Les inquiétudes sur la dette du Royaume-Uni font grimper les taux longs

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Le taux d’emprunt des obligations britanniques à 30 ans (5,36% vers 14h) enregistre un sommet depuis juillet 1998, tandis que les rendements des emprunts à 10 ans de l’Etat britannique sont au plus haut depuis juillet 2008 (4,80%).

Les taux d’emprunt britanniques continuent de grimper jeudi, les investisseurs questionnant la capacité du gouvernement à maîtriser la trajectoire de son déficit public, sur fond d’inquiétudes quant à la volonté affichée par Donald Trump d’augmenter les droits de douane américains.

L’indice vedette de la Bourse de Londres, le FTSE 100, s’octroyait quant à lui 0,74%, soutenu par la nette baisse de la livre sur le marché des changes, alors que les taux britanniques flambent.

Ailleurs en Europe, la Bourse de Paris prenait 0,40% vers 14H00, Milan 0,34%, tandis que Francfort restait stable (-0,06%).

Sur le marché des changes, la livre baissait de 0,61% face à la devise américaine à 1,2288 dollar pour une livre, et de 0,46% face à la monnaie unique à 1,1928 euro pour une livre.

«La faiblesse de la livre reflète un plus grand malaise des investisseurs» face à la situation «sur le marché des gilts», les bons du Trésor britanniques, souligne Lee Hardman, analyste chez MUFG.

Le taux d’emprunt des obligations britanniques à 30 ans (5,36% vers 13H00 GMT) a quant à lui enregistré un sommet depuis juillet 1998, tandis que les rendements des emprunts à 10 ans de l’Etat britannique sont au plus haut depuis juillet 2008 (4,80% vers 13H00 GMT).

Cette flambée des taux est «principalement due aux nouvelles en provenance des États-Unis», explique Matthew Amis, directeur des investissements chez Abrd.

Mercredi, le média américain CNN a affirmé que le président élu Donald Trump, dont l’investiture est programmée le 20 janvier, envisagerait une déclaration d’urgence économique nationale lui offrant le cadre juridique nécessaire pour mettre rapidement en place des droits de douane sur les produits entrant aux Etats-Unis.

Cette hausse des taux auxquels le Royaume-Uni emprunte sur les marchés financiers «suggère un manque de confiance dans la capacité» du gouvernement travailliste «à alimenter la croissance économique» et maîtriser la dette du pays, résume Kathleen Brooks, analyste de XTB.

«Les acteurs du marché s’inquiètent de l’abondance de l’offre de gilts et de la nécessité éventuelle pour le gouvernement de rétablir sa marge de manoeuvre budgétaire en augmentant les impôts ou en réduisant les dépenses», explique Patrick Munnelly, stratégiste chez Tickmill Group.

«Or, ces deux options comportent des risques politiques et pourraient exacerber les craintes d’un ralentissement économique», dans un environnement où la trajectoire de l’inflation britannique inquiète, a-t-il poursuivi.

Interrogé jeudi par les députés, le secrétaire en chef du Trésor britannique, Darren Jones, a répondu que le gouvernement ne commentait pas les mouvements sur les marchés, rappelant son engagement «en faveur de la stabilité économique et de finances publiques saines».

Les marchés américains resteront fermés en raison d’une journée de deuil national pour les funérailles de l’ancien président Jimmy Carter. En l’absence de Wall Street, «la séance devrait être assez calme», commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.

Les distributeurs britanniques sanctionnés

Malgré des ventes records à Noël annoncées par les distributeurs britanniques Tesco et Marks and Spencer (M&S), les titres chutent, emportés par les inquiétudes sur l’économie britannique.

Le géant des supermarchés Tesco (-1,08%) a annoncé avoir réalisé «le plus grand Noël de (son) histoire». Marks & Spencer (-7,41%) a quant à lui «battu des records» de ventes, des performances qui s’inscrivent dans la lignée des autres distributeurs au Royaume-Uni.

M&S a toutefois souligné que ses perspectives restent «incertaines», notamment en raison de «coûts plus élevés» liés aux augmentations d’impôts prévues dans le budget présenté fin octobre par le gouvernement britannique.

La fédération de détaillants britanniques British Retail Consortium (BRC) estime d’ailleurs jeudi que ces hausses d’impôts devraient contribuer à une augmentation des prix alimentaires de 4,2% en moyenne au second semestre.

Le pétrole en légère hausse

Les cours du pétrole sont en petite hausse jeudi, portés par la vague de froid aux Etats-Unis et des interrogations sur l’approvisionnement russe.

Vers 13H50, le baril de Brent de la mer du Nord monte de 0,38% à 76,38 dollars et son équivalent américain, le West Texas Intermediate, augmente de 0,33% à 73,56 dollars.

Le bitcoin lâchait 1,14% à 93’383 dollars.

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