Le yen a connu un nouveau trou d’air, jeudi, au point de se rapprocher des seuils qui avaient déclenché une intervention des autorités japonaises, fin avril et début mai, pour soutenir la devise.

Vers 19H55 GMT, la monnaie nippone abandonnait 0,50% face au billet vert, à 158,91 yens pour un dollar. Plus tôt, soit le deuxième plus bas atteint depuis 34 ans, après le creux du 29 avril.

Ce décrochage intervient alors même que, mardi, le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Kazuo Ueda, a déclaré, lors d’une audition au Parlement, qu’il y avait «de bonnes chances que le taux directeur soit relevé» lors de la prochaine réunion de l’institution, les 30 et 31 juillet.

Mi-mars, la BoJ avait remonté ce taux de -0,1% à une fourchette comprise entre 0 et 0,1%, procédant ainsi à sa première hausse depuis 17 ans.

La Banque du Japon a maintenu ce taux inchangé à l’issue de sa dernière réunion, vendredi, mais a annoncé qu’elle allait réduire ses achats massifs d’obligations publiques, renvoyant à juillet la publication d’un calendrier précis.

Un ralentissement des achats d’obligations d’Etat est considéré comme une étape supplémentaire vers la normalisation de la politique monétaire du Japon, ultra-accommodante depuis 2013.

Pour les analystes de Brown Brothers Harriman, l’indice des prix du mois de mai, attendu vendredi, «va guider les décisions de politique monétaire de la BoJ».

Les économistes tablent sur une accélération de l’indice de base, hors produits frais, à 2,6% sur un an, contre 2,2% en avril.

Les analystes de JPMorgan s’attendent à des pressions inflationnistes importantes au second semestre de cette année. Ils voient la BoJ porter son taux directeur à 0,5% d’ici fin 2024.

Mais pour Adam Button, de ForexLive, «le marché a du mal à trouver des raisons de s’inquiéter de l’inflation», les prix ralentissant dans la plupart des économies les plus avancées.

«Donc la perspective de hausses de taux agressives de la Banque du Japon va vraiment contre la tendance générale», plaide-t-il pour expliquer la dégringolade du yen.

Pour l’analyste, les cambistes pourraient néanmoins se montrer «hésitants» à l’idée de pousser la monnaie japonaise au-delà de 160 yens, seuil qui avait déclenché une intervention des autorités.

Fin mai, le ministère des Finances avait révélé que le Japon avait débloqué environ 62 milliards de dollars entre fin avril et fin mai pour soutenir sa devise.