La caravane boursière ne ralentit pas son rythme effréné vers le ciel, portée comme jamais par l’espoir qu’un grand blond aux idées noires lui ouvre les portes du nirvana capitaliste.
Honneur aux anciens, le vénérable Dow Jones se hisse au-dessus des 45'000 points à la cloche, une première historique. Les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) ne se font pas prier pour faire de même, on commence à oublier à quoi ressemble un ours sur les parquets de trading Downtown Manhattan. 11e séance de hausse sur les 12 dernières journée de trading pour le SPX, une fois encore ce sont les géants de la tech qui font le travail, comme l’illustre le surplace effectuée par l’indice S&P500 équipondéré (SPW), l’armée refuse de monter sur la colline depuis quelques temps. Les semi-conducteurs et les logiciels passent une belle journée également, portés par des résultats trimestriels encourageants, notamment chez Salesforce, Marvel Technology et Pure Storage. On écoute attentivement les propos du patron de la Fed. Jerome Powell mentionne une économie américaine «dans une forme remarquable», ajoutant que les craintes liées au marché de l’emploi ont diminué. Le premier banquier du monde précise que la Réserve Fédérale des Etats-Unis peut se permettre de ralentir le rythme de ses baisses de taux, ce qui aurait immédiatement fait baisser un marché fragile mais le joyeux royaume des actions est passé de l’autre côté du miroir depuis le 5 novembre, il siphonne l’épargne du monde, Donald Trump est de retour, qui va régler tous les problèmes de la planète en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et même apprendre au petit Kylian à correctement tirer les pénaltys…
Contexte: la macro américaine se porte franchement bien, la micro c’est pareil, la banque centrale du pays va poursuivre son retour à une posture plus accommodante mais sans se presser, les gars tout va bien non? Ce d’autant qu’en Chine et en Europe ce n’est pas vraiment la foire du trône, alors d’un point de vue relatif également la place financière américaine, aujourd’hui plus que jamais, peut être résumée en un acronyme: TINA (There Is No Alternative). Attendez! Et la Corée du Sud alors? Well il y a trois jours peut-être, aujourd’hui pas vraiment. Et la Suisse? Qui se porte franchement bien d’un point de vue macro et pas trop mal d’un point de vue micro. Problème: le marché helvétique est peu doté en valeurs technologiques, sa monnaie est chère et il se trouve très près de Disneyland Paris, qui a quelques problèmes organisationnels et budgétaires à régler en ce moment. Les esprits taquins ajouteront que Nestlé se trouve en Suisse, ça c’est vraiment le genre de coup bas que votre serviteur ne se permettrait jamais…
On revient à Wall Street, où les indices clôturent au plus haut de la séance ou presque. Le SPX est en train d’entrer en territoire suracheté, il ne réagit pas systématiquement à ce genre de configuration mais c’est à suivre. Le NDX n’y est pas encore pour sa part, le Russell2000 (RTY) a ralenti le rythme depuis quelques séances, il marque une pause plutôt méritée, la volatilité récupère quelques miettes hier, le VIX monte de 1,13% à 13,45, il voit toujours son principal support à 10,62. Son pendant obligataire, le MOVE, perd encore 3,5% à 92,25, le marché obligataire est en mode détente totale ces jours. Le rendement du 10 ans US recule à 4,19%, il tente de casser sa moyenne mobile à 200 jours à la baisse, elle se situe actuellement à 4,20%. Prochain niveau à observer 4,17%, c’est la 50 jours. Rappelons au passage qu’une golden cross se profile à un horizon d’une semaine environ, grosse bagarre technique en vue sur le 10 ans US donc. Sur le front des monnaies, la paire EUR/USD tente une nouvelle fois hier de casser la zone 1,0500 – 1,0497 à la baisse, sans succès. Niveau actuel 1,0541, on garde un œil attentif dessus, le message de ce matin est probablement que le marché a intégré une partie du pataquès français dans ses prix, l’euro ne baisse pas plus et le spread OAT – Bund à 10 ans se stabilise à 83 points de base.
