce aux effets retardés de la baisse de l’euro. Ensuite parce que l’instabilité politique des 9 derniers mois pourrait se dissiper partiellement à la suite des résultats conformes aux attentes des élections allemandes. La croissance devrait par ailleurs être soutenue par des déficit budgétaires que nous ne voyons pas baisser et qui semblent nécessaires dans un monde où les équilibres géopolitiques historiques sont remis en cause. Les dépenses militaires par exemple vont très probablement devoir augmenter.

Nous maintenons par ailleurs notre vision positive sur les actifs obligataires en Euro, à la fois Investment Grade et High Yield, avec des perspectives de hausse de salaires contenues et donc une banque centrale européenne qui va pouvoir poursuivre son cycle de baisse de taux, à minima jusqu’à 2%. Côté américain, les actifs à spread nous semblent moins intéressants en raison de primes de risque extrêmement serrées. Enfin et malgré un risque inflationniste beaucoup plus important, nous sommes plutôt orientés à la baisse des taux américains à horizon fin d’année: 4% de taux terminal nous semble en effet optimiste, les prévisions de croissance sont déjà élevées, et le rééquilibrage de l’économie des services vers les biens pourrait ne pas jouer en faveur de l’économie américaine. Au global, cela nous donne une allocation d’actif un peu plus prudente qu’en fin d’année 2024. 

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