Le scénario de l’atterrissage en douceur, dont il a tellement été question, semble de plus en plus probable - et les marchés sont ravis de cette perspective. La Réserve fédérale américaine (Fed) a fait preuve d’audace en réduisant ses taux directeurs de 50 points de base (pb), ce qui a fait bondir les marchés boursiers, qui ont parfois atteint des niveaux records. Les marchés obligataires continuent d’anticiper une baisse des taux intervenant au cours de l’année prochaine. A la fin de l’année, les rendements obligataires ne seront peut-être pas aussi élevés qu’ils l’ont été au troisième trimestre, mais les actions semblent être sur une bonne voie pour le reste de l’année 2024. De façon générale, les actions ont tendance à bien se comporter au cours du dernier trimestre de l’année, bien que les performances passées ne garantissent pas les rendements à venir, et en cette fin d’année, ce sont les incertitudes électorales qui s’invitent dans la partie. Des taux plus bas, la bataille de l’inflation gagnée, une croissance qui reste positive... qu’est-ce qui pourrait encore mal tourner?
Beau boulot
La Fed a accompli un travail vraiment formidable. Le 18 septembre, elle a pris la décision tout à fait justifiée d’abaisser les taux d’intérêt de 50 points de base et n’a par ailleurs rien entrepris qui pourrait faire vaciller les attentes qui prévoient une trajectoire vers des taux d’intérêt neutres en 2025. Cette démarche a permis aux rendements obligataires de baisser sur l’ensemble de la courbe, tout en restant bien au-dessus des niveaux qui prévalaient avant 2022. Pour les investisseurs en crédit, c’est une évolution positive. Durant l’été, nous avons connu des rendements spectaculaires, et ceux des titres à revenu fixe restent très intéressants. Dans les mois à venir, ils devraient encore gagner en attractivité par rapport aux liquidités. Enfin, le recul de l’inflation et la diminution entamée des coûts d’emprunt créeront un environnement plus stable pour les consommateurs et les entreprises. Bravo!
Marchés efficaces
Les prix du marché doivent traduire la probabilité pondérée de toutes les futures évolutions potentielles prises en compte par anticipation. Cela n’empêchera toutefois jamais les points de vue divergents et les chocs produits par les données économiques. Si les investisseurs ont des attentes différentes en matière d’inflation ou de croissance, et donc d’évolution des taux d’intérêt, le marché leur donne de nombreuses occasions d’exprimer leur point de vue respectif. Ceux qui estiment que la Fed est trop optimiste quant à la trajectoire de l’inflation, et que la banque centrale américaine ne sera finalement pas capable d’abaisser ses taux dans la mesure prévue, s’attendront par conséquent à ce que les marchés finissent par intégrer des taux plus élevés. Nous ne connaissons pas le degré de probabilité de changements brusques survenant dans le sentiment du marché, ou de données économiques s’avérant finalement erronées ou, indubitablement, des conséquences qu’auront les prochaines élections américaines. Mais si les marchés sont rationnels, les prix intégrés aujourd’hui sont ce que les perspectives peuvent offrir de mieux. Vouloir miser sur autre chose pourrait se faire à ses risques et périls.
C’est bon pour les titres obligataires
Les marchés ont apprécié l’intervention de la Fed sur les taux directeurs. Bien que les rendements n’aient pas beaucoup bougé après l’annonce de la nouvelle, ils se sont bien comportés avant la prise de décision. Sur l’ensemble de la courbe du Trésor américain, les rendements sont inférieurs à ceux du début du mois de septembre. Pour le taux des fonds fédéraux, le niveau implicite de fin d’année est également plus bas, soit de 20 pb. Les revenus des obligations étrangères sont également en baisse. Les marchés d’actions ont également beaucoup aimé l’intervention de la Fed. Pourquoi pas, après tout? L’assouplissement de la politique monétaire reflète une préoccupation moins grande par rapport à l’inflation, et des taux plus bas rendent un ralentissement économique important moins probable. Les coûts d’emprunt sont en baisse sur le marché hypothécaire américain. Aux Etats-Unis, le taux hypothécaire national moyen à 30 ans s’est éloigné d’un point culminant à 8% en octobre dernier pour redescendre à environ 6,5% aujourd’hui, selon Bankrate.com. De possibles nouvelles baisses de taux auront un effet stimulant sur les activités de réhypothèque et les acquisitions de logements. Ce sont de bonnes perspectives pour les dépenses de consommation. Et, pour reprendre un commentaire de la semaine dernière, les coûts de financement des entreprises sont en baisse.
C’est bon pour les actions
La plupart des investisseurs devraient être plus heureux de détenir des actions de croissance, maintenant que les taux d’intérêt se rapprochent de 3%, plutôt que lorsque ceux-ci risquaient d’atteindre la barre de 6%, et surtout maintenant que l’inflation poursuit sa descente vers le niveau visé, plutôt que de sembler vouloir se maintenir dans une fourchette aux valeurs inhabituellement élevées. Il vaut mieux détenir des actions lorsque les analystes révisent à la hausse leurs prévisions de bénéfices par action que lorsque des hausses de taux telles qu’elles font craindre une récession les obligent à fortement revoir leurs prévisions à la baisse, comme ce fut le cas en 2022. A l’étranger, l’optimisme est de retour et les marchés boursiers atteignent de nouveaux sommets. L’engouement frénétique pour l’intelligence artificielle (IA) est peut-être quelque peu retombé, mais la révolution est en marche, et il ne faut pas exclure les surprises positives en termes de bénéfices des entreprises technologiques au troisième trimestre, voire jusqu’en 2025.
