Gonet: l'actualité des marchés au 16 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,20%, S&P 500 inchangé, Nasdaq +0,12%, Russell -0,60%, SOX +3,36%, Eurostoxx +0,05%, SMI -0,18%.

Heureusement que le père Noël existe, l’actualité financière de cette fin d’année est si chargée que s’occuper nous-même de nos cadeau de Noël semble une véritable chimère. Au menu décousu de cette deuxième partie de décembre, la France qui se fait tacler par Moody’s, le consommateur chinois toujours traqué par Jacques Pradel, l’exécutif allemand de plus en plus fragilisé, le vaudeville Sud-Coréen, l’ombre de Donald en approche de Downtown Manhattan, des statistiques macro-économiques américaines un chouia inflationnistes, Broadcom qui remet une pièce dans le juke-box de l’intelligence artificielle, Tesla qui a bien fait de voter Trump et l’annonce de la décision de la Fed sur ses taux ce mercredi.

La performance de Wall Street de la semaine passée illustre bien l’état d’esprit actuel des acteurs du marché. L’indice S&P500 (SPX) recule de 0,64%, le Nasdaq100 (NDX) gagne 0,73%, les rendements obligataires remontent fortement, le combat de rue qui oppose le dollar et l’euro ne faiblit pas, on se concentre sur un point précis dans les salles de marchés, la Fed et ce qu’elle annoncera mercredi soir. Le doute s’est installé dans les esprits, hormis pour le 18 décembre le marché est convaincu que Jerome Powell et ses collègues réduiront leur taux de 25 points de base (97,1% de probabilités) à cette occasion. Ensuite c’est le flou le plus total, il faut dire que le 20 janvier approche, date à laquelle Donald Trump sera officiellement président des Etats-Unis et devrait commencer à appliquer sa politique, jugée très inflationniste. C’est la principale raison du rebond des taux obligataires, le 10 ans US traitait encore à 3,59% le 17 septembre, il évolue ce matin à 4,38% et voit sa principale résistance à 4,50%. Le marché remet en question la capacité de la Fed à poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire en 2025, or on sait que les taux d’intérêts sont de loin la principale source d’inspiration des indices d’actions, avec un bémol pour le secteur de la tech, qui évolue actuellement sur la planète IA.

À ce propos, la séance de vendredi est marquée par le décollage de l’action Broadcom, qui s’envole de 18% après que la société a déclaré que la demande croissante pour ses puces d'intelligence artificielle est à l'origine d'un boom de ses activités. La société annonce un bénéfice au quatrième trimestre supérieur aux estimations des analystes et indique que son chiffre d'affaires dans le domaine de l'IA a augmenté de 220% au cours de l'année pour atteindre 12,2 milliards de dollars. Le CEO de Broadcom, Hock Tan, déclare que l'essor de l'IA devrait se poursuivre pour l'entreprise, qui développe des puces d'IA personnalisées pour les entreprises de cloud hyperscaler. «Nous voyons une opportunité pour les trois prochaines années dans le domaine de l'IA», précise M. Tan lors de la conférence téléphonique sur les résultats de son entreprise. En clair, Broadcom vient de remettre une pièce de 5 francs dans le juke-box de l’IA, qui commençait à ralentir le rythme, tout un chacun se demandant quand et comment le «pognon de dingue» investi dans l’IA allait commencer à faire des petits. Nous verrons donc cela plus tard, tout va bien c’est Broadcom qui le dit, on peut continuer d’acheter tout ce qui a trait de près ou de loin à la tech, l’âme financière en paix. En parallèle et en toute logique, l’action Tesla ne s’arrête plus, depuis le 5 novembre elle a progressé de 74%, l’effet Trump au premier plan donc, ça laisse songeur…

Notons que l’indice S&P500 équipondéré (SPW) recule de 0,38% vendredi et que le NDX réalise un nouveau record historique à la cloche, sans toutefois entrer en territoire suracheté. Sur le front des petites capitalisations, c’est un peu moins «fun» la semaine passée, le Russell2000 (RTY) égare 2,6%, il semble tellement moins glamour que la tech ces temps et les rendements obligataires en hausse, couplés aux attentes nettement moins convaincues de nombreuses baisses de taux par la Fed l’an prochain, le tiennent en respect. La volatilité recule un chouia, le VIX perd 1%, tandis que le MOVE progresse de 3,6%, ça se tend légèrement dans le marché obligataire. Au chapitre des monnaies, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0518, le dollar a récemment tenté plusieurs fois de mettre l’euro KO mais la zone de support 1,0500 – 1,0497 tient toujours, on arrive lentement mais surement à la phase «pas de prisonniers», si cette zone est cassée on regardera ensuite 1,0448.

