Comprendre les mécanismes de performance du Private Equity – Deuxième partie

Frédéric Stolar, Altaroc

2 minutes de lecture

Décryptage de la stratégie du Buy and Build et la focalisation sur le long terme, qui jouent un rôle déterminant dans la surperformance.

Je vous propose de découvrir la suite de notre tribune du mois dernier, dans laquelle je vous dévoilais les premiers leviers de performance du Private Equity, à savoir l'alignement des intérêts, la gestion de la plus-value, la gouvernance serrée et une gestion active.  

Le Private Equity s’est donc imposé comme un acteur clé de la transformation économique, affichant des performances supérieures aux marchés cotés. Derrière cette réussite se cachent plusieurs leviers mécaniques qui permettent aux gérants d’optimiser la valeur des entreprises dans lesquelles ils investissent. Parmi eux, je propose dans cet épisode N°2 de réaliser un focus sur la stratégie du Buy and Build et la focalisation sur le long terme, qui jouent un rôle déterminant dans cette surperformance.  


 

 

Le Buy and Build, moteur de consolidation

Les fonds de Private Equity privilégient les secteurs fragmentés, où de nombreuses entreprises de taille intermédiaire coexistent. L’objectif est d’acquérir une société leader, puis d’intégrer progressivement des acteurs plus petits pour former une entité plus forte et plus compétitive.

Cette approche repose sur plusieurs dynamiques vertueuses. Tout d’abord, les acquisitions sont réalisées avec des valorisations attractives. Alors que l’entreprise initiale est souvent achetée à un multiple élevé, les concurrents de moindre envergure sont acquis à des niveaux plus bas. Une fois intégrés, leur valorisation s’aligne sur celle de la plateforme, générant un effet immédiat de création de valeur appelé relution de multiple.

Par ailleurs, ces consolidations permettent de réaliser des synergies. L’entreprise absorbée peut voir ses coûts optimisés en bénéficiant des infrastructures et des ressources de la société mère. Dans le secteur des laboratoires d’analyses médicales, par exemple, les plateformes ont progressivement racheté les laboratoires indépendants et centralisé les analyses dans des hubs régionaux, réduisant ainsi les coûts d’exploitation tout en améliorant la productivité.

Enfin, à mesure que la plateforme s’agrandit, elle acquiert un avantage stratégique : une meilleure rentabilité, une croissance accélérée et une diversification accrue de sa clientèle. Cette montée en puissance se traduit par une revalorisation de l’ensemble du groupe, qui devient une cible attractive pour de nouveaux investisseurs ou un acquéreur industriel.

Une vision à long terme au cœur de la performance

L’autre élément clé du succès du Private Equity réside dans son approche du temps long. Contrairement aux marchés financiers, où les investisseurs sont souvent focalisés sur la performance trimestrielle, les fonds de Private Equity travaillent sur des horizons de cinq à sept ans. Cette temporalité permet d’opérer des transformations structurelles profondes et de maximiser la création de valeur.

Un élément fondamental de cette approche est l’alignement des intérêts entre les investisseurs et les dirigeants des entreprises sous LBO. La rémunération des partenaires de fonds repose en grande partie sur leur capacité à générer une rentabilité d’au moins 10% par an. En dessous de ce seuil, ils ne perçoivent aucune commission de performance, ce qui les incite à rechercher une croissance durable plutôt qu’un simple gain spéculatif à court terme.

Cette dynamique se distingue nettement de celle des marchés cotés, où les CEO sont évalués sur leur capacité à battre un indice de référence sur une base trimestrielle. Un tel système encourage des décisions opportunistes et un turnover élevé des actifs en portefeuille, au détriment d’une stratégie de création de valeur à long terme.

Un modèle structuré pour la performance

L’approche du Private Equity repose ainsi sur des mécanismes solides qui favorisent l’optimisation des entreprises investies. La consolidation sectorielle via le Buy and Build permet d’augmenter mécaniquement la valeur des entreprises, tandis que l’horizon d’investissement plus long et l’alignement des intérêts assurent une gestion orientée vers la rentabilité durable.


Lire également:

Private Equity: les différents mécanismes de performance (première partie)

Les leviers structurels de surperformance du Private Equity – Troisième partie

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