Cadre stable
Ne vous attaquez pas à la Fed. Elle est incroyablement importante et, du moins selon moi, elle prend les bonnes décisions. Elle oriente les marchés vers un niveau d’équilibre des taux d’intérêt différent de celui qui avait été nécessaire dans les années qui suivirent la crise financière mondiale de 2008. Ceux qui pensaient qu’elle allait perdre le contrôle de l’inflation se sont trompés. Il est probablement tout aussi faux de croire qu’elle perdra prise sur la croissance. Il est important de reconnaître l’importance de la Fed, surtout en périodes de volatilité. Et de la volatilité, il y en aura - sans doute en lien avec l’élection présidentielle américaine et ses conséquences, ainsi qu’avec les événements géopolitiques qui se déroulent actuellement. Mais pour les investisseurs procédant sur une longue durée, il est particulièrement important de pouvoir compter sur un cadre monétaire solide : des objectifs axés sur le long terme et qu’il ne faut guère ajuster (faible inflation et faible taux de chômage) constituent une feuille de route fiable du chemin qui déterminera l’évolution des taux d’intérêt mondiaux.
Tendances robustes
Je recommande également de ne pas s’opposer à la technologie. Le monde a fondamentalement changé au cours des 50 dernières années, et la numérisation y a joué un très grand rôle. Il continuera d’évoluer à mesure que l’augmentation de la puissance de calcul et de l’IA permettra de réaliser des gains de productivité encore plus importants. Je ne me risquerais pas non plus à lutter contre la révolution verte. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur le changement climatique (et la plupart des gens ne sont pas qualifiés pour émettre un avis réellement digne d’intérêt à ce sujet): disposer de la possibilité d’électrifier des volumes croissants d’activités économiques à l’aide de sources d’énergie renouvelables, dont les coûts financiers, environnementaux et sociaux sont désormais nettement inférieurs à ceux des sources reposant sur les combustibles fossiles, est incontestablement une bonne chose. Des coûts moins élevés, une décentralisation plus avancée et une plus grande indépendance vis-à-vis du complexe industriel politico-énergétique permettront d’accroître les investissements, de modifier les schémas commerciaux, de réduire les conflits et d’offrir davantage de possibilités aux pays et aux régions souffrant d’une pénurie d’énergie.
Optimisme ou illusion?
Nous sommes à l’aube d’un âge d’or potentiel, caractérisé par des conditions macroéconomiques plus stables, une abondance d’énergie propre et peu coûteuse, ainsi qu’une technologie susceptible de contribuer à l’amélioration du niveau de vie de milliards de personnes. Les forces en action sont puissantes parce qu’elles obéissent à une logique économique. Cela veut dire qu’elles devraient être en mesure d’offrir des possibilités d’investissement sur le long terme. Bien entendu, les choses peuvent toujours prendre une mauvaise tournure. Il existe bon nombre de Cassandre qui ne se lassent pas d’annoncer la Troisième Guerre mondiale, un désastre environnemental, une bombe à retardement démographique et une fracture politique qui met en péril la cohésion sociale dans de nombreux pays. Certaines de ces peurs peuvent, à l’occasion, affecter les marchés. Mais il n’est pas facile de déterminer un taux de probabilité pour les scénarios qui recèlent le potentiel de profondément miner les rendements du marché. Certains risques pourraient se cristalliser après les élections américaines du 5 novembre, mais leur issue est encore incertaine. Le mieux est d’affronter le péril lorsqu’il se présente, ou comme j’aime à le dire: «Ne vous inquiétez pas pour des choses sur lesquelles vous n’avez aucune emprise.»
Couvrez-vous, si ça vous chante
Il faudra que bon nombre de conditions soient réunies pour modifier fondamentalement le profil de taux intégré actuellement par les marchés. Le principal événement pouvant déclencher un tel changement serait que l’inflation réagisse rapidement à l’assouplissement (jusqu’ici) modeste de la politique monétaire. Or, les marchés et la plupart des prévisions économiques ne tablent pas sur une telle éventualité. Se prémunir contre l’inflation peut donc se faire à relativement bons frais, avec des swaps d’inflation américains à cinq ans se situant à 2,3%. Ce marché mérite d’être surveillé, car si les élections américaines débouchent sur l’adoption de mesures politiques plus inflationnistes, les taux de swap commenceront à prendre l’ascenseur, tout comme les attentes concernant les taux d’intérêt. Dans le cas contraire, le marché haussier pourrait se prolonger jusqu’à l’année prochaine.
Des buts à profusion
Dix buts marqués dans les deux derniers matches, ça mérite en tous les cas d’être fêté. Le fait que cet exploit ait été réalisé par Manchester United contre Southampton, qui vient de réintégrer la Premier League, et Barnsley, un club de la ligue inférieure, n’enlève rien à ce succès, à mes yeux. Les victoires donnent confiance, et United en aura certainement besoin pour son prochain déplacement sur les lieux d’une (piteuse) défaite 4-0, subie contre Crystal Palace à la fin de la saison dernière. Le travail effectué sur les points faibles de l’équipe commence progressivement à porter ses fruits, et le joueur uruguayen Manuel Ugarte semble être un grand renfort pour le milieu de terrain. J’espère que ce sont de bonnes nouvelles qui me parviendront du sud de Londres ce week-end.