Les devises des grands pays exportateurs de matières premières étaient conquérantes, jeudi, poussées par la perspective d’un plan de relance budgétaire en Chine.
Vers 17H40 GMT, le dollar australien progressait de 1,02% par rapport au billet vert, à 1,4507 dollar «aussie» pour un «buck», un surnom de la devise des Etats-Unis. Il était proche de son plus bas de 19 mois atteint mercredi.
L’Australie est le premier exportateur mondial de minerai de fer et un producteur majeur d’or et d’aluminium. C’est aussi le quatrième partenaire commercial de la Chine.
Jeudi, le Bureau politique du Parti communiste a réaffirmé l’objectif de 5% de croissance en 2024 de la Chine et promis des mesures de soutien budgétaire pour relancer la consommation et stabiliser le secteur immobilier du pays.
Ces déclarations, relayées par l’agence Chine nouvelle, constituent une nouvelle salve d’annonces pour stimuler l’activité après celles, en deux vagues, de la banque centrale de Chine (PBoC), mardi et mercredi.
«Ce qui est particulièrement intéressant» dans les déclarations des dirigeants chinois, «c’est qu’il ne s’agit plus seulement d’injecter des liquidités ou de libérer des capitaux propres des banques (pour prêter) mais de mesures budgétaires», a commenté Christopher Vecchio, de Tastylive.
En augmentant les dépenses publiques, souligne l’analyste, le gouvernement peut doper consommation et investissement. «Et c’est cela le vrai problème en Chine», dit-il. «La demande n’est pas là.»
«Les mesures de relance plus importantes en Chine et les anticipations de nouvelles baisses de taux de la Fed (banque centrale américaine) jouent pour les actifs à risques», ont souligné les analystes de Brown Brothers Harriman.
Outre le dollar australien, étaient aussi en verve le réal brésilien et le rand sud-africain, deux autres devises appuyées sur des économies riches en matières premières..
Quant au dollar néo-zélandais et au won sud-coréen, ils bénéficiaient de liens commerciaux privilégiés de ces pays avec la Chine.
«A court terme, c’est un coup de pouce de la Chine à l’achat d’actifs» sur les marchés, qu’il s’agisse des métaux comme l’or ou le cuivre, des actions ou des monnaies considérées comme volatiles, explique Christpher Vecchio.
Il rappelle néanmoins que la Chine a déjà mené, sans succès tangible, plusieurs offensives pour relancer son économie depuis deux ans qu’elle cherche à rebondir après la pandémie de coronavirus.
«Ça tient deux ou trois mois, mais si les indicateurs macroéconomiques ne suivent pas, on rechute», rappelle-t-il.
Bien que les mécanismes que la Chine va mettre en oeuvre soient tous théoriquement négatifs pour sa devise, la PBoC continue d’orienter le yuan vers le haut.
Jeudi, il a frôlé le seuil symbolique de 7 yuans pour un dollar, qu’il n’a plus franchi depuis 16 mois.
Pour Christopher Vecchio, cette appréciation peut s’expliquer, outre l’intervention de la banque centrale, par la perception selon laquelle la Chine est prête à se redresser, une économie en croissance poussant généralement la devise d’un pays vers le haut.