BCE: vers une cinquième baisse des taux d’affilée, une pause en débat

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La BCE devrait décider jeudi d’une cinquième baisse d’affilée, mais le débat sur la suite du cycle s’intensifie face à l’incertitude économique et géopolitique.

La détente sur les taux d’intérêt touche-t-elle à sa fin en zone euro? La BCE devrait décider jeudi d’une cinquième baisse d’affilée, mais le débat sur la suite du cycle s’intensifie face à l’incertitude économique et géopolitique.

Les tensions commerciales croissantes entre l’Union européenne et les États-Unis, comme la grande incertitude quant au conflit en Ukraine, s’ajoutent aux défis économiques qui pèsent sur la zone euro.

L’inflation, en partie alimentée par les hausses des prix de l’énergie en raison de la guerre russe en Ukraine, continue par ailleurs de peser sur les décisions des gardiens de l’euro.

Une nouvelle baisse des taux - qui serait la sixième depuis juin dernier - semble toutefois acquise selon les observateurs, pour marquer la confiance de l’institution dans le retour progressif de l’inflation à l’objectif de 2%.

Le taux de dépôt, faisant référence, serait ramené de 2,75% à 2,50%, après une nouvelle baisse de 0,25 point.

Cela porterait le cumul des baisses à 1,5 point depuis le pic de taux historique à 4,0% de septembre 2023, pour juguler une envolée record des prix.

En abaissant progressivement le loyer de l’argent, la BCE cherche à soutenir le crédit et ainsi la reprise économique.

Divergences de vue

Mais le contexte externe oblige la BCE à jongler entre des objectifs parfois difficiles à concilier : maîtriser l’inflation tout en soutenant la croissance dans une zone euro fragilisée par des crises successives.

La Réserve fédérale américaine a de son côté suspendu ses baisses de taux, en raison de l’inflation persistante aux États-Unis, ce qui déplait à Donald Trump.

La BCE doit décider si elle continue son cycle de baisses de taux, et les divergences entre ses membres à ce sujet sont déjà notables.

Certains, à l’image d’Isabel Schnabel, membre du directoire, «ont suggéré qu’il pourrait être temps de commencer à discuter d’une pause des baisses de taux», et ce dès mars, souligne Cyrus de la Rubia, économiste à la Hamburg Commercial Bank.

Il est probable que Christine Lagarde «évoque la possibilité» d’une pause jeudi, mais en «rappelant que la BCE décidera en fonction des données, réunion par réunion», ajoute-t-il.

Un argument plaide pour une politique monétaire plus stricte : l’inflation dans la zone euro est remontée à 2,5% en janvier, à cause des coûts énergétiques, soulevant la question de sa persistance.

D’autres membres de la BCE, comme Yannis Stournaras, gouverneur de la Banque de Grèce, estiment qu’il est trop tôt pour envisager une pause des baisses de taux, au moment où la croissance du PIB en zone euro n’a été que de 0,1% au dernier trimestre de 2024.

Nouvelles prévisions

L’inquiétude chez les responsables de la BCE est plus tournée vers la croissance molle que vers une inflation trop forte.

Les regards sont tournés vers l’Allemagne, première économie européenne, qui a fini en récession en 2023 et 2024 et peine à entrevoir un redressement, priorité de son futur gouvernement.

Les effets d’importants droits de douane américains pourraient aller dans les deux sens : freiner l’activité, donc les prix, mais aussi faire monter le dollar, entraînant une inflation importée en zone euro.

Et si l’Europe riposte avec ses propres taxes sur les produits importés, cela alimentera de nouveau l’inflation, compliquant la tâche de la BCE.

Celle-ci prévoit à ce jour une inflation à 2,1 % et une croissance du PIB de 1,1% pour 2025 en zone euro. Cependant, les nouvelles prévisions attendues jeudi pourraient influencer ses décisions sur l’évolution des taux.

Il faut s’attendre à «une révision à la baisse» côté croissance, et des prévisions d’inflation «relativement stables», selon Carsten Brzeski, chez ING.

Cela pourrait «inciter la majorité des banquiers centraux à encore abaisser le taux de dépôt» et ce «jusqu’à 2,0 % d’ici l’été», estime Ulrike Kastens, économiste chez DWS.

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