USA: un algorithme accusé de fausser la concurrence sur le marché immobilier locatif

AWP/AFP

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«La plateforme RealPage remplace la concurrence entre propriétaires par la coordination», et «ce sont les locataires qui en payent le prix», déplore une membre du Ministère de la justice américain.

Le gouvernement américain a annoncé vendredi le lancement d’une procédure civile contre une plateforme logicielle accusée de limiter, grâce à un algorithme, la concurrence entre propriétaires bailleurs.

Selon le Ministère de la justice américain, RealPage mutualise les données de nombreux bailleurs et leur permet d’avoir un bon aperçu de l’état du marché et des pratiques de leurs concurrents.

Grâce à son algorithme, le logiciel YieldStar suggère notamment des montants pour permettre aux sociétés de gestion locative de fixer les loyers de leurs biens.

Sans cette plateforme, «ils n’auraient pas accès à ces informations», a souligné, lors d’un point de presse téléphonique, Doha Mekki, de la division de la concurrence au sein du ministère de la Justice.

Selon elle, ces pratiques empêchent dès lors «la concurrence indépendante sur les loyers et d’autres aspects. (...). RealPage remplace la concurrence par la coordination», et «ce sont les locataires qui en payent le prix».

«RealPage sait bien ce qu’il fait», a martelé le ministre de la Justice, Merick Garland, lors d’une conférence de presse, au sujet des pratiques potentiellement anticoncurrentielles de la société.

L’assignation a été déposée devant un tribunal fédéral de Caroline du Nord, au terme d’une enquête de près de deux ans.

Parmi les éléments à charge, le ministère cite des propos tenus par les dirigeants de RealPage, qui mettent en avant le fait qu’»il est mieux de voir tout le monde réussir plutôt que se concurrencer les uns les autres d’une manière qui pénalise toute l’industrie».

Le gouvernement américain a indiqué ne pas écarter de possibles poursuites de bailleurs à un stade ultérieur.

«Le marché doit être dicté par une compétition saine entre bailleurs», a plaidé Lisa Monaco, adjointe de Merrick Garland. «Les algorithmes ne fonctionnent pas dans une zone de non-droit.»

«Entraîner un logiciel pour lui faire enfreindre la loi, cela revient bien à enfreindre la loi», a-t-elle insisté.

Depuis l’investiture de Joe Biden, le gouvernement s’est montré beaucoup plus offensif sur le plan du droit de la concurrence que ses prédécesseurs.

Le ministère de la Justice américain a récemment obtenu un jugement favorable contre Google et est aussi parvenu à contrecarrer plusieurs rapprochements, notamment entre les compagnies aériennes Spirit et JetBlue ou entre les éditeurs Penguin Random House et Simon & Schuster.

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