C’est sans grande surprise que l’agence Moody’s abaisse vendredi soir de Aa2 à Aa3 les notes d’émetteur à long terme de la France, assorties désormais d’une perspective stable. Moody’s indique que: «Les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies au cours des prochaines années. En effet, la fragmentation politique est plus susceptible d'empêcher un assainissement budgétaire significatif, ce qui s'écarte du scénario de base… la probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l'ampleur des déficits budgétaires au-delà de l'année prochaine est désormais très faible. Par conséquent, nous prévoyons que les finances publiques de la France seront sensiblement plus faibles au cours des trois prochaines années par rapport à notre scénario de base.» Un affectueux message de bienvenue à l’attention de François Bayrou donc, et le spread OAT-Bund de s’écarter à 80 points de base, Liz Truss doit pouffer…

En Chine la situation n’est guère meilleure, les statistiques macro publiées cette nuit font état de ventes au détail plus faibles que prévu et entrainent les actions asiatiques à la baisse. L'indice CSI 300 recule pour la deuxième journée consécutive et le rendement des obligations souveraines à 10 ans atteint un nouveau plancher. La croissance des ventes au détail en Chine s'est ralentie de manière inattendue à 3% en novembre, soulignant l'urgence pour Pékin d'encourager davantage les résidents à dépenser. La production industrielle progresse conformément aux estimations. La faiblesse persistante de l'activité souligne la nécessité d'un soutien politique accru, selon Bloomberg Economics.

En Allemagne Olaf Scholz se soumettra aujourd'hui à un vote de confiance parlementaire qui devrait provoquer des élections anticipées le 23 février. L'économie allemande  s'effondre au moment où l'Europe en a le plus besoin.

Coucou qui revoilà! Le pétrole rebondit cette semaine (+3,8%) malgré des vents contraires persistants (révision à la baisse des prévisions de croissance de la demande mondiale par l’OPEP, l’agence internationale de l’énergie prévoit une hausse de l’offre mondiale supérieure à celle de la demande l’an prochain). En revanche les nouvelles sanctions envisagées par l’administration Biden à l’encontre de la Russie le supportent. Le baril de WTI Light Crude à 71 dollars ce matin.

L’or recule légèrement la semaine passée, compliqué pour la relique barbare de progresser aux côtés d’un dollar fort et de rendements obligataires en hausse, cours actuel 2656 dollars, la 50 jours évolue en ce moment à 2670 dollars, à suivre.

Au menu macro-économique du jour, les indicateurs PMI avancés des grandes économies pour le mois de décembre seront publiés tout au long de la journée. On suivra par ailleurs l'indice Empire State aux Etats-Unis à 14h30. 

Unicredit dépose officiellement son offre sur Banco BPM. Banco BPM envisagerait de relever ses objectifs financiers ou de s'associer à Banca Monte dei Paschi pour repousser une tentative de rachat. Le gouvernement britannique a approuvé l'acquisition par le milliardaire tchèque Daniel Křetínský d'International Distribution Services, la société mère de Royal Mail, pour un montant de 5,3 milliards de livres. Kudelski touché par une escroquerie à plusieurs millions de francs. Palantir, MicroStrategy et Axon vont rejoindre le Nasdaq 100. Illumina, Super Micro Computer et Moderna en font les frais. Meta demande au procureur général de Californie d'empêcher OpenAI de devenir une entreprise à but lucratif, selon le WSJ. Tim Cook, CEO d'Apple, rencontrera Donald Trump vendredi. Tesla augmente les prix de ses Model S de 5000 USD aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo égare 0,03% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,88%, Shanghai perd 0,16%, Séoul recule de 0,22% et le Nifty50 baisse de 0,49%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.

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