La Bourse de Tokyo a terminé en nette baisse jeudi, plombée par la remontée du yen et la déroute des valeurs technologiques à Wall Street sur fond de déclarations ravivant les craintes de tensions avec la Chine, où les places étaient en légère progression.
L’indice vedette Nikkei de la capitale nippone a perdu 2,36% à 40’126,35 points et l’indice élargi Topix a lâché 1,6% à 2868,63 points.
Le marché japonais a été marqué par des ordres à la vente «à la suite de la chute des grandes valeurs technologiques américaines», a commenté Shutaro Yasuda du Tokai Tokyo Intelligence Lab.
«Tandis que le Dow Jones a atteint un niveau record, le Nasdaq, à forte composante technologique, a été ébranlé par les tensions géopolitiques et l’évolution des attentes économiques», a souligné Stephen Innes de SPI Asset Management.
«Alors que le marché s’ajuste, les investisseurs surveilleront de près les prochains mouvements dans ce jeu d’échecs financier aux enjeux considérables», a-t-il ajouté.
A Hong Kong, l’indice Hang Seng était en hausse de 0,4% vers 08H00.
De son côté, l’indice composite de Shanghai montait de 0,2% et celui de Shenzhen grappillait 0,05% alors que se clôture jeudi à Pékin une réunion cruciale pour l’économie organisée par le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.
Les valeurs technologiques ont été battues en brèche mercredi à New York, le secteur des semi-conducteurs souffrant en particulier de déclarations de Donald Trump et de craintes de restrictions renforcées par l’administration Biden.
Le candidat républicain a ainsi estimé, dans un entretien au magazine Bloomberg Businessweek, que Taïwan «devrait payer pour être protégé» de la Chine par les Etats-Unis, faisant chuter le titre du géant taïwanais des puces TSMC et entraînant d’autres champions américains.
Frayeur sur les semi-conducteurs
L’agence Bloomberg a par ailleurs rapporté que le gouvernement Biden envisageait de renforcer encore les restrictions aux exportations de puces vers la Chine, ce qui avait déjà fait chuter les valeurs nippones du secteur mercredi.
Jeudi, l’hécatombe s’est poursuivie, Tokyo Electron dévissant de 8,7%, Screen Holdings de 8,4% et Disco Corp., dont les résultats sont attendus jeudi, de 8,8%.
Le géant nippon des investissements dans les nouvelles technologies SoftBank Group a lui chuté de 6,1%.
Les déboires des indices tokyoïtes sont aussi venus d’une forte appréciation du yen la veille face au dollar, là aussi due en partie à des déclarations de Trump selon lesquelles les Etats-Unis avaient «un gros problème de devises» et que «la force du dollar handicapait la compétitivité américaine».
La devise nippone avait également été soutenue par des propos du ministre japonais du Numérique Kono Taro, qui a déclaré que la Banque du Japon (BoJ) devrait monter ses taux pour soutenir sa monnaie.
Par ailleurs, «les marchés intègrent un début de réduction de taux de la Fed dès septembre, et les risques de dénouement du +carry trade+ augmentent à mesure que les écarts de rendements se réduisent» entre Fed et BoJ, a souligné une note de Saxo Bank.
La pratique du carry trade consiste à emprunter de l’argent dans une monnaie dont la banque centrale pratique des taux faibles pour l’investir dans une devise adossée à un pays ou une zone monétaire où les rendements sont élevés.
Après avoir chuté la veille, le billet vert remontait à 156,09 yens vers 08H10, contre 155,73 yens mercredi à 23H00.
L’euro progressait aussi, à 170,68 yens contre 170,35 yens la veille, et valait 1,0935 dollar contre 1,0939 dollar mercredi.
Les cours du pétrole montaient: vers 08H00, le baril de WTI américain gagnait 0,68% à 83,41 dollars et celui de Brent de la mer du Nord prenait 0,43% à 85,45 dollars.