Transition toute trouvée vers la chute du gouvernement en France, actée hier, une première depuis 1962 et un sentiment général de champ de ruines ce jeudi matin 5 décembre. On se demande si ce n’est pas la cinquième république qui a été censurée hier. Le fossoyeur président Macron est de retour de ses vacances en Arabie Saoudite, il parle ce soir aux Français (on se réjouit) et devrait nommer une ou un premi(è)r(e) ministre fissa, on sait sa propension à prendre son temps mais là il n’a plus le choix, s’il tergiverse la vindicte, déjà générale, deviendra insupportable et sa démission sera exigée par tout un chacun, même si personne à part Brigitte ne peut le forcer à cela. Dans les faits, aucun gouvernent ne peut survivre jusqu’à la fin juin 2025 (date à la laquelle Emmanuel Macron pourra à nouveau utiliser sa valise d’apprenti politicien et dissoudre l’Assemblée National s’il le souhaite) sans un pouce levé de Marine Le Pen. Donc, dans les faits, le marché patiente et veut voir: 1) qui sera nommé à Matignon par le président, on saura cela probablement demain au plus tard. 2) ce qu’en dit Marine Le Pen. Ensuite le marché décidera s’il faut distribuer des baffes aux Gaulois ou pas.
Quoi qu’il en soit, l’Assemblée Nationale devrait valider une loi spéciale qui reconduirait le budget 2024 en 2025, cela a été confirmé par les différents groupes parlementaires hier. En clair, le déficit budgétaire de la France a encore de beaux jours devant lui, les travailleurs actifs verront leurs impôts augmenter, les retraités seront mieux traités et on pourrait bien naviguer à vue jusqu’en juillet. Le CAC40 ne recule plus depuis 5 séances, le marché demande à voir.
Au menu macro-économique du jour, on démarre avec le taux de chômage en Suisse (sorti à 2,6% en novembre contre 2,7% attendus et 2,5% en octobre), suivi des commandes d'usines en Allemagne (plus fortes que prévu) et de la production industrielle en France (plus faible qu’attendu). Plus tard, nous aurons les chiffres des ventes au détail de la zone euro (11h00). L'après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec les annonces sur les licenciements par Challenger (13h30) et les nouvelles demandes d'allocations-chômage ainsi que la balance commerciale (14h30).
UniCredit a jusqu'au mois de mars pour décider d'augmenter ou non le prix de l'offre pour Banco BPM. Kudelski dépose plainte aux Etats-Unis contre Pinterest. Avolta signe un contrat à l'aéroport international JFK à New York. L'homme qui a froidement exécuté hier à New York le CEO de la branche assurances de UnitedHealth court toujours. General Motors va prendre une charge de plus de 5 milliards de dollars pour ses activités en Chine. Apple a du mal à adapter l'IA de Baidu en Chine, selon Reuters. Meta va bâtir un centre de données de 10 milliards de dollars en Louisiane pour l'IA.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,3% à la cloche, Hong Kong rend 0,92%, Shanghai progresse de 0,13%, Séoul recule de 0,9% et le Nifty50 monte de 0,75%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,1%. L’or traite à 2644 dollars l’once et le pétrole ne parvient toujours pas à rebondir, le baril de WTI Light Crude évolue à 68,60 dollars.
Ayons une pensée émue pour la personne qui a réalisé la première transaction dans l’histoire du bitcoin. Elle avait à l’époque acheté deux pizzas en échange de 10'000 bitcoins, ce dernier vient de casser les 100'000 dollars après que Donald Trump a nommé Paul Atkins, défenseur des crypto-monnaies, à la tête de la SEC. Le premier qui se plaint du prix des pizzas à Genève va au coin…
L'actualité des marchés sera de retour lundi 9 décembre