Le cru boursier 2023 fut superbe, celui de 2024 est bien parti pour lui faire honneur. Cette fin d’année consacre une macro-économie américaine en grande forme, Jerome & Friends ont mis dame inflation à genoux (ou presque), les firmes américaines sont productives comme jamais, l’IA vient de remettre une buche dans la cheminée (merci Broadcom), les banques centrales sont pour la plupart colombes, Wall Street fait la fête hier à son meilleur ami Donald et la France a officiellement demandé le concours de Jacques Pradel, son premier ministre est toujours porté disparu.
Wall Street rend un peu de terrain hier, la tech fait une pause, quasiment aucun secteur de l’indice S&P500 (SPX) ne parvient à garder la tête hors de l’eau à la cloche, les biens de consommation de base mis à part. Le Dow Jones souffre encore de la faiblesse de United Health, qui abandonne encore 3,35%, les volumes d’échanges fondent comme neige artificielle au soleil, la fin d’année approche à grand pas et cela se voit sur les parquets de trading. La volatilité retrouve quelques couleurs, le VIX récupère 2,5% à 13,92 mais les véritables mouvements se font sur les monnaies et les rendements obligataires hier. Avant d’aborder le sujet, notons que le breadth du SPX (le nombre de titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) a été négatif dix séances consécutives. Cela ne s’est plus produit depuis la réouverture du marché américain des actions après les attentats du 11 septembre 2001. Pour mémoire la bourse n’avait rouvert que le 17 septembre, pour baisser jusqu’au 21 avant de rebondir. Le breadth était alors négatif, tout comme aujourd’hui sauf que ces jours les indices montent. Point besoin d’être prix Nobel de finance pour comprendre que ce sont les géants de la tech qui, plus que jamais, propulsent les actions américaines au firmament, ce n’est pas Broadcom qui contredira ce postulat ce matin.
Parlons-en de Broadcom, qui publie ses trimestriels après la clôture hier et bat aisément les attentes des analystes. L’essentiel est ailleurs et réside dans le communiqué de la firme qui s’attend à une hausse de 65% des ventes de ses produits d’intelligence artificielle au premier trimestre 2025. Et voilà, une nouvelle pièce dans le juke-box de l’intelligence artificielle, le future Nasdaq progresse déjà de 0,4% ce matin, jusqu’où cela ira-t-il? Personne ne le sait, en revanche l’adage «the trend is your friend» semble plus vrai que jamais.
Et ce n’est pas fini! Il se murmure dans les milieux autorisés que les conseillers de Donald Trump chercheraient à réduire l’influence des régulateurs bancaires. Chers ours, comment vous dire….
Les lignes bougent sur le front des monnaies. La bagarre de rue qui occupe le dollar et l’euro depuis quelques temps est en train de tourner en faveur du billet vert (you don’t say…). La paire traite ce matin à 1,0467, elle semble avoir cassé la zone de support de 1,0500 – 1,0497 et regarde désormais le prochain niveau de 1,0448. Si cela casse aussi, ensuite les cambistes se concentreront sur 1,0335, c’est le bas en séance du 22 novembre.
Au chapitre obligataire, cela évolue aussi pas mal, le rendement du 10 ans US remonte à 4,32%, la golden cross du 9 décembre semble fonctionner à plein régime, regardez 4,50% comme principale résistance.
Les banques centrales sont sur le pont en cette fin d’année. Cette semaine nous avons donc eu droit à la RBA (Australie) qui a maintenu son taux à 4,35%, c’était attendu. La banque du Canada a coupé de 50 points de base à 3,25%, la banque centrale du Brésil a relevé son taux de 1% à 12,25%, un chouia plus que le consensus ne prévoyait, la BNS a fait fort, on serait presque tenté d’ajouter «comme d’habitude», en coupant de 50 points de base alors que le marché penchait pour 25 bps. Enfin la BCE opte hier pour une baisse de 25 points de base, c’était prévu. Christine Lagarde s’engage plus ou moins à continuer sur cette voie colombe, les Fed Funds prédisent pour leur part 30 points de base lors de la prochaine réunion du 30 janvier.
Ça continue la semaine prochaine avec la banque d’Angleterre, la banque du Japon et la mère de toutes les banques centrales, la Fed le 18 décembre, le marché est convaincu à 96,4% qu’elle réduira son taux de 25 points de base.
Vous reprendrez bien un peu de Chine? Je sais, c’est systématiquement décevant mais que voulez-vous…et oui, on l’attendait de pied ferme, la conférence sur le travail économique accouche d’une souris, pas de chiffre mentionnée par le Politburo, on reste optimiste comme on peut mais, en l’état, Xi Jinping ne sort toujours pas le bazooka tant espéré par le marché (et par le secteur du luxe…).
Emmanuel Macron s'apprête à nommer un nouveau Premier ministre français aujourd'hui. Marine Le Pen semble déchainée, ça va être compliqué, qui donc sain d’esprit veut y aller? Trêve de plaisanterie, le spread OAT – Bund remonte ce matin à 77 points de base, le marché commence à tapoter sur la table. La nomination doit être annoncée ce matin, François Bayrou est reçu à l’Elysée, à suivre.
Au menu macro-économique du jour, le PIB mensuel britannique (sorti en-dessous des attente), la lecture finale de l'inflation française de novembre (en ligne et inchangée) et les prix à l'import US (14h30).
Galderma obtient le feu vert du CHMP pour le Nemolizumab contre la dermatite atopique et le prurigo nodulaire. Audi, la filiale de Volkswagen, arrêtera la production à Bruxelles d'ici le 28 février. Broadcom bondit de 14% hors séance après ses trimestriels. Costco Wholesale rejette presque toutes les propositions des routiers, selon leur syndicat.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,95%, Hong Kong baisse de 2,24%, Shanghai abandonne 2%, Séoul prend 0,5% et le Nifty50 grappille 0,29%. Le future SPX gagne 10 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. L’or évolue à 2683 dollars l’once, le pétrole à 70,35 dollars le baril de WTI Light Crude.