Gonet: l'actualité des marchés au 20 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,04%, S&P 500 -0,09%, Nasdaq -0,1%, Russell -0,45%, SOX -1,64%, Eurostoxx -1,58%, SMI -1,93%.

Les fêtes n’ont pas commencé que le marché a déjà une sacrée gueule de bois. La faute à Jerome Powell, qui éteint la musique et rallume les néons mercredi, forçant les taureaux à redescendre de leur petit nuage et reprendre leurs études financières. La faute à Elon Musk, qui torpille en bonne et due forme un compromis budgétaire au Congrès américain. Problème, c’est ce soir à minuit, heure de Washington DC, qu’un accord parlementaire sur les dépenses budgétaires devrait être trouvé, faute de quoi de nombreux fonctionnaires fédéraux se retrouveront au chômage technique, c’est le fameux «shutdown» qui ne peut en aucun cas faire de bien au sentiment du marché, voire provoquer une recrudescence de volatilité. La faute à Bank of America, qui force le marché à regarder la réalité en face et elle ne fait pas forcément plaisir à voir, la dernière enquête de l’institut de sondage financier auprès de gérants de fonds américains révèle que leur allocation en cash au mois de décembre est la plus faible observée depuis avril 2001.

Résumons ce joyeux conte de Noël: l’affreux Jerome annonce à des taureaux médusés que l’argent gratuit ce n’est pas pour demain. Pendant ce temps, à Washington DC, le grand méchant Elon sème une pagaille monstre et les poches des investisseurs institutionnels sont quasiment vides alors que de nombreux taurillons ne savent pas ce que les mots «baisse durable» signifient. Leur jouet favori se prend les pieds dans le tapis, main dans la main avec l’or, les cryptos-monnaies et la relique barbare n’aiment pas, mais alors pas du tout, que les rendements obligataires remontent en flèche comme cette semaine. Cerise sur le gâteau, c’est aujourd’hui que la saison de «black out» des rachats d’actions propres débute, ça ne va pas faire les affaires des taureaux ça.

C’est dans ce contexte que Wall Street tente tant bien que mal de reprendre ses esprits hier. Les indices clôturent proches de l’équilibre, on notera que le Dow Jones met un terme à sa longue série de replis et aussi que les indices terminent leur journée proches du plus bas de la séance. Il suffit de regarder le graphique du jour du VIX pour réaliser que quelque chose cloche actuellement. À première vue, on se dit qu’il est fortement monté hier, puis on réalise que l’indice de la peur du SPX recule de 12,7% à la cloche, pour terminer à 24,09. Le hic c’est qu’il se ratatine à l’ouverture (20,16 au plus bas) pour ne faire que monter ensuite. Le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4,55%, rappelons sa golden cross récente, notons qu’il est sorti il y a peu par le haut de son canal baissier entamé en octobre 2023, sa prochaine résistance majeure se situe à 4,73%. Au chapitre des monnaies, le dollar a remporté son combat de rues face à l’euro, qui est à terre pendant que le billet vert continue de lui donner des coups de pieds, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0380, son prochain niveau de support se situe à 1,0335.

Les Fed Funds ressemblent à s’y méprendre à Bill Murray dans «lost in translation». Ils ne font montre de plus aucune conviction, phénomène étrange sachant que la Fed prévoit pour sa part deux baisses de 25 points de base chacune l’an prochain, c’est à suivre, le marché exagérerait-il son retour en territoire obscur après le discours de Jerome Powell de mercredi? A ce sujet, nous regarderons de près la publication de l’indice PCE, cet après-midi à 14h30, le Personal Consumption Expenditure Index est l’outil favori de la Réserve Fédérale Américaine pour mesurer l’inflation. Uncle Jay a été clair, il craint cette dernière comme la peste, imaginez un peu un PCE light cet après-midi, Maria Carey pourrait débarquer fissa sur le floor de Wall Street, à suivre.

En Europe, on n’a pas Jerome Powell ni Elon Musk, mais on est tout à fait capable de se passer d’eux pour se faire du mal. Les indices d’actions reculent d’environ 1,5% pour la plupart hier avec la palme au SMI, qui souffre du repli de 3,3% de Roche, puni pour un échec clinique en phase avancée dans la maladie de Parkinson.

Le Premier ministre français François Bayrou souhaite présenter un nouveau cabinet ce week-end et présenter un budget d'ici la mi-février. Le directeur général de la Banque de France François Villeroy exhorte le nouveau gouvernement à viser un déficit proche de 5% du PIB en 2025, alors que des efforts similaires avaient fait échouer l'administration précédente. Il suggère des hausses d'impôts temporaires pour les entreprises et les riches.

Au menu macro-économique du jour, les prix à la production en Allemagne (sortis au-dessus des attentes) et en France (en hausse) précédent une série d'indicateurs aux Etats-Unis: inflation PCE (14h30), revenus et dépenses des ménages (14h30) et indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan (16h00).

Diageo envisage de vendre la vodka Ciroc après la fin de son partenariat avec Diddy. Les négociations entre Volkswagen et les dirigeants syndicaux ont progressé, mais des désaccords subsistent sur des points essentiels. Fedex flambe de 9% hors séance après ses trimestriels et l'annonce de la scission de sa branche fret. Nike est stable hors séance après ses trimestriels. Boeing a obtenu sa plus grosse commande d'avions de l'année avec l'achat ferme de 100 B737 MAX par la compagnie low-cost turque Pegasus Airlines.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo égare 0,29% à la cloche, Hong Kong est à l’équilibre, Shanghai perd 0,06%, Séoul recule de 1,3% et le Nifty50 abandonne 0,95%. Le future SPX abandonne 15 points et l’Europe ouvre en recul de 0,8%.

 

L'actualité des marchés revient lundi 6 janvier, belles fêtes de fin d’année à toutes et tous